Epinglé le 21 novembre par Mediapart pour utiliser les moyens de son mandat de parlementaire à des fins de promotion personnelle, Guillaume Peltier est sous le coup de nombreuses critiques. Son positionnement politique très à droite pourrait menacer la fragile majorité au conseil départemental.
Par Jean–Luc Vezon
Guillaume Peltier ne finit pas de faire le buzz. Après son passage au Grand Jury RTL LCI en mai dernier où il avait déclaré souhaiter que les étrangers fichés pour terrorisme soient systématiquement expulsés du territoire et exprimé sa proximité avec Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers. Cette sympathie publique lui avait valu une sévère remontrance de la part de Christian Jacob, patron des Républicains et la destitution de son titre de N°2 du parti gaulliste, le député de Sologne est une nouvelle fois mis en cause par Médiapart.
Après des rumeurs persistantes de ralliement au crypto-candidat Éric Zemmour de la part d’un élu naguère membre du Front National , Guillaume Peltier se déclare jusqu’à aujourd’hui, soutien de Xavier Bertrand avec qui il déambulait le premier septembre dernier dans les allées du Zooparc de Beauval.
Après les attaques du journal Le Monde du 1° juin qui pointait la démission d’une vingtaine de ses assistant(e)s parlementaires entre 2017 et 2021 à la suite « d’un rythme de travail effréné, de demandes de tâches sans cesse urgentes, de nombreux messages nocturnes et du manque de considération » , Guillaume Peltier devra cette fois justifier le fait « qu’il a mis en place un système, reposant sur de l’argent public, pour faire tourner des structures servant sa carrière personnelle ». Selon des documents consultés par Mediapart, “recoupés par les témoignages de neuf anciens collaborateurs et collaboratrices”, « le député LR, qui se rêve un destin présidentiel, a fait fonctionner des micro-partis à son service en utilisant un personnel pléthorique payé avec de l’argent public de l’Assemblée nationale ou de la région Centre-Val de Loire ».
Autre affirmation : le recours à des collaborateurs payés sur fonds publics dans le cadre de l’exercice de ses différents mandats pour faire tourner « Les Populaires » et « Les Amis de Guillaume Peltier », ses deux micros partis tandis qu’un autre, dont le contrat de travail était enregistré à la Région, aurait été mobilisé pour la promotion de son livre Milieu de cordée.
« L’équipe était forcée de téléphoner aux gens, faire adhérer, il y avait des tableaux à remplir sur Google Docs. On passait notre vie à faire ça, c’était une usine à gaz, le soir, le week-end…», témoigne par exemple ainsi un ancien collaborateur du député. Le site épingle également ses relations avec des patrons comme Thierry Roussel (Girard Sudron), Régis Ricton (Easy Shower) ou Nicolas Mazzesi (château de Selles-sur-Cher), qui sont aussi de généreux donateurs. L’enquête revient également sur sa relation avec ses collaboratrices dont certaines ont fait les frais … sans oublier Christina Brown, limogée de son poste de secrétaire départementale LR, dont Guillaume Peltier préside les instances départementales.
Une grosse épine dans le pied de la majorité départementale
Victorieux avec 130 voix seulement d’avance lors des dernières élections départementales sur le canton de Chambord, Guillaume Peltier est également sous le coup d’une procédure administrative en annulation engagée contre lui par Jérémie Demaline, candidat communiste à cette même élection. Avec Cléo Marchand (PS), ce dernier avait obtenu 11,23 % des voix sous la bannière d’union des gauches « Loir-et-Cher en commun ».
« J’ai constaté plusieurs manquements graves au Code électoral qui pourraient avoir entaché la sincérité du scrutin : dépassement du budget de campagne de 22 515 € ; vidéo très tardive sur Facebook [1 600 vues], sans possibilité d’y répondre avant le 25 juin à minuit ; diffusion de fausses informations en violation de l’article L.97 du Code électoral ; utilisation de moyens de l’Assemblée nationale [fichier, collaborateurs…] et ceux du Conseil départemental [collaborateurs, photographies] ; distribution de plusieurs milliers de tracts “pirates d’impression monochrome, sans mentions légales d’usage tantôt signés par le maire de Huisseau-sur-Cosson, Joël Debuigne, tantôt par MM. Peltier et / ou Perruchot, sans oublier Patrice-Martin-Lalande, ex-député de Sologne » explique le militant.
Si le juge administratif devait in fine invalider cette élection, c’est toute la majorité UPLC au département qui tremblerait. Philippe Gouet son président ne dispose en effet que de deux voix de majorité face à une opposition unie et vent debout. Déjà empêtré malgré lui dans la gestion des affaires Perruchot (l’opposition a demandé un audit), le député, par ailleurs, coprésisident du groupe de la majorité au conseil départemental de Loir-et-Cher est un allié indispensable mais bien encombrant.
Une page Facebook
Il est sous les feux des réseaux sociaux, et en particulier du site Facebook de l’Observatoire des populismes en Sologne et en Loir-et-Cher. Constitué récemment, ce groupe « exerce une veille face aux comportements populistes, extrémistes et affairistes constatés sur le territoire ». On y trouve des membres d’EELV (Yann Laffont) mais aussi du MoDem (Marie-Hélène Millet, Jean-François Mortelette …), d’anciens macronistes comme Christine Jagueneau (ex référente LREM), des progressistes (Frédéric Orain, ex premier fédéral PS) sans oublier Jean-Luc Brault, l’influent maire du Controis-et-Sologne et candidat malheureux contre Guillaume Peltier en 2017 (46,07). Cette union sacrée représentait au total 375 membres au 27 novembre.
Le site, qui tape allègrement sur la droite ultra, a dans le viseur l’ancien secrétaire général du Mouvement pour la France et bras droit de Philippe de Villiers. « Des personnes font de la politique business pour satisfaire leurs ambitions personnelles en utilisant des territoires comme marchepied et en cultivant la haine de l’autre, en usant de fake news et en appelant sans cesse aux plus bas instincts des électeurs » écrit ainsi sur son mur l’Observatoire des populismes en Sologne le 21 novembre dernier.
Le feuilleton Peltier n’a donc pas fini d’alimenter la chronique politique loir-et-chérienne, un département réputé modéré mais soumis comme la société française à la montée des extrémismes et à ses turbulences.