A petites touches plutôt qu’à grands coups de pinceaux, la candidature de Bourges au titre de Capitale européenne de la Culture prend forme. Une campagne participative pour choisir l’identité visuelle de la candidature de Bourges vient d’être lancée sur les réseaux sociaux et la toile.
Par Fabrice Simoes
Pour le visuel de la candidature de Bourges au titre de Capitale européenne de la Culture, les milieux non-autorisés s’attendaient à du solide, du classique, du local, du rustique, du qui marque son territoire, du Berrichon autocentré en quelque sorte. A la limite une mare et un diable pouvaient faire quasiment l’affaire. On me dit dans l’oreillette que, George Sand, c’est bien mais que, bon, c’est quand même un peu dépassé pour illustrer la culture en Berry.
Dans les chaumières des confins du Boischaud, sur les coteaux du Sancerrois, au bord du Cher et de l’Yèvre, on s’attendait à de l’amusiau pour touristes et Parisiens en goguette, une image de birette sur un balai volant au-dessus de la cathédrale Saint-Étienne par exemple. D’aucuns auraient bien vu une bouch’tue garnie d’où se serait envolé un nuage de notes de musiques sur fulgurances d’architectures locales. Au cœur du marais de Bourges, on se serait enthousiasmé par avance d’une vielle à roue, même électrique, posée derrière des flûtiaux entrecroisés, le tout sur fond de blason aux couleurs du Berry. Donc, voilà ti pas que les gars y s’y mettent des trucs qu’on n’avait pas vu venir. Jean-Louis Boncoeur serait dépassé aussi m’assure-t-on.
Que nenni, parce que, derrière ces clichés d’un autre âge, d’une province hors du temps et hors de la modernité, voire hors de la culture, la réalité du terrain est toute autre. Elle passe par L’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges. Elle passe par le renouveau de la Maison de la culture. Elle passe par l’Antrepeaux. Elle passe par un ensemble de choses qui se font chaque jour sur le territoire. Elle passe par des créations, des visions, des musiques et des moments privilégiés. Donner une visibilité et dépasser les seules images idéalisées de la cathédrale Saint-Étienne, des marais et du Printemps de Bourges, c’est cela que veut montrer le dossier de candidature en cours de « construction ».
Aux votes citoyens
A la fin de l’année dernière, deux éléments importants sont venus rythmer la candidature berruyère. D’une part un tandem paritaire et transgénérationnel, Pascal Keiser accompagné de Louise Tournillon, a été nommé pour coordonner le projet. D’autre part, un positionnement stratégique a été choisi. Ce sera « Bourges, territoire d’avenir ».
« Puiser dans les spécificités du territoire de Bourges, du Cher et de la Région Centre‐Val de Loire (villes petites et moyennes, ruralité, nature, rapport au temps, patrimoine) et en faire des atouts pour l’avenir à Bourges et dans le territoire de l’Union ; tester de nouveaux modèles ; proposer des solutions alternatives pour lutter contre le changement climatique, intégrer les artistes à la construction d’un avenir plus désirable… : voilà les premiers grands axes du projet de candidature rassemblés autour d’un horizon commun sous la bannière territoire d’avenir ou comment Bourges et sa région peuvent, grâce à la culture, devenir un modèle inspirant pour d’autres villes. Nous désirons partager ce mantra avec le plus grand nombre », explique le service com’ berruyer au moment de proposer de faire choisir l’identité visuelle du projet. « Nous avons décidé d’associer les citoyens de la région de Bourges et au-delà du choix de la future identité visuelle qui évolue pour être plus en phase avec le projet. Choisissons ensemble 2028 : c’est le nom de la campagne qui propose à toute personne intéressée par le projet de voter pour son identité visuelle préférée. »
Dans cet esprit, le travail graphique a été confié à une équipe de quatre jeunes diplômés de l’École Supérieure d’Art et de Design d’Orléans. Ils proposent depuis le début de la semaine le résultat de leurs créations sur le site internet bourges2028.org. Pour la réalisation de ces trois identités visuelles, les graphistes se sont fondés sur la notion de Bourges territoire d’avenir, et modèle pour les autres métropoles européennes à taille humaine. Les thèmes de la ruralité, de l’environnement et de leurs déclinaisons ont donc été utilisés pour révéler au mieux l’identité de Bourges, du département du Cher et de la région Centre-Val de Loire. Ces logos se nomment La Feuille, l’Arbre et l’Ours, chacun avec son sens et sa propre définition (voir encadré). Le « scrutin » est ouvert jusqu’au 6 février 2022. Dix places pour le Printemps de Bourges 2022 seront tirées au sort parmi les votants. Une semaine plus tard – pile-poile pour la Saint-Valentin – la nouvelle identité visuelle choisie sera officialisée.
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Le vote du public est ouvert jusqu’au 6 février 2022. Il suffit de se rendre sur bourges2028.org
1- La feuille
Cycle des saisons, transition écologique, nature, modèles pour le futur
Comme l’arbre, les feuilles symbolisent le cycle de la vie, la nature, le renouvellement, les saisons, la transition écologique. L’identité est également construite de manière à fonctionner comme un pochoir, un moule qui évoque l’envie de laisser une trace inspirante pour le futur.
2 – L’arbre
Cycle de la nature, transmission, collaboration, empreinte pour exprimer l’avenir
Grandeur, longévité, harmonie, paix, sagesse, transmission, collaboration : L’arbre est le roi du monde végétal et est riche de nombreux symboles. Les cernes de croissance représentées ici évoquent plus particulièrement la transmission, le cycle de la nature, l’empreinte qu’on désire laisser aux générations futures.
3 – L’ours
Biodiversité, force, renaissance, renouveau, patrimoine pour exprimer l’avenir
Symbole de puissance et de force, l’ours est considéré comme un animal protecteur de son territoire laissant, tout comme l’homme, des marques de son passage. Il est également symbole de renouveau, de renaissance (de la même manière qu’il sort de son antre après son hibernation). L’animal est aussi un symbole particulier pour Bourges puisqu’il est l’emblème du Duc de Berry. Aujourd’hui, il évoque l’enjeu de la biodiversité et le nécessaire rééquilibre du rapport entre l’homme et l’animal pour l’avenir.
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