[Carnets de campagne]
Du 27 au 30 janvier prochain, « le peuple de gauche » est invité à participer à la Primaire populaire pour désigner la ou le candidate qui portera les valeurs progressistes à la Présidentielle. Ce samedi matin, sur le marché de Blois, les militants de ce mouvement citoyen et indépendant invitaient les électeurs à prendre part au vote.
Par Jean-Luc Vezon
La température glaciale sur le marché Louis-XII de Blois n’a pas découragé les jeunes militants de gauche venus « vendre » la Primaire populaire. « La Primaire populaire va désigner la personnalité la plus à même de porter les valeurs écologiques, démocratiques et sociales et de rassembler autour d’elle pour l’élection présidentielle d’avril prochain. Nous ferons campagne pour cette personnalité et son programme intégrant le Socle commun » expliquait ainsi Simon Blin aux passants qui s’arrêtaient devant le barnum mis en place par l’équipe.
Une plateforme sécurisée
A ses côtés, Cléo Marchand détaillait la procédure : « il est possible de s’inscrire jusqu’au 23 janvier. Le vote, gratuit et accessible dès 16 ans, se fera ensuite en ligne sur une plateforme sécurisée (Néovote) (1). Attention, il n’y aura qu’un un tour au jugement majoritaire ». Objectif affiché faire mieux en nombre de votants que les primaires EELV (120 000) et Les Républicains (130 000).
Les électeurs auront le choix entre sept candidat(e)s qui ont été parrainés par 130 000 citoyens et citoyennes entre juillet et octobre dernier. Il s’agit d’Anna Agueb-Porterie, Charlotte Marchandise, Anne Hidalgo (PS), Christine Taubira (qui a obtenu le plus de parrainages), Pierre Larrouturou (député européen Nouvelle Donne), Yannick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) tous candidats à l’élection présidentielle (2) . Parrainés mais non candidats, Clémentine Autain, François Ruffin et Gaël Giraud ne seront pas de la partie tout comme le candidat communiste Fabien Roussel, crédité de 2 à 3 % dans les sondages et les deux candidats d’extrême gauche Nathalie Arthaud et Philippe Poutou.
« L’accueil est favorable, beaucoup de personnes s’arrêtent et sont sensibles à notre démarche. Nous constatons que 70 % des électeurs de gauche veulent un candidat unique » souligne Simon Blin convaincu que le socle commun de dix mesures de rupture inspirées des revendications des mouvements sociaux, pour le climat ou féministes, et co-construites avec plus de dix partis politiques (dont LFI, PS, EELV), sont source d’union.
Taubira favorite ?
Alors que la distribution de tracts se poursuit, beaucoup ont les yeux rivés sur l’écran du portable où Christiane Taubira annonce sa candidature depuis le quartier de la Croix-Rousse à Lyon. Dans ce haut-lieu des luttes ouvrières, et notamment celles des Canuts au XIXe siècle, l’ancienne candidate PRG aux élections présidentielle de 2002 (2,32 % des voix) affirme avec force « reconnaître les règles et les résultats de la Primaire ». Applaudissement parmi les militants nombreux à suivre attentivement les propos de la pasionaria de Cayenne qui décline son programme : allocation de 800 euros par mois pour les étudiants pendant cinq ans, conférence sur les salaires SMIC à 1400 € net, référendum d’initiative citoyenne (RIC), recrutement de 100 000 soignants …
Vétéran du PRG, Hervé Mesnager, aux anges, s’enthousiasme : « Je connais Christiane depuis vingt ans, elle seule est capable d’unifier la gauche morcelée, d’affronter les risques de dislocation sociale, de combattre la démoralisation et les discours de haine ». A ses côtés, la blésoise Cécile Caillou-Robert, conseillère régionale croit fermement dans la capacité de Christiane Taubira à fédérer la gauche « malgré les divergences » à l’image de ce qui a été réalisé aux dernières régionales par François Bonneau.
En congé du PS, Nathanaël Uhl, membre du comité local de la Primaire populaire insiste sur la personnalité charismatique de Christiane Taubira, « une femme qui a du souffle, qui porte un récit, qui est au côté des oubliés de la République ». Un ange passe avec le scalp d’Anne Hidalgo aurait écrit Gérard de Villiers.
Ex référente de LREM en Loir-et-Cher, désormais porte drapeau de CAP 21 et proche du PRG, Christine Jagueneau boit du petit lait et se tient prête à battre la campagne pour sa favorite. A peine effrayée par le risque d’un bourrage des unes électroniques par LFI, cette déçue du macronisne et « de sa politique de droite », comme beaucoup de personnes de centre gauche ayant rejoint le président en 2017, repart au combat.
Et comme beaucoup de socialistes, Pierre semble anticiper la dynamique autour de Christiane Taubira. Le jeune homme déroule son scénario rêvé idéal : percée de l’ancienne Garde des Sceaux dans les sondages après sa victoire à la Primaire populaire (vers les 10 %), retrait d’Anne Hidalgo et de Yannick Jadot sous la pression de Sandrine Rousseau et des militants ….
« Nous serions alors aux alentours de 15 % en ayant dépassé Jean-Luc Mélanchon et beaucoup de ses électeurs voteraient alors utile pour une présence de la Gauche au second tour » espérait-il. « De toute façon, quoi qu’il arrive la dynamique de rassemblement générée par la Primaire sera bonne pour les législatives » conclut avec optimisme Christine Jagueneau.
(1) Pour vérifier l’identité des votants et garantir la sécurité du vote, il est demandé de confirmer son inscription avec une empreinte de carte bancaire.
(2) Les deux derniers cités sont opposés à ce scrutin non officiel tout comme Anne Hidalgo.
Primairepopulaire.fr
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