Les trouvailles de La Rêveuse : une rencontre tout en musique avec Florence Bolton

Florence Bolton pétille d’enthousiasme, fourmille d’anecdotes, scintille de passion pour la musique qu’elle ne finit pas d’explorer avec son compagnon Benjamin Perrot. Nous l’avons rencontrée à Orléans, dans les bureaux de La Rêveuse, au sein du conservatoire à l’Hôtel des Créneaux, Place de la République, en plein cœur de ville.

Par Anne-Cécile Chapuis

Aujourd’hui un grand projet thématique autour des liens qui unissent l’homme à la nature fait l’actualité de La Rêveuse. Un projet de grande envergure puisqu’il balaie quatre siècles de musique, qu’il explore des champs improbables comme le chant des oiseaux, qu’il associe des artistes variés comme le théâtre d’ombre et qu’il s’adresse à tout public avec une démarche rapprochée auprès des scolaires.

L’ensemble La Rêveuse continue de faire parler de lui en Orléanais et bien au-delà. Qui n’a pas assisté à un concert, croisé l’opéra bus, entendu un enregistrement, participé à un atelier de musique ancienne ou lu une critique dans la presse spécialisée ? Et pourtant la Rêveuse continue d’explorer, creuser, dénicher (sic!) des musiques inédites ou inconnues. Et c’est le thème des oiseaux qui est leur thématique privilégiée pour la programmation 2021/2022. L’on pourrait imaginer un concert tout simple, avec les compositeurs, nombreux, qui se sont inspirés de ces oiseaux représentant le mythe de la musique par excellence.

Mais La Rêveuse va beaucoup plus loin. Florence Bolton a fait un véritable travail d’historienne, de musicologue et de naturaliste ! Elle est partie du chant des oiseaux qui a toujours fasciné les musiciens. Ce chant inaccessible quand on sait que le rossignol peut émettre jusqu’à 36 notes par seconde, impossible à transcrire, inégalable et pourtant si mélodieux, a de tous temps inspiré les plus grands musiciens qu’ils soient compositeurs, instrumentistes ou facteurs d’instruments. Tout était bon pour un support à la recherche pour ce chant si proche, si familier et pourtant insaisissable.

Et de citer Jean-Philippe Rameau (la poule) et ses contemporains de la musique baroque, mais aussi Ravel ou Saint-Saëns et son célèbre Carnaval des animaux. « Ravel a la finesse du XVIIIe siècle pour relier les univers autour du thème des oiseaux », explique Florence Bolton.

Au siècle de Buffon, on observe, on analyse, on classe, on répertorie. Les oiseaux ont une place à part entière puisque l’on connaît des oiseleurs ou même des « gouverneurs des serins ». En musique, les allusions métaphoriques font place à des effets réels, l’on assiste à une profusion d’instruments qui, du flageolet à la serinette produisent les sons les plus proches de ceux de nos amis ailés. C’est l’époque des boîtes à musique et des automates où sont mis en scène des oiseaux plus vrais que nature.

Un grand projet décliné en plusieurs dimensions

C’est tout cet univers qui sera proposé au public en trois grands volets : le « concert des oiseaux » les concerts-conférences et « le rossignol et l’empereur de chine ».

Le premier volet est donc un concert pas tout à fait comme les autres puisque les instruments atypiques côtoieront les violes ou théorbe de la Rêveuse, et aussi parce que les compositeurs s’écarteront du XVIIIe siècle pour aller vers nos contemporains, de Purcell ou Couperin jusqu’à Britten, Milhaud ou Ravel, avec les arrangements de Vincent Bouchot, compositeur.

Ce propos sera également décliné lors de concerts-conférences qui feront la part belle aux démonstrations, illustrations sonores et visuelles. « Longtemps confinés à la « petite histoire » et aux fables leur histoire n’a cessé de croiser la nôtre et de générer des pages et des pages de récits fabuleux, de Pline l’Ancien, à Buffon et Andersen. »

Pour le troisième volet, la Rêveuse s’associe au Théâtre d’ombres avec Cécile Hurbault de la compagnie Jeux de vilains, et produira un spectacle un peu magique racontant l’histoire de cet empereur entiché de son inséparable rossignol.

Ce projet a été monté dans le cadre de la Cité Educative associant la mairie d’Orléans, la Préfecture, l’Education Nationale et les musées. Des séances sont prévues en milieu scolaire notamment dans les établissements des quartiers prioritaires de La Source ou l’Argonne.

Les élèves sont sensibilisés au projet par leurs enseignants et l’intervenante Dumiste Véronique Formont, participent à des visites de musée, s’interrogeront sur l’apport des oiseaux à la musique. Le message a un soubassement écologique, d’éveil, et accompagne les élèves vers l’écoute de la musique. Toute la musique, laquelle ne se rencontre pas que dans les salles de concert mais au quotidien et au plus proche de chacun.

Un joli message à découvrir et à propager sans modération avec les trouvailles de Florence Bolton et Benjamin Perrot qui, accompagnés de leurs partenaires et complices, sauront démontrer que la musique peut être accessible à tous. Comme les oiseaux des villes ou des champs qui sont les premiers virtuoses offerts à nos oreilles.

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