[Retro] Benjamin Rabier, l’homme qui fit rire la vache

La trêve des confiseurs est pour Magcentre aussi l’occasion d’un coup d’œil dans le rétroviseur de l’année 2021. Nous vous proposons quelques articles qui ont marqué cette année, en en oubliant les désagréments…

Les Vendéens pense qu’il est des leurs, les Parisiens aussi. Pourtant, le créateur du dessin qui orne les boites de fromage de La Vache qui rit est un gars du Berry. Et pas qu’un peu : Benjamin Rabier, celui qui a inventé la tête de vache, les boucles d’oreilles et le sourire qui vont avec, est issu d’une longue lignée de Berrichons installée à Faverolles-en-Berry.

Par Fabrice Simoes

Benjamin Rabier qui rit, comme une ressemblance …@Fabrice Simoes

Benjamin Rabier, le Berrichon, est né à La Roche-sur-Yon, et Benjamin Rabier, le Berrichon, a fait ses études, une partie de sa vie professionnelle aussi, à Paris. Sauf que Benjamin Rabier, le Berrichon, est bel et bien enterré à Faverolles-en-Berry. Comme quoi, ce n’est pas où l’on vit qui vous définit ad vitam æternam.

A Faverolles-en-Berry, contre toute attente ce n’est pas au milieu du village que se trouve l’église mais au pied de la mairie. Et au pied de l’église, on n’a pas placé le monument aux morts. Que nenni. Deux marches plus bas, dans un petit square, une statue de Benjamin Rabier, ci-devant inventeur du graphisme de la Vache qui rit, se marre sur un petit piédestal depuis 2009. Selon la mairie de Faverolles, ce buste, a été réalisé à partir d’une auto-caricature et est l’œuvre de Marie Charlotte Taillandier.

Des lapins qui tricotent ou qui fument la pipe, c’est tout l’univers de Benjamin Rabier. Photo Fabrice Simoes

La Vache qui rit, tout le monde connaît. C‘est la crème de gruyère en portion qui fait le bonheur, depuis plusieurs lustres maintenant, des intendants des restaurants de collectivités. La vache qui rit est entrée dans la mémoire collective, comme les chiffres inscrits sous les verres de chez Duralex qui donne votre âge, ou comme les petits suisses volants dans le ciel d’un réfectoire. Chaque portion est liée à des moments précis de notre vie, pique-nique scolaire ou repas à la cantine, ou même colonie de vacances pour les boomers et les scouts, et même ceux de maintenant.

Tout le monde a déjà goûté itou. C’est apprécié ou pas. Un peu comme les épinards quoi. Ce n’est pas que ce soit mauvais, mais … D’ailleurs, ne faites pas les malins. Avouez que ce n’est pas votre fromage préféré. Une tranche de Comté, une part de camembert, de bleu ou un crottin, voire une petite pyramide de chèvre de Valençay, on dit pas non. Par contre, La Vache qui rit pour tartiner sur une tranche de pain, c’est facile. Le souci c’est bien ça. Trop facile aussi pour s’écraser au fond d’un sac, voire d’une poche de pantalon, ou de short. Pourtant, la Vache qui rit rit depuis, peu ou prou, un siècle déjà (voir encadré). Et elle se fend la tronche sur ses boîtes depuis quasiment une durée identique. Le groupe Bel affirme sans ciller que 125 portions de Vache-qui-rit sont consommées dans le monde à chaque seconde. En 100 ans ça commence a faire un sacré tas de portions, non ?

De Gédéon le canard à la Vache qui rit

Benjamin Rabier a débuté sa carrière professionnelle comme employé à la Caisse des dépôts et Comptes courants mais ce n’est pas en alignant les chiffres qu’il devint célèbre….  Il sera tour à tour auteur, journaliste, caricaturiste, dessinateur, entre autres. Au début du siècle dernier, le gars de Faverolles, de la Roche-sur-Yon et de Paris réunis est considéré comme un des plus grands dessinateurs animaliers européen. Le dessin reste sa grande passion, il passe ses loisirs à se perfectionner et à imiter les maîtres de la caricature. Il illustre les fables de La Fontaine, le Roman de renard et L’Histoire naturelle de Buffon. Il invente, avant Hergé, Tintin-Lutin, et – en même temps ou après- Onésime, un jeune garçon houppette au vent et pantalon de golf.

Comme Béatrix Potter en Grande-Bretagne, Benjamin Rabier dessine des lapins, mais des lapins Français Monsieur. Des lapins qui ne s’appelle pas Pierre mais Jeannot, et que ne sont pas pastels mais vifs et ardents. Des lapins qui traversent les champs, la campagne et fument la pipe. Son lion s’appelle Brutus, et son chat Mistigri. Cependant ce n‘est pas avec ses lapins que Benjamin Rabier aura le plus de succès. Il dessine aussi un canard. Et Gédéon, le canard mal aimé de sa famille, devient une célébrité en 16 albums sur 16 ans. Il peut même porter la casquette et fumer une cigarette…

Précurseur de la pub, il créé aussi des affiches, pas mal d’affiches. Il dessine la baleine des Salins du Midi, la sardine de Béziers, et même une cour de ferme pour vanter les mérites des machines agricoles et industrielles des établissements Merlin et compagnie, de Vierzon.

Et après tout ça on voudrait que Benjamin Rabier soit Vendéen, voire Parisien. Non, Benjamin Rabier est Berrichon. Et pi pas pu, madame Chaput !

En une image toute une histoire. Dessin de Benjamin Rabier

Un seul L de différence et tout change. Les Anglo-saxons ont Graham Bell, l’inventeur officiel du téléphone, même si c’est un Italien qui l’avait trouvé avant lui. En France nous avons Léon Bel, l’inventeur de La Vache qui Rit. Et là, pas un Franc-comtois pour revendiquer la paternité de la célèbre crème de gruyère. Né en 1878 à Orgelet, Léon Bel prend la direction de l’entreprise familiale, en 1904, à la suite de son père Jules. L’établissement fait de l’affinage et du négoce de comté.

Après la Première Guerre mondiale, et précurseur en la matière, il prend conscience du potentiel de la fabrication industrielle de fromage fondu. Il créée une première boite pour La Vache du Jura, un Fromage pour tartine fabriqué à L.ons-le-saulnier avec pour logo une vache qui porte des lunettes. Un dessin estampillé « d’après Benjamin Rabier » … Il fonde en 1922 la société anonyme des fromageries Bel et dépose la marque « La Vache qui rit » le 16 avril 1921. L‘appellation est une déformation de la Wachkyrie, nom utilisé pour désigner la tête de vache qui ornait les véhicules de l’unité de Bel, déjà dessiné par Rabier, chargée de ravitailler les troupes au front durant la Grande guerre. Le démarrage industriel et commercial du nouveau produit a lieu en 1924 avec l’installation de la marque à Lons-le-Saunier. Il dirigera l’entreprise jusqu’en 1941. On appelle ce type de fromage « crème de gruyère » car il est fabriqué à partir de différents fromages à pâte dure de type Gruyère qui sont fondus. C’est aujourd’hui une marque déposée appartenant au groupe Bel, qui se présente en portions emballées dans de l’aluminium et conditionnées en boite de 8 à 24 parts. Ce fromage étant stérilisé et conditionné hermétiquement il ne nécessite pas de conservation au froid et se garde longtemps sans changer de goût, ce qui lui permet d’être commercialisé très facilement dans le monde entier.

De plus sa texture molle et lisse, en fait un fromage tartinable très pratique à utiliser.

A voir: la bande annonce du documentaire diffusé par BIP-TV sur Benjamin Rabier
 

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