Le conseil communautaire de l’agglomération orléanaise a adopté jeudi soir son budget 2022 ainsi que son plan prévisionnel d’investissements (PPI) pour la période 2021-2026. Face à une situation financière difficile, les projets initiaux ont été révisés, revus à la baisse ou supprimés ce qui mécontente nombre de communes. Et cela malgré un maintien de la fiscalité à son niveau actuel.
Par Jean-Jacques Talpin
Serge Grouard le sauveur ? Souvent victime de commentaires malveillants, le maire-président de la Métropole est-il l’homme providentiel qui va sauver la Métropole?.. et qui a réussi jeudi soir à faire voter son budget primitif 2022 et son PPI (Plan prévisionnel d’investissements) riche de près d’un milliard d’euros de projets. Il y a quelques semaines l’attelage improbable conduit par le socialiste Christophe Chaillou prévoyait une « hausse substantielle » des impôts tant pour les ménages (+35%) que pour les entreprises (+17%), perspective inenvisageable pour le maire d’Orléans qui, appuyé par l’ancien rebelle Matthieu Schlésinger (maire d’Olivet), a réussi un putsch en douceur pour déboulonner le président socialiste squatteur du siège présidentiel. « Si nous avions laissé faire, explique Serge Grouard, l’épargne nette aurait été négative dés 2024 tandis que la dette aurait dépassé le milliard en 2026, c’était inacceptable et illégal. »
Pas de hausse d’impôts !
Le nouvel exécutif a donc remis l’ouvrage sur le métier pour préparer et un budget et un PPI avec un impératif : ne pas augmenter les impôts. « L’objectif a été atteint, se réjouit Matthieu Schlésinger désormais premier vice-président de la Métropole (en attente de monter sur la marche supérieure), la trajectoire a été définie. » En clair : des coupes drastiques permettront de tenir les objectifs. Le budget 2022 atteint ainsi 511 millions contre 567 un an plus tôt, et cela sans rogner sur le montant des investissements (108 millions). Objectif atteint aussi avec la stabilisation de la pression fiscale sur les ménages alors que les entreprises verront une légère hausse du versement mobilité qui finance les transports (le taux passe de 1,8 à 2%). Le PPI, quant à lui, dépassera les 720 millions d’euros à engager d’ici à 2026 (et 330 millions supplémentaires pour les budgets annexes) alors qu’une première esquisse tablait sur 983 millions et que le recensement des besoins des communes allait largement au-delà du milliard. Les coupes ont été multiples avec de nombreux projets de voirie reportés à une hypothétique « clause de revoyure » en 2023. Ce PPI est notamment entravé par la charge des projets en cours avec 390 millions engagés pour des projets comme CO’Met ou l’université.
Cap sur la production d’énergie
Budget et PPI traduisent aussi une inversion des priorités : certes les grands projets d’équipements sont maintenus comme CO’Met, l’université à Porte Madeleine ou l’achat de nouveaux bus hybrides. Mais la Métropole veut désormais engager sa « révolution énergétique ». C’est ainsi qu’une politique publique riche de 40 millions d’euros va être définie pour produire sa propre énergie renouvelable reposant en grande partie sur le photovoltaïque. De même 10 millions vont être engagés pour l’isolation énergétique des logements. Évidemment ces coupes drastiques ne font pas que des heureux : les maires de Fleury, Chécy, Chanteau, Bou, Saint-Jean-de-Braye, Saint-Jean-de-la-Ruelle notamment, n’ont pas manqué de critiquer les choix, les coupes et les reports de projets qui vont pénaliser leurs communes. Et cela tout en soulignant qu’Orléans s’en sortait plutôt bien. Il est vrai que Serge Grouard a réussi son pari d’inclure dans le PPI et dans le budget des projets qui étaient au cœur de sa campagne électorale municipale comme la production d’énergie (il parlait de ferme solaire aux Groues) ou l’aménagement des mails. C’est d’ailleurs cet aménagement des mails dans la partie ouest qui a créé le plus de remous. Car si d’anciens projets communaux ont été remisés au placard des promesses la restructuration des mails orléanais est un projet totalement nouveau et en plus richement doté de 60 millions d’euros.
Quelle responsabilité des élus ?
De là à considérer qu’Orléans est mieux servie que tout le reste de l’agglomération il n’y avait qu’un pas qu’on franchi de nombreux élus de la périphérie. « Contre- vérités a rétorqué Serge Grouard, Orléans n’a pas plus que sa part, les choix été faits avec équité ». Dans ce « jeu de rôle » dénoncé par Christophe Chaillou rappelons qu’hier l’exécutif actuel soupçonnait l’exécutif précédent mais déchu, de privilégier largement les communes du nord, donc de gauche, au détriment du sud et donc de droite…
Le budget, premier acte de ce PPI a donc été adopté malgré l’abstention ou les votes opposés de la gauche et des écologistes. Une question est cependant restée sans réponse, celle de de la responsabilité de certains élus. Une question posée par Mathieu Gallois de Saran : « Comment se fait-il que l’on découvre cette situation financière alors que vous êtes aux commandes depuis 20 ans ? » Comment expliquer en effet que la Métropole soit au bord de la faillite ou de la banqueroute avec des élus aux responsabilités depuis le début des années 2000 qui n’ont pas mis fin aux dérives. Un élu devra peut-être s’expliquer : Michel Martin, le vice-président aux finances aux manettes depuis plus de deux décennies !
Les cyclistes pas convaincus par les promesses
« Rouler à vélo est dangereux dans l’agglomération ! » l’élu de gauche Jean-Christophe Clozier a rappelé lors de l’examen du budget que la politique vélo de la Métropole laissait plus qu’à désirer. En écho quelques dizaines de cyclistes s’étaient réunis devant la salle du conseil à l’appel de la Vélorution. Certes la Métropole prévoit 5 millions d’euros par an pour les aménagements cyclables. Mais les cyclistes y voient « une entourloupe et de fausses promesses car les aménagements sont faits sans cohérence, sans liaisons structurantes, le budget peinture pour délimiter les bandes cyclables est sans doute le plus gros poste budgétaire du plan vélo… ». « Le budget pour les aménagements cyclables sera sanctuarisé, a promis Serge Grouard. Mais les projets ont du mal à émerger ». Des problèmes de compétences et de manque de moyens dans les services pourraient aussi expliquer la modestie des réalisations. Les cyclistes mécontents demandent avant tout, en plus de crédits pérennes « une vision et une stratégie ».
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