Qui sont les invités des chasses présidentielles de Chambord ? Devant le mutisme des autorités concernées, une toute nouvelle association de journalistes se mobilise sur le sujet. Avec un appel à dons publics sur Helloasso.
Par Jean-Luc Bouland
La motivation du message publié fin décembre 2021 sur Helloasso est sans ambiguïté. Sous le titre “Pour une transparence des invités aux chasses présidentielles de Chambord“, la toute nouvelle Association des journalistes pour la transparence (AJTransparence) fait appel à tous pour l’aider à “attaquer devant le Conseil d’Etat le refus du domaine de Chambord de lister les participants aux chasses présidentielles“. Un étrange goût du secret qui suscite une initiative inhabituelle. Pourquoi employer ce moyen ?
“Aujourd’hui, nous avons besoin de vous pour nous aider à aller en justice au sujet des chasses présidentielles. Legs de l’ancien régime, les chasses présidentielles invitaient des élus, des grands patrons et des notables à des battues luxueuses, dans le domaine de Chambord, l’un des plus beaux de France. Elles ont officiellement été supprimées depuis quinze ans, pour laisser place à des « battues de régulation », visant simplement à réguler le nombre d’animaux sur le domaine. Mais ceci n’est qu’un simple habillage“, affirment les responsables de l’AJTransparence, appuyant leur revendication sur les écrits du journaliste Marcelo Westfreid dans son ouvrage “Le jardin secret de la République“.
Ainsi, peut-on y lire, “que les parlementaires y sont bien plus souvent présents que l’invitation annuelle évoquée par le domaine de Chambord ; que ce ne sont pas des battues de régulation puisque le domaine achète entre 100 à 300 tonnes de maïs par an pour nourrir le gibier. Pire, le domaine n’hésite pas à acheter des laies, femelles du sanglier, pleines, parce qu’on ne tuait plus que « trente sangliers par battue. Il fallait renouveler le sang. Et refaire de Chambord La Mecque de la chasse »; que la liste des participants est fixée par le directeur du domaine“.
Ce dimanche 16 janvier 2022, avant l’échéance fin février, l’appel à dons comptait déjà 4.153 euros versés par 250 donateurs pour compléter (ou dépasser) la somme de 5.000 euros souhaitée. L’argent obtenu doit aider le journaliste Pierre Januel à financer ses recherches. Actuellement, précisent les responsables de l’association, “le journaliste à l’origine du recours a intégralement financé les procédures judiciaires. L’argent récolté permettra de payer l’avocat au conseil, impératif pour un recours devant le Conseil d’État“.
Si l’objectif est atteint, “l’argent supplémentaire servira à financer d’autres recours portés par l’association“. Cette nouvelle structure, présidée par Laure Motet, née le 8 décembre 2021, a été créée par des journalistes de tous horizons, indépendants ou membres de rédactions connues (Le Monde, Médiapart, Le Canard enchainé, etc). Elle s’est donné pour but “d’aider les journalistes afin de pousser l’administration à être plus transparente dans de nombreux domaines (environnement, santé, utilisation de l’argent public, lobbying) et à respecter cette obligation de transparence“.
Des chasseurs sachant chasser sans qu’on le sache, voilà qui a du cachet, et qui mérite qu’on s’attache à trouver un peu de cash.