Le budget 2022 ne sera adopté que fin janvier. Mais les orientations budgétaires examinées jeudi soir laissent entrevoir un sérieux tour de vis face à une situation financière jugée très dégradée. Les économies seront donc de rigueur sans que l’on sache où elles seront les plus rudes. Un flou qui trouble l’opposition qui aimerait y voir plus clair. Seule bonne nouvelle : les taux de la fiscalité n’augmenteront pas sauf pour les entreprises.
Par Jean-Jacques Talpin
Redevenu président à l’insu de son plein gré, Serge Grouard ne veut pas apparaître comme le père fouettard. Et pourtant le budget 2022, dont il a présenté les orientations budgétaires jeudi soir, est loin d’être encourageant. « Nous sommes face à une dette qui explose, précise-t-il, et qui pourrait atteindre un milliard d’euros en 2024-2025 (contre 661 millions aujourd’hui). Et une épargne nette négative : ce n’est pas viable et on irait droit dans le mur. » Il faut donc corriger la trajectoire et cela d’autant plus que les 22 maires avaient listé un programme d’investissements de 900 millions (certains parlaient de 1,3 milliard) à engager d’ici à 2026.
Le nouvel exécutif qui a délogé l’ancien président socialiste Christophe Chaillou (resté coi durant toute la session) a donc bâti une nouvelle équation : maintien des taux de fiscalité des ménages (seules les entreprises paieront plus pour le Versement Transport), haut niveau d’investissements (le programme pluriannuel présenté en janvier devrait approcher les 700 millions) et économies à tous les étages. Le plan de réduction des dépenses devrait avoisiner les 27 millions, dont 10 millions pour le fonctionnement. Autre dogme intangible pour Serge Grouard : « La masse salariale sera sanctuarisée, il n’est pas question de réduire des postes », et cela alors même qu’il soutient Valérie Pécresse qui veut supprimer 150 000 postes de fonctionnaires…
La « douloureuse » de Kéolis
Cette nouvelle équation budgétaire portée par Michel Martin vice-président aux finances depuis 20 ans (ce qui conduira la maire de Saran Maryvonne Hautin à demander sa démission comme responsable de la mauvaise situation financière de l’agglomération) fait des heureux. Comme Matthieu Schlésinger premier vice-président, hier opposant et nouvel ami du président qui pourrait s’effacer dans quelques mois pour lui laisser le fauteuil (alors que lui-même lorgne le Sénat).
Mais il fait aussi des mécontents comme Laurent Baude de Semoy ou Christophe Lavialle de Saint-Jean-de-Braye qui dénoncent le flou des orientations budgétaires. Et cela d’autant plus que des inconnues vont peser sur l’avenir comme les dérives de CO’Met et surtout la « douloureuse » de Kéolis. L’exploitant du réseau TAO a en effet présenté une facture de 28 millions pour compenser les effets de la crise, les non-perçus ou encore le surcoût du futur réseau mis en place début janvier. Même si Romain Roy d’Orléans précise que « Kéolis est dans son bon droit », Serge Grouard insiste : « Cette demande n’est pas recevable ».
Par-delà ces questions financières une question identitaire se pose : quelle Métropole, pour quoi faire avec la nécessité de réinterroger son ADN ? Les transferts de compétences (qui ont fait chuter Christophe Chaillou), le surinvestissement, des transferts financiers plus favorables aux communes qu’à la structure communautaire doivent être interrogés. Tout comme l’attitude de certains candidats-maires démagogues qui durant la campagne municipale ont promis monts et merveilles pour des projets qui ne peuvent être financés que par la Métropole.
La Métropole à Châteaudun ?
Quelle place aussi pour la Métropole dans son environnement proche et dans l’aménagement du territoire extra-orléanais ? Un long débat (sanctionné par 18 votes contre et 18 abstentions) a ainsi été porté sur une petite (10 000 euros) participation à une opération visant à revitaliser l’ancienne base aérienne de Châteaudun afin d’y implanter des entreprises en lien avec l’aéronautique mais aussi à relancer l’aviation civile. « Un contre sens de l’histoire », a insisté Jean-Philippe Grand, une « vision du passé ». Pour Serge Grouard, « on est déjà passé à côté du TGV, on ne peut se désintéresser d’un projet qui est à notre porte ». Et quand Matthieu Schlésinger affirme que « la Métropole doit être au service des autres territoires », on comprend que la vision métropolitaine est loin d’être partagée par tous avec les mêmes lunettes. La « petite métropole orléanaise » aurait donc bien besoin de se questionner pour mieux se définir et s’affirmer.
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