Dans le cadre de la représentation de la pièce J’Accuze !! de la troupe du Krizo Théâtre à l’espace Montission de Saint Jean le Blanc le 28 janvier prochain, MagCentre est allé à la rencontre du directeur artistique de cette compagnie théâtrale, qui utilise le prisme du masque pour chaque représentation, afin de dépeindre l’homme et d’universaliser au mieux le propos.
Par Antoine Lebrault
La troupe oriente la recherche artistique de ses spectacles autour de la mythologie Grecque, de grandes œuvres de littérature française, mais également autour de l’Histoire de France comme nous l’explique très justement Christophe Thébault : ” Nous sommes d’abord partis de la mythologie grecque surtout. De cette mythologie, nous l’avons ramenée vers l’Histoire de France, car des Ulysse, on en compte énormément. La France, de par sa littérature et son histoire est tellement riche. Je vais prendre l’exemple des Misérables de Victor Hugo. J’ai relu cette œuvre qui est certes épaisse, mais qui est dévorante. L’idée directrice, est de reprendre de telles œuvres pour les jouer avec notre propre patte, et d’y apporter un soupçon de légèreté. Traiter une histoire aussi riche en la ramenant à notre époque pour parler du futur, on aime le faire, faire les ponts entre les trois temps de manière uchronique “.
Christophe Thébault à la Fabrique, salle de spectacles à Meung-sur-Loire
Photo : Antoine Lebrault
Une volonté de transmettre l’histoire de manière légère et différente.
L’affaire Dreyfus, qui fut le plus grand scandale politique et judiciaire du XIXè siècle en France, a véritablement secoué le pays. Durant douze années, c’est un immense cirque médiatique et politique qui va se créer, où vont se mêler complot et affaire d’Etat, erreurs judiciaires instrumentalisées par l’antisémitisme. Christophe Thébault nous explique alors comment un tel épisode historique peut être mis en scène de manière légère : ” C’est un problème judiciaire, de complots et de manipulations en tout genre. On la trouve partout dans le monde, et elle est portée juste là sur scène, de manière légère pour qu’elle puisse devenir accessible pour un plus grand nombre, et notamment à un public plus jeune que sont les collégiens ou les lycéens. Nous n’ouvrons qu’une première porte de cette histoire, s’ils veulent approfondir sur le sujet, c’est à eux de le faire. Nous racontons douze ans d’affaire en une heure, il est clair que nous passons à travers certains détails plus spécialisés. C’est un rythme endiablé et le public redécouvre les personnages de manière différente, tout en ayant vu le film de Roman Polanski, sorti il y a peu.”
Dreyfusards et Anti-Dreyfusards
Dans ce contexte politique et social extrêmement fragilisé, la France se divisera même en deux camps opposés : les Dreyfusards et les Anti-Dreyfusards. Les premiers seront les partisans de la défense du capitaine Dreyfus, tandis que les autres plaideront pour sa culpabilité. Cette fragmentation est bien observable au sein de l’histoire de France, ce qui donne une ampleur encore plus grande à cette affaire judiciaire, véritable scandale de société au XIXe siècle. Toutefois, au sein de la pièce du Krizo Théâtre, l’histoire est expliquée de manière impartiale : ” Nous transmettons une histoire mais nous ne détenons pas la vérité. On ne prend jamais parti, et ce n’est pas évident dans cette affaire avec les défenseurs et les détracteurs. On constate ce qu’il s’est passé avec les vérités des uns et des autres, tout ça avec beaucoup d’humour et des références anachroniques. “
Il est important de souligner que la pièce fut récompensé du troisième prix au Concours Arts et Lettres de France, par le Centre d’Arts de la ville de Bordeaux pour l’écriture de ce texte. L’historien Georges Joumas, spécialiste de l’histoire contemporaine et spécialiste de l’Affaire Dreyfus dira de cette pièce : ” Présenter cette austère affaire avec humour, il fallait oser. Le Krizo Théâtre l’a fait ! Une grande réussite pour La défense des Droits de l’Homme”.
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