Le collectif demande toujours un moratoire des travaux notamment au regard d’un nouvel avis de la Mission régionale d’autorité environnementale et d’une nouvelle enquête d’utilité publique partielle. Le projet de déviation Jargeau-Saint Denis de l’Hôtel est toujours sous le coup de plusieurs recours.
Par Jean-Jacques Talpin
Responsables de la Loire Vivra. Photo Magcentre
« Aujourd’hui le coût de la déviation dépasse les 100 millions d’euros. Si demain la justice nous donne raison la note avec la démolition de l’ouvrage pourrait atteindre 150 millions pour les contribuables du Loiret ». Julien Larère Genevoix porte-parole de la coordination la Loire Vivra est persuadé que la justice lui donnera raison et annulera ce projet « inutile et illégal ». Plusieurs recours sont d’ailleurs en instance, un devant le tribunal administratif d’Orléans, deux devant les cours administratives d’appel de Nantes et Versailles. Et si la coordination n’obtenait pas satisfaction, le conseil d’État statuerait en dernier ressort mais pas avant de nombreuses années. La détermination des opposants à la déviation et au pont sur la Loire est d’autant plus forte qu’ils se sentent confortés avec l’avis rendu le 10 décembre par la « Mission régionale d’autorité environnementale Centre-Val de Loire » qui vient supplanter un précédent rapport de la Direction régionale de l ’Environnement dont l’indépendance était mise en cause.
« Projet de l’ancien monde »
Le nouveau rapport de la MRAE souffle le chaud et le froid pour les opposants. Le froid en affirmant : « malgré quelques lacunes, l’état initial (du projet) est complet et proportionné aux différents enjeux, l’analyse des incidences est pertinente et la mise en œuvre de la séquence Éviter– Réduire-Compenser permet une véritable prise en compte des enjeux environnementaux sur le secteur ». Mais le chaud aussi en écrivant : « au vu de l’envergure du projet et de son coût pour les générations futures, l’autorité environnementale recommande au conseil départemental, en lien avec l’autorité organisatrice des mobilités, de justifier ses choix stratégiques en termes de mobilité, à travers une analyse d’ensemble de la situation et des priorités à l’échelle du département et à un horizon 2050, voire au-delà), en recherchant des solutions adaptées aux crises climatiques anticipées ». « C’est un projet de l’ancien monde poursuit Julien Larère Genevoix puisque la MRAE écrit également : « l’origine ancienne du projet se reflète dans sa conception d’un développement inéluctable du transport routier sur le territoire. Bien qu’il s’agisse de répondre à des problématiques actuelles de congestion sur la RD 921, le projet ne fera qu’encourager l’usage des véhicules individuels motorisés et la circulation des poids lourds »
« Projet inutile, dangereux et illégal »
La coordination note d’ailleurs que la déviation représente déjà un appel d’air pour des projets industriels et l’aménagement de zones d’activités (extension de LSDH et du Groupe Mars, développement de l’aérodrome, etc.).
A la suite de ce rapport, non contraignant pour le conseil départemental qui poursuit les travaux sur le site, une nouvelle enquête publique partielle « loi sur l’eau » est ouverte jusqu’au 20 février. Loire Vivra mais aussi Mardiéval que représente Thierry Soler vont profiter de cette enquête pour se mobiliser sur le terrain, rencontrer des riverains et informer. Le collectif dénonce en effet le « mépris souverain » exprimé à leur égard par le conseil départemental et le non-écho à une demande de moratoire des travaux déposé à l’automne. Coordination, association et riverains demandent donc plus que jamais ce moratoire : « l’enjeu est considérable, on peut prendre le temps d’attendre les décisions de justice pour aller plus loin dans la réalisation de ce projet inutile, dangereux et illégal ».