Orléans: Anita Farmine chante “Femmes debout” au collège Montesquieu

Le Théâtre Charbon quittera la salle Gérard Philipe de la Source, en cette fin d’année. La compagnie continue néanmoins un travail d’action culturelle auprès des jeunes les plus éloignés de l’accès à la culture en organisant des résidences d’artistes dans les collèges. Dernière en date, le spectacle “Femmes debout” proposé par le pianiste Vincent Viala et la chanteuse Anita Farmine devant les collégiens de Montesquieu vendredi dernier.

Par Gérard Poitou

Anita Farmine photo GP

En lien avec l’équipe pédagogique du collège, la résidence des deux artistes (la quatrième depuis le début de l’année), a permis à plusieurs classes d’assister aux répétitions et à la mise en place du spectacle, offrant l’occasion aux élèves de découvrir ce travail de construction du spectacle. Ce fut l’occasion d’échanges riches entre artistes et élèves, dont Vincent Viala ne cache pas l’intérêt:“Nous avons aussi beaucoup appris sur notre travail à l’écoute des élèves.”

Et puis vendredi ce fut le spectacle, les collégien(e)s assis(e)s sur les gradins installés par la compagnie, ont découvert  ce spectacle en hommage aux luttes des femmes, de toutes les femmes à travers le monde grâce à la voix polyglotte d’Anita Farmine qui fit voyager les élèves de l’Amérique à l’Iran en passant par le Mexique et l’Italie avant de revenir en France, traduisant en chansons l’universalité du combat féministe. L’évocation par la chanson des grandes figures du féminisme de Rosa Parks, Billie Holiday à Joséphine Baker, mais aussi de l’histoire contemporaine jusqu’à Gisèle Halimi, était servie par la voix chaleureuse d’Anita Farmine faisant de chaque langue interprétée un univers musical original. 

Et la qualité du spectacle prenait  tout son sens devant ces jeunes qui, pour beaucoup, assistaient pour la première fois à un spectacle vivant,  porteur d’un message fort sur la vie des femmes dans nos sociétés.

Interview de Thierry Falvisaner, directeur du Théâtre Charbon

Quel est votre démarche avec les élèves du collège Montesquieu ?
Thierry Falvisaner Le spectacle n’est pas seulement restitué aux élèves, il y a eu un temps de répétition déjà dans le collège, Anita et Vincent sont venus répéter quatre jours en octobre et lors de ces quatre jours il y a déjà eu plusieurs temps de rencontre avec les élèves et des échanges sur le travail en cours. Le principe de ces résidences, c’est d’alterner les temps de travail pour les artistes avec des temps en lien toujours avec les équipes pédagogiques de l’établissement et les jeunes. Dans ce cadre et pour chaque résidence, on rencontre trois ou quatre classes du collège mais aussi des grands du primaire des écoles d’à coté. Il y a un temps d’échange de discussion de monstration du travail en cours.

Comment ça se passe avec les équipes pédagogiques ?
TF C’est un dispositif que l’on a porté avec le chef d’établissement en axant de manière très forte un travail en direction des jeunes des quartiers populaires parce que il y a un vrai manque notamment au niveau des collégiens de ce lien entre les artistes et les jeunes. Nous faisons en sorte qu’ils ne viennent pas juste assister à des spectacles, ce qui est déjà très bien. Depuis le début de l’année on a déjà touché plus de cinq cents élèves sur différents travaux en musique en théâtre, en arts plastique et danse. On multiplie les initiatives pour rapprocher les jeunes des artistes pour leur montrer qu’être artiste ce n’est pas vivre sur une autre planète, ils sont comme eux, ils travaillent, ils cherchent. Et puis à travers les différentes œuvres on propose un travail pédagogique toujours en lien avec les professeurs, qui choisissent les résidences sur lesquels ils veulent travailler . A chaque fois le travail artistique entre en résonance avec un travail pédagogique porté par le professeur.

D’où vient ce dispositif innovant ?
TF C’est un dispositif que l’on a inventé avec le chef d’établissement et qui n’existe pas ailleurs, il y a parfois des résidences dans les collèges mais c’est assez différent puisque à Montesquieu on a même acheté les gradins et on a acheté tout le matériel pour être vraiment dans un rapport à la scène réelle. C’est un engagement très fort entre l’établissement et le théâtre Charbon, on a envie de travailler ensemble parce que ça a du sens pour nous, La question du sens est au cœur de notre démarche avec l’établissement.

Quel est l’avenir de cette action en direction des collèges ?
TF On pourrait développer avec d’autres collèges mais le budget qui nous a été alloué dans le cadre de la Cité éducative a déjà été dépensé d’ici la fin de l’année civile et on a donc encore six mois à tenir. On aimerait bien développer cette démarche mais il nous faudrait des moyens, même si tout le monde nous dit que c’est formidable! Avec le théâtre Charbon, on est souvent à l’initiative de projet sans attendre que le cadre existe sinon on peut attendre très longtemps.

Et les projets du Théâtre Charbon ?
TF Nous quittons le Théâtre Gérard Philipe de la Source dans quelques jours en fin de notre convention avec la ville.
Donc le projet de Théâtre Charbon avec quatre spectacles qui tournent, c’est de multiplier les liens avec ce jeune public qui n’est pas habitué à aller au spectacle, c’est le cœur de notre projet, que ce soit en matière de création, ou de l’action artistique ou pédagogique. Nous voulons nous adresser à des publics qui ne sont pas habitués à des lieux de spectacle, qui n’ont pas accès à la culture: ce n’est pas parce que c’est gratuit que les gens entrent dans les lieux culturels donc tout notre travail c’est de toucher les gens autrement, tout en ayant l’exigence d’amener des artistes de très haute qualité.

Qu’est-ce qui vous motive ?
TF
Je revendique le coté militant de l’éducation populaire, ses valeurs humanistes et pour moi ce doit être au cœur de chaque projet artistique. Nous le revendiquons et je pense que les structures labellisées qui ont beaucoup de moyens devraient s’engager de manière forte vers ces gens qui ne vont pas dans les lieux de spectacles vivants, ce devrait être au cœur de nos projets.
On est dans ce croisement entre le social et l’éducation. Il faut décloisonner les publics, notre projet est d’abord transversal avec toujours une exigence de qualité artistique. Nous ne substituons pas aux professionnels de l’éducation ou du social mais  je porte des projets artistiques ou culturels pour toucher ces jeunes: ça m’émeut profondément de voir des jeunes écouter Anita Farmine et ça a un sens particulier de faire ça dans un collège avec des jeunes qui assistent peut être pour la première fois à un concert.

Propos recueillis par Gérard Poitou

Théâtre Charbon

Vincent Viala et Anita Farmine “Debout les femmes”

 

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