Un beau concert a eu lieu ce dimanche soir dans l’ambiance feutrée et un peu fraîche de l’église Saint Marceau. En effet, une panne de chauffage a mis le public en résonance avec la musique venue de Russie, comme le soulignait Philippe Burgevin, chanteur et co organisateur du concert. Mais ceci a cependant été très vite oublié avec la ferveur communicative des seize choristes qui ont interprété de façon magistrale de belles pièces du répertoire liturgique orthodoxe.
Par Anne-Cécile Chapuis
L’ensemble Cantamici présenté par Philippe Burgevin lors du concert du 14 Novembre 2021 à Saint marceau. Photo Anne-Cécile Chapuis
Le programme aurait pu paraître quelque peu sévère a priori avec le choix du répertoire liturgique du XIXe siècle, mais surtout par le focus mis sur les hymnes des chérubins issus de la liturgie de Saint Jean Chrysostome, dont pas moins de cinq versions ont été proposées. Mais ce fut au contraire un moment de grande musicalité et de belles découvertes. Approcher sur un même texte des compositeurs aussi différents que Bortniansky, Tchaikovsky, Glinka, Rachmaninov ou Sakhnovsky a été un régal pendant une soirée très appréciée du public venu nombreux.
Un ensemble semi professionnel
Cantamici, littéralement « le chant des amis », est né de la volonté de quelques choristes ayant travaillé avec Philippe Caillard (un chef de chœur, pédagogue et directeur des éditions éponymes qui a révolutionné l’art du chant choral), de poursuivre l’aventure de la musique vocale polyphonique. Composé de chanteurs ayant une solide formation musicale et vocale, solistes, enseignants voire chefs de chœur exerçant sur Orléans ou Paris, cet ensemble a vu le jour en 2015. Dirigé au départ par Alejandro Sandler, chef d’orchestre de l’ensemble orchestral Lutetia, il a à son actif plusieurs concerts consacrés à Mozart, Vivaldi, Fauré, sans oublier une prestation mémorable avec la Missa Criolla de Ramirez à Orléans et Paris en 2019. Il est aujourd’hui placé sous la baguette d’Ariel Alonso.
Un chef de chœur aguerri pour son premier concert avec Cantamici
Ariel Alonso a une biographie impressionnante. Après des études et diplômes en Argentine, son pays d’origine, il poursuit ses formations et sa carrière en France depuis 1987. Ses distinctions en matière de direction de chœur et d’orchestre l’entraînent sur les plus grandes scènes de France ou à l’étranger.
Ariel Alonso, un chef de chœur sympathique et convivial après son premier concert avec Cantamici. Photo AC Chapuis
Aujourd’hui professeur titulaire au conservatoire de Paris XVIIIe et de Créteil, il est souvent sollicité pour des stages, jurys et master classes, et il est impossible de citer le nombre d’ensembles vocaux qu’il a dirigés, ou qu’il dirige encore. L’aventure avec Cantamici vient de démarrer. « C’est mon premier concert avec Cantamici, mais pas le premier concert de ma carrière, rassurez-vous ! » explique-t-il au public avec lequel il établit rapidement une relation empathique. Sa direction sobre et efficace est appréciée des choristes qui, de plus, soulignent le contact chaleureux, les techniques efficientes de mise en voix et les idées musicales de ce personnage qui sait mettre en valeur les potentialités de l’ensemble. Un pari réussi dans une performance à saluer quand on sait que la rencontre autour de ce programme, beaucoup moins évident qu’il n’y paraît, s’est effectuée en seulement deux dimanches de répétition.
De belles voix pour un beau programme
L’ensemble sonne et résonne. De belles voix de basses, élément indispensable dans ce répertoire, portent l’ensemble, très homogène, où les solistes font merveille. Un solo de Philippe Rabier, basse, dans une pièce de Chesnokov, fait vibrer toute l’église. Une très belle prestation d’Emilie Trigo, soprano, avec accompagnement de voix d’hommes dans un vieux chant orthodoxe, est un enchantement, et un trio de voix de femmes de Tchaikovsky entraîne des applaudissements nourris et hautement mérités.
Dans les coups de coeur, l’on pourrait souligner, de façon toute subjective, l’hymne des chérubins de Glinka et celle de Borniantsky, notamment dans la version reprise en bis à la demande insistante du public, ravi et comblé par ce beau concert.
Cantamici sous les belles orgues de l’église Saint Marceau. Photo Anne-Cécile Chapuis
Cantamici est un ensemble à suivre dans ses projets divers et variés qui vont prochainement l’emmener du côté de Chérubini, avec le Requiem pour chœur solistes et orchestre prévu pour 2022. Encore une belle soirée en perspective.
Pour en savoir plus : https://www.cantamici.fr