[Carnets de campagne]
La députée du Loiret a reçu comme plusieurs dizaines d’autres élus de la majorité présidentielle des menaces de mort. Elle dépose plainte et refuse de céder aux pressions tout comme Gildas Viera de Blois, hypothétique candidat à la Présidentielle.
Par Jean-Jacques Talpin
Stéphanie Rist députée LREM 1ère circonscription Orléans Photo Sophie Deschamps
Le printemps sera chaud ! Non pas d’un point de vue météorologique (encore que…) mais avant tout sur la scène politique. Nous sommes désormais à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle programmé le 10 avril. A défaut d’arguments pour le débat démocratique (voir la lamentable polémique sur le drapeau européen sous l’Arc de Triomphe), un front commun allant de la France Insoumise au Rassemblement national en passant par Debout la France et une partie des Républicains s’est constitué lors du débat à l’Assemblée Nationale lundi sur le pass vaccinal. Pas un débat, mais une véritable hystérie dont les éructations et les violences verbales ne peuvent que nourrir des actes douteux voire dangereux pour la démocratie.
« Je vote en fonction de ma conscience ! »
Plusieurs élus de la majorité présidentielle viennent ainsi de recevoir des menaces de mort pour leur engagement en faveur du pass vaccinal. C’est notamment le cas de Stéphanie Rist, députée LREM de la première circonscription du Loiret qui a reçu, par courriel en fin d’année, un message assez clair. L’auteur écrit notamment : « le totalitarisme, votre idéologie ne gagnera pas. La seule chose que vous allez avoir de ma part en retour c’est des balles et je vais ouvrir le feu car vous avez largement dépassé notre seuil de tolérance, de patience ». On pourrait prendre cette lettre comme le propos d’un égaré aviné, d’un gilet jaune en mal de radicalisme ou d’un extrémiste de droite en souffrance de reconnaissance. En réponse Stéphanie Rist a répliqué : « je vote en fonction de ma conscience et jamais en fonction des pressions, le mandat de député n’est pas un mandat impératif ! Ce genre de mail est donc inutile”. La députée du Loiret mais aussi conseillère d’opposition à la ville et à la Métropole d’Orléans a reçu le soutien du maire-président Serge Grouard : « Je tiens à apporter tout mon soutien et ma solidarité à Stéphanie Rist (…) victime d’une intolérable menace de mort par mail. Nous ne pouvons accepter qu’une élue de la République puisse subir une quelconque pression, menace ou intimidation du fait des choix politiques qui sont les siens ».
Quand la haine supplante le débat
Ces menaces ne font qu’alourdir un climat politique à la violence latente depuis les débordements des gilets jaunes encouragés par l’extrême droite et l’extrême gauche. Dans la région plusieurs élus ont déjà été menacés comme Nadia Essayan (Modem) et Loïc Kervran (LREM) dans le Cher, Guillaume Kasbarian député La République en Marche d’Eure-et-Loir. A Tours le maire Emmanuel Denis (EELV) et le président de la Métropole Frédéric Augis (LR) ont également subi les mêmes menaces. A Blois Gildas Viera, qui veut se présenter à la Présidentielle sous l’étiquette « La France Autrement » a vu sa permanence taguée d’une croix gammée. Plus grave encore, le passage à l’acte dans la nuit du 23 décembre, à Saint Pierre des Corps où deux élues, adjointes au maire de la ville, ont été victimes d’incendies criminels dont l’un à détruit son véhicule personnel.
A mesure que l’on se rapprochera du 10 avril le débat risque de déraper gravement, à tel point que des mesures de protections ont été prises en faveur de plusieurs élus. Mais la haine qui supplante le débat risque vite de devenir incontrôlable, surtout quand elle est instillée par quelques politiciens peu scrupuleux. A l’image d’Éric Zemmour qui sera ce vendredi soir en meeting en Eure-et-Loir.
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