Insectes répugnants ? Ce photographe les rend photogéniques

Acariens, tiques, collemboles, moustiques, mille-pattes, araignées… Soyons francs, ces bestioles-là, on les aime de loin… Et pourtant, à y regarder de près, de très très près, elles sont d’une beauté spectaculaire. Passionné par ces insectes mal-aimés et méconnus, Philippe Barbier les photographie en macro et hyper macro nous révélant leurs formes et couleurs subtiles, impossible à voir à l’œil nu. Une exposition lui est consacrée à la Maison de Loire de Jargeau (Loiret) jusqu’au 5 février. À découvrir absolument.

Par Estelle Boutheloup

Le tigre du Platane est quasiment invisible à l’œil nu. Le travail de stacking permet d’en voir l’absolue beauté de son corps. Photo Philippe Barbier

« Là où les gens s’arrêtent en macro traditionnelle, moi je commence mes photos. » Les yeux collés au microscope, Philippe Barbier m’invite à observer à mon tour le tigre du platane : « Un monstre de quelques millimètres arrivé en France dans les années 1970-75. » Cet insecte piqueur-suceur volant est la bête noire des platanes, mais sa beauté est ravageuse : une carapace d’un blanc crème, aussi fine qu’une feuille de bible, se découpant comme un vitrail en nuances nacrées translucides… Inimaginable et impossible à voir sans un travail d’hyper grossissement. « Quarante-sept images pour au final n’en faire qu’une : du stacking. Une technique qui consiste à empiler des photos pour créer une profondeur de champ importante, impossible à obtenir dans une image normale. Un peu comme un panorama, mais dans la profondeur ».

Une distance de travail de 18 millimètres

Philippe Barbier est l’un des rares photographes de la région à pratiquer cette technique d’hyper macrophotographie qui permet de montrer l’invisible à l’œil nu. Pour cela, il travaille sur des espèces grosses de 4 millimètres à quelques dixièmes de millimètres, partant d’une fleur, d’un pistil, d’un insecte mort dont se délectent les parasites : « Des bestioles jamais regardées, oubliées… telles les collemboles, ces insectes primitifs utiles à la décomposition des matières. » Mais aussi ce hanneton « naturalisé » qu’il a nettoyé dans un bac à ultrasons, brossé, séché et épinglé comme un entomologiste avant de le photographier dans un décor d’une netteté impressionnante. Ou encore ce moustique dont l’œil a été grossi 17 fois avec 196 images à raison d’une photo tous les trois millièmes.

Un travail pour lequel le photographe a dû aménager un studio avec un équipement spécial : microscope, rail micrométrique auquel est fixé un boîtier doté de tubes à rallonge, lumières… « Tout a été fabriqué pour que je puisse m’adapter à l’échelle des insectes, avec une distance de travail d’environ 18 mm. »

Philippe Barbier est l’un des rares photographes de la région à pratiquer le stacking. Photo Estelle Boutheloup

Connaître l’insecte pour anticiper la photo

Au côté des ces incroyables photos, d’autres aussi artistiques et spectaculaires dévoilent en macro photographie cette fois des insectes saisis sur le vif dans leur environnement : chenille de bombyx aux poils perlés de rosée, moustique tout juste sorti de son état nymphal les ailes séchant au soleil, superbe abeille charpentière dont les ailes transparentes renvoient d’étonnantes irisations, sans oublier les saltiques, ces araignées sauteuses de 3 mm de long, qui chassent à vue.

Une diversité du vivant qui pousse Philippe à s’intéresser toujours plus à l’anatomie, au comportement et aux réactions des insectes qu’il photographie « pour anticiper et capturer la meilleure des postures. » Parfois, il va même jusqu’à prélever un insecte ou une mouche pour isoler son sujet et le sublimer sur une mousse, une feuille, une brindille avant de le restituer à la nature.
Une sensibilisation à la biodiversité que Philippe partage par ailleurs avec les enfants en intervenant dans les écoles primaires par des sorties en forêt, rendant, plus que jamais, fascinant ce monde foisonnant et méconnu des insectes.

Photo de Une : Chenille de bombyx / Philippe Barbier.

Exposition à La Maison de Loire de Jargeau (30 km d’Orléans) jusqu’au 5 février. http://maisondeloire45.fr/

Commentaires

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  1. Photos magnifiques ! Allez-y le mercredi ou le samedi pour rencontrer Philippe Barbier qui sait transmettre sa passion. Nous avons également beaucoup apprécié la rencontre avec Raymond, qui nous a parlé avec générosité du monde méconnu des insectes. A voir absolument !

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