Le fondateur et la nouvelle directrice artistique de la Compagnie théâtrale des « Fous de Bassan », basée à Beaugency (Loiret), nous replongent dans ce que furent ces trente belles années au cours desquelles de nombreuses actions culturelles ont irrigué le pays beauceron du côté de Beaugency.
Propos recueillis par Bernard Thinat
Magali, vous êtes la nouvelle Directrice artistique des « Fous de Bassan ». Pouvez-vous nous éclairer sur votre parcours artistique ?
Magali Berruet : Je suis tourangelle, je tombe en amour du théâtre au collège alors que je suis d’une famille extrêmement modeste où le théâtre on ne savait pas ce que c’était, ceci grâce au milieu scolaire, grâce à ces enseignants et ces équipes artistiques qui vont dans les établissements scolaires dans les années 1990.
Du milieu d’où je viens, je n’avais pas le droit de devenir ni comédienne, ni metteuse en scène, il fallait que j’aie un vrai métier et donc j’ai fait des études de gestion des entreprises culturelles et je suis devenue chargée de diffusion, de communication et ensuite coordinatrice de festivals, dont un festival d’opéra à Loches. Ce qui m’a permis quand même d’être dans un environnement artistique et de côtoyer beaucoup de gens. Et dès qu’il y avait une création, je passais toutes mes soirées à voir les créations lumières, à regarder les gens travailler. J’ai beaucoup appris. Puis j’ai travaillé avec la Compagnie Cano Lopez à Tours, ce sont eux qui m’ont formée.
C’est alors que je croise la route de Christian Sterne en 2007, qui cherche une chargée de production et de communication. Puis je pars à Poitiers faire des études de mise en scène et de dramaturgie et je quitte les « Fous de Bassan » pour fonder ma propre compagnie avec deux comparses à Lyon. Jusqu’au moment où Christian me propose de jouer dans Le Café d’Excelsior, le fameux spectacle qui se joue dans les bistrots, et comme j’ai été élevée dans un bar, j’ai un rapport avec cette humanité-là qui m’est très chère. Je joue de l’accordéon depuis l’âge de quatre ans, c’est un monde populaire que j’ai envie de partager avec ce public-là. C’était en 2015.
Arrive ensuite le projet « Lettres du pays » avec les agriculteurs que Christian me propose de pérenniser avec la Compagnie en poursuivant son travail. J’accepte sans trop réfléchir parce que c’était quelque chose d’évident. La passation s’est faite en deux ou trois ans, en douceur, puis le Covid est arrivé. L’enjeu, c’est de continuer dans l’esprit de cette compagnie qui fait un travail de création théâtrale qui se veut exigeant, sérieux, et en même temps en relation directe avec les gens, en nourrissant ces liens-là avec le maximum de gens possible, et pas seulement celles et ceux qui vont au théâtre. Et donc de poursuivre ce double travail humain et artistique.
Vous pouvez dire quelques mots de votre prochain spectacle, que vous jouerez bientôt à Chécy et à la MAM d’Orléans ?
Christian Sterne : C’est un projet un peu particulier, dans la mesure où nous avons échangé nos rôles, Magali devenant la metteuse en scène et moi, le comédien, avec un choix de textes qui était le mien. Et comme je ne peux faire les choses simplement, je l’ai fait en binôme. La première partie du spectacle, c’est Elle de Nuit, qui est l’adaptation d’une nouvelle de Mac Orlan que j’avais découverte lors de la première création des « Fous de Bassan », qui m’avait touché, bouleversé. La seconde partie du spectacle, Ailes du jour, a été écrite par un certain Pierre Garin, qui est mon pseudonyme d’auteur. C’est l’histoire d’un oiseau, un fou de Bassan, qui fait des tentatives pour s’élancer plus vite, plus haut, en quête de création absolue, qui tombe et qui va toujours recommencer, jusqu’à peut-être transmettre. C’est une drôle d’histoire ça !
Outre l’importance du choix des textes par rapport à cette création qui a marqué l’histoire de la compagnie, l’important est aussi dans le choix des musiciens. Dans la première partie avec le texte de Mac Orlan, Arnaud Méthivier est un double du narrateur, une ombre musicale. Le travail avec Arnaud n’était pas du tout préétabli, c’est vraiment une écoute entre nous deux, entre la narration musicale et la narration littéraire. Puis dans la seconde partie, Pascal Ducourtioux accompagne la narration. Arnaud et Pascal, compositeurs et musiciens, ont contribué le plus souvent dans les créations des « Fous de Bassan ». Cette création est une ouverture vers l’avenir, mais aussi une reconnaissance de tout ce que les « Fous de Bassan » ont accompli.
« Elle de nuit, Ailes du jour »
Création 2020/2021
Texte de Pierre Garin et Pierre Mac Orlan
Musiques Arnaud Méthivier et Pascal Ducourtioux
Interprétation : Christian Sterne
Mise en scène : Magali Berruet
Durée 2 heures – A partir de 15 ans
Jeudi 20 janvier à 20 h 30 à l’espace George Sand à Chécy
Samedi 22 janvier à 20 h 30, à la Maison des Arts et de la Culture (MAM) à Orléans
http://www.lesfousdebassan.org/
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