La vaccination est au centre de la lutte contre l’épidémie due au Sars-Cov 2. Son objectif est de réduire la morbidité et la mortalité attribuables à la Covid-19 et d’éviter d’engorger les services de soins intensifs, de réanimation et de maintenir, pendant l’épidémie, les activités essentielles du pays. Les antivaccins n’ont plus guère d’arguments raisonnables puisque que la vaccination est efficace pour réduire les formes graves de Covid-19.
Par Jean-Paul Briand
En région Centre-Val de Loire, 78% de la population est complètement vaccinée. France entière, ce score honorable place la région Centre en cinquième position. En fin d’année 2021, le classement décroissant par département est le suivant : Loir-et-Cher 79,9% ; Indre-et-Loire 79,8% ; Indre 79,0% ; Cher 78,7% ; l’Eure-et-Loir 77,2% ; le Loiret avec 75,6% ferme la marche. Les taux d’incidence (nombre de cas positifs au virus pour 100 000 personnes testées) restent élevés : 252,80 dans l’Indre ; 266,90 en Loir-et-Cher ; 376,50 dans le Cher ; 391,70 en Indre-et-Loire ; 466,80 dans le Loiret ; 485,30 en Eure-et-Loir.
Débutée il y a un an (le 27 décembre 2020), la vaccination est gratuite. C’est la Haute Autorité de santé (HAS) qui recommande quand et qui doit se faire vacciner et avec quel vaccin. On sait que la vaccination ou l’immunité naturelle n’apportent qu’une protection provisoire mais l’étude française EPI-PHARE a démontré l’efficacité de la vaccination à prévenir les formes sévères de Covid-19. Elle a été effectuée, non pas après observation a posteriori du résultat des vaccinations mais par une méthode bien plus probante (voir encadré), en comparant des cohortes : chez 15,4 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans (7,7 millions vaccinées comparées à 7,7 millions non vaccinées) d’une part et chez 7,2 millions de personnes âgées de 75 ans et plus (3,6 millions vaccinées comparées à 3,6 millions non vaccinées) d’autre part.
La HAS a confirmé l’importance de la vaccination pour les plus jeunes
La campagne de vaccination a été programmée en donnant initialement la priorité aux personnes les plus vulnérables ou susceptibles de développer des formes mortelles de Covid-19 (personnes très âgées, diabétiques, obèses, immunodéprimés,…), puis pour l’ensemble des professionnels de santé et du secteur médico-social, aux aides à domicile et aux pompiers, quel que soit leur âge. La vaccination est aujourd’hui possible en médecine de ville, du travail, en pharmacie et par un infirmier(e) libéral(e). Graduellement l’âge d’accès aux vaccins est abaissé.
Depuis le 22 décembre 2021, la vaccination est possible chez tous les enfants de plus de 5 ans (vaccination autorisée avec le vaccin Comirnaty® de Pfizer en posologie pédiatrique de 10µg). Elle est même conseillée chez les 5 à 11 ans à risque de développer des formes critiques de la Covid-19 ou qui vivent dans l’entourage d’une personne immunodéprimée ou vulnérable, non protégée par la vaccination. Dans un communiqué mis en ligne le 8 novembre 2021, la HAS a confirmé l’importance de la vaccination contre la Covid-19 pour les plus jeunes. La classe d’âge des 6 à 11 ans est désormais celle qui enregistre le taux d’infection par le coronavirus le plus élevé.
Lorsqu’ils sont atteints par le SARS-CoV-2, les enfants ont 25 fois moins de risque que les adultes d’avoir une forme grave mais ils transmettent le virus. Depuis le 3 avril 2021, toutes les femmes enceintes sont prioritaires, à partir du second trimestre de grossesse, pour accéder à la vaccination avec un vaccin à ARNm. Malgré une efficacité vaccinale légèrement supérieure pour Spikevax® (Laboratoire Moderna) par rapport à Comirnaty® (Laboratoire Pfizer), l’HAS recommande de recourir préférentiellement au Comirnaty® pour tous les moins de 30 ans, qu’il s’agisse de primo vaccination ou du rappel, compte tenu de ses risques plus faibles de myocardite (atteinte inflammatoire ou infectieuse du muscle cardiaque) dans cette population.
Continuer la prévention de la transmission
Il est de plus en plus probable que la pandémie va se poursuivre en vagues successives dues aux périodes saisonnières favorables (hiver) et en rapport avec l’apparition de variants hautement contagieux. D’une année sur l’autre, l’intensité pourra varier mais grâce à la répétition des infections et des vaccins adaptés aux mutations, on peut espérer qu’une immunité, même éphémère, sera suffisante pour éviter les formes graves de Covid 19 et de trop nombreuses hospitalisations. Plus tard, comme pour la grippe, les sujets âgés sans morbidité seront protégés des formes agressives, grâce à une immunité acquise par des infections répétées depuis leur jeunesse.
En attendant que le temps joue son rôle positif, pour lutter contre les attaques simultanées des variants Delta et Omicron, il faut renforcer la vaccination avec des rappels et continuer la prévention de la transmission par le maintien des mesures barrières, l’aération régulière des locaux et l’utilisation, au moindre doute de contamination, des tests de dépistage.
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Etude de cohorte versus étude observationnelle
Les études dites de cohortes* sont plus probantes que les études observationnelles qui, depuis l’apparition de la pandémie, sont souvent proposées dans la précipitation en « pre-print ». Les textes en pre-print ne sont pas d’authentiques publications scientifiques. Ils n’ont pas été analysés par les relecteurs scientifiques spécialisés de la revue dans laquelle ils souhaitent être publiés. Les erreurs méthodologiques et statistiques, voire les fraudes n’ont pas été éliminées.
Par ailleurs les interprétations des études observationnelles sont enclines à des biais de sélection difficiles à déceler. Si un chef d’une unité de chirurgie en traumatologie pédiatrique faisait une étude observationnelle sur les entrants dans son service, il constaterait que sur 100 hospitalisations du weekend plus de la moitié est en rapport avec des accidents de football. En conclure que la pratique de ce sport doit être interdite aux enfants les samedis et les dimanches serait ridicule. Le biais de sélection est ici manifeste puisque des milliers de jeunes jouent au football tous les weekends et le plus souvent sans se blesser.
Le biais de sélection est souvent beaucoup moins flagrant. Ainsi des études observationnelles avaient établi que les femmes utilisant la pilule avaient beaucoup plus souvent un cancer du col de l’utérus. Les contraceptifs oraux seraient donc cancérogènes. Cette conclusion est faussée par un biais de sélection. Le cancer du col est dû à un virus transmis lors des rapports. Or les femmes sous contraception ont plus de rapports sexuels et de partenaires que les femmes sans contraception qui, de plus, utilisent prioritairement des préservatifs les protégeant d’une grossesse non désirée et des maladies sexuellement transmissibles. Le lien entre cancer du col et pilule contraceptive n’existe donc pas. Les statistiques des études observationnelles ne permettent que rarement de démontrer une relation de cause à effet et leurs interprétations sont difficiles pour un profane.
*Une étude de cohorte consiste à comparer la survenue d’une maladie dans plusieurs populations définies en fonction de leur exposition à un facteur présumé causal pour cette maladie.
Photo de Une :Patiente de faisant vacciner au centre de vaccination de Fleury les Aubrais (Loiret) le 18 janvier 2020. ©Mourad Guichard