[Carnets de campagne]
Le Centre n’abrite plus de grands hommes ou femmes politiques. La région devrait donc être peu représentée dans les états-majors des futurs candidats. La preuve vient d’en être donnée par Valérie Pécresse.
Par Jean-Jacques Talpin
C’est une véritable armée mexicaine que Valérie Pécresse vient de dévoiler pour piloter et animer sa campagne présidentielle : pas moins de 90 personnes qui seront chargées de diffuser la bonne parole. Mais personne ou presque de la région Centre-Val de Loire. A l’exception modeste de deux « orateurs régionaux », le député Nicolas Forissier et la sénatrice Nadine Bellurot. Ce n’est faire injure ni à leur personne ni à leur fonction que de les considérer comme joueurs de seconde division. Mais c’est aussi à l’image de la droite régionale en mal de visibilité depuis la disparition de grandes figures comme Pierre Sudreau, Michel Debré ou Jean Royer.
Certes, personne ne pariait sur la mise en lumière de Serge Grouard, le maire d’Orléans, hier animateur du « projet » dans l’équipe Fillon mais aujourd’hui en retrait (même dans sa ville…). Il est vrai qu’il avait refusé de choisir pour le second tour de la primaire LR entre Valérie Pécresse et Éric Ciotti. Un non-choix synonyme de purgatoire pour celui qui s’est rêvé plusieurs fois ministre dans les gouvernements Chirac et Sarkozy. Même trajectoire pour le vibrionnant député de Loir-et-Cher Guillaume Peltier l’ancien vice-président déchu de LR. Tel le pendule de Foucault, Guillaume Peltier ne cesse d’osciller entre FN, MNR, Débout la France, RPR puis LR et peut être demain chez Zemmour. Un personnage insaisissable et incontrôlable pour Valérie Pécresse qui a préféré le laisser sur le bord de la route.
Une jeune garde pour 2027
Mais pour la candidate à la présidentielle, le vivier d’élus capables de porter sa parole est relativement vide avec des anciens en bout de course comme Philippe Briand en Touraine mis sur la touche après sa condamnation dans l’affaire Bygmalion ou comme Philippe Vigier ou Marc Fesneau passés dans le camp ennemi de La République en Marche. Une jeune garde relève pourtant la tête dans la perspective du scrutin de 2027 comme le surprenant et lui aussi incontrôlable Alexandre Avril de Salbris ou la plus classique Constance de Pélichy la maire de La Ferté-Saint-Aubin, la ville où réside une partie de l’année Michel Barnier. L’ancien commissaire européen embarqué dans l’équipe Pécresse est d’ailleurs le seul à emmener sous ses souliers un peu de la terre régionale.
Ce bilan gris n’est pas plus rose à gauche où les personnalités de premiers plans sont aussi rares que les électeurs prêts à voter pour Anne Hidalgo. Il fut un temps ou feu Jean Germain à Tours et Jean-Pierre Sueur à Orléans portaient haut les couleurs du socialisme. Jean Germain a disparu et Jean-Pierre Sueur s’apprête à mettre un terme en 2023 à sa carrière politique nationale en abandonnant son siège de sénateur (que Serge Grouard salive déjà de conquérir…en laissant la mairie à Florent Montillot). Peu de relève à l’horizon avec quelques jeunes cependant comme les frères Chapuis à Orléans, Harold Huwart à Nogent le Rotrou ou Fabien Verdier maire (PS) de Chateaudun, ville qu’Eric Zemmour a choisie pour son prochain meeting en Eure-et-Loir…
Cap sur les législatives
Certains avaient envisagé dans un passé récent, l’hypothèse du retour d’Olivier Faure, actuel premier secrétaire national du PS, hier Orléanais du lycée Pothier et de l’université, mais dont les ambitions locales auraient été anéanties par les caciques locaux. Même vide au Rassemblement national (le jeune Aleksandar Nikolic doit encore faire ses preuves après un résultat médiocre aux régionales), chez les Insoumis ou les Zemmouristes et, dans une moindre mesure, chez les Verts d’EELV.
La région sera donc peu présente dans la prochaine bataille électorale présidentielle. Mais pour beaucoup l’échéance n’est ni les 10 et 24 avril mais les 12 et 19 juin, dates des élections législatives, avec l’ambition de conquérir le Graal : un siège à l’Assemblée nationale.
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