“La démission de Maurice Leroy de son fauteuil de député UDI de Loir-et-Cher, et de toutes fonctions politiques afin de mener à presque 60 ans un « nouveau projet professionnel » (sic), prouve, si besoin était, que le Loir-et-Cher et plus largement la vie politique française vont perdre un de ses plus truculents élus. Un de ses meilleurs prestidigitateurs aussi.” écrivions-nous dans Magcentre en 2018. C’est dans la nostalgie d’une droite sans scrupule que devant cinq cent de ses amis réunis au Minotaure de Vendôme, l’ancien ministre de la Ville a reçu le ruban rouge des mains de Nicolas Sarkozy qui lui a rendu un vibrant hommage dans un discours teinté d’humour et d’affection.
Maurice Leroy heureux d’être épinglé par Nicolas Sarkozy. Crédit photo Jean-Luc Vezon.
Par Jean-Luc Vezon
De nombreuses personnalités et hommes politiques avaient fait le déplacement ce 10 décembre pour témoigner leur amitié avec Momo, ce personnage hors norme qui a quitté la vie politique française en 2018. De l’auteur-compositeur Didier Barbelivien au grand patron Gérard Mestrallet, de Jean-Huchon, ancien président socialiste de la région Ile-de-France en passant par Patrick Ollier, ex président de l’Assemblée nationale à Henri Guaino, ancienne « plume » de Nicolas Sarkozy , nombreux étaient les amis de l’enfant du Poislay, pittoresque commune rurale dans le Perche Gouët où il est né en 1959.
Dans l’assistance également, Katia, une proche conseillère de Vladimir Poutine mais aussi beaucoup d’élus locaux de droite et de gauche tels Philippe Gouet, président du département de Loir-et-Cher et Pascal Brindeau, fidèle doublure qui lui a « parfaitement repris le flambeau » de député du Vendômois ou encore le commissaire priseur Philippe Rouillac .
« C’est la première fois que je vais décorer un ancien communiste » a démarré, tonitruant, Nicolas Sarkozy avant de retracer la carrière de l’impétrant : « comme moi, tu as travaillé avec Charles Pasqua qui t’a fait aimé la ville … et maîtriser tes émotions; les engueulades étaient monstrueuses mais toujours avec le cœur ».
C’est auprès de l’ancien ministre corse de l’intérieur, que Maurice Leroy, venu du parti communiste, débute sa carrière ou plutôt la lance véritablement. Auparavant collaborateur d’élus communistes comme Jacqueline Fraysse (ancienne sénatrice-maire de Nanterre), il est remarqué par Charles Pasqua qui le prend auprès de lui comme chargé de mission au département des Hauts-de-Seine. Son rôle sera de mettre en mouvement le Pacte 92 ambitieux programme de rénovation urbaine conjuguant « l’humain et l’urbain ».
Son mentor lui apprendra « le métier » et le premier juin 1997, il est élu député de la 3e circonscription de Loir-et-Cher pour un bail de 20 ans. Durant cette première campagne, Momo qui a rejoint l’UDF, révèle d’étonnantes qualités d’homme de réseaux et … de consensus.
Nicolas Sarkozy qui le choisira comme ministre de la Ville entre 2010 et 2012 va retracer le parcours de cet homme « multiple, inclassable, inenfermable, indomptable » et saluer « son travail remarquable au ministère de la Ville et du Grand Paris qui servira de modèle au Grand Moscou. « Maire, député, président de département de Loir-et-Cher (2004-17), tu incarnes ton territoire mais aussi la fidélité » dira-t-il ajoutant «je suis fier d’être ton ami, tu n’es jamais blasé. La République t’aime et t’es reconnaissante ».
Evoquant ses fonctions de directeur général adjoint de Mosinjproekt chargé, depuis 2019, de gérer les projets du Grand Moscou et de conseiller de Sergueï Sobianine, maire de Moscou, l’ancien président profitera aussi de l’occasion pour insister « sur la nécessité d’une alliance avec la Russie ».
Un appel au rassemblement
L’étiquette de « coco de Charles Pasqua » comme l’avait désigné notre regretté confrère Jacques Bugier collera longtemps à Maurice Leroy, « comme le sparadrap du capitaine Haddock » plaisantera l’impétrant, éternel amuseur, dans un propos empreint d’émotion duquel on retiendra cette phrase emblématique : « J’ai traversé la mer rouge sans renier mon passé. J’assume mon parcours politique ».
Reconnaissant envers ses amis, Momo évoquera pêle-mêle celles et ceux qui l’ont accompagné au long de sa carrière, sa famille bien-sûr, mais aussi ses amis politiques disparus (Eric Raoult, Pierre Fauchon), de l’UDI (Hervé Marseille) ou de projet comme Christian Blanc et l’architecte Roland Castro. Il n’oubliera pas la créatrice du zoo-parc de Beauval, (aujourd’hui dans le top 10 des sites les plus visités de France) Françoise Delord, décédée Il y a quelques jours, pour qui il demandera une minute de silence.
Au meeting de Nicolas Sarkozy à Vendôme, le 8 septembre 2016
Président consensuel et rassembleur d’un département parmi les mieux gérés de France selon la Cour des comptes, Momo dira aussi avec gravité sa crainte de la situation conflictuelle actuelle avec des mots très forts : « Je suis blessé et meurtri. J’en appelle au rassemblement et à l’unité derrière Philippe Gouet pour continuer à faire avancer notre Loir-et-Cher ».
« Ma famille habite dans le Loir-et-Cher, ces gens-là ne font pas de manières … », adepte des chansonnettes, Momo n’oubliera pas d’évoquer Michel Delpech avant de conclure en direction de Nicolas Sarkozy : “Tu manques à la France, l’Europe d’après Angela Merkel a besoin de la vision d’un grand homme et d’une réforme institutionnelle“.
Depuis Moscou où il suit attentivement la vie politique française, Momo très fier d’avoir tout donné à cette République qu’il dit tant aimer, n’est jamais finalement loin d’un come back que beaucoup attendent… nostalgiques !
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