Cet homme a la fraîcheur furieuse de la fantaisie qui saisit et qui charme. Dans son nouveau seul en scène, « Dessine-moi un piano », nouvelle création de l’artiste, mélomane et musicien, spectacle accueilli avec bonheur par le CADO, Centre National de Création Orléans Loiret, Jean-Paul Farré enchante. A la salle Vitez du Théâtre d’Orléans, voici un étourdissant concert burlesque donné dans une mise en scène de Stéphane Cottin. C’est magique, réjouissant et touchant.
Par Jean-Dominique Burtin
Jean-Paul Farré à l’instant du salut. Photo : Jean Dominique Burtin
Verve fine et performance
Ce vendredi, lors de la première donnée devant une salle comble et sur le plateau articulé par une délicieuse scénographie, Jean-Paul Farré se déclare, avec une fine verve, astiqueur de piano, blanchisseur de touches, remplaceur de pédale au pied levé, tourneur de pages forcené … Mais ce savant valseur se met au clavier, entre même dans la peau du piano, cet être qui l’a accompagné toute sa vie et qu’il prépare, depuis des lustres, nous dit-il, en bon chauffeur énergique et sensible. L’essentiel est ainsi que cette machine à l’intelligence non artificielle se présente en parfait état pour le récital d’un maestro vibrionnant ou pour ces élèves qu’admirent inexorablement leurs parents.
Tendre chahut et récital en doux majeur
“Je suis l’Auguste, lui le clown blanc sauf qu’il est noir” glisse-t- il malicieusement pour parler de cet instrument sur écoute. La note perdue, la minute de silence, l’accord final, cette signature du compositeur déclare-t-il avec une ébouriffante admiration, sont quelques-unes des évocations de ce florilège théâtral et musical où le bon mot n’est jamais gratuit mais toujours bouleversé, bousculé, chahuté par le jeu de feu et de tendresse de l’acteur.
Avec cet entre-soit de présences, ce bel acteur, fanfaron de sens, nous fait amoureusement cingler vers les univers de Pierre Etaix, Charlie Chaplin, Buster Keaton, Maurice Baquet. Mais surtout vers ceux de Jean-Paul Farré lui-même, cette belle présence à la chevelure de voie lactée et à la pupille tumultueuse d’un titi parisien saisi par l’objectif de Marcel Doisneau.
Sur le tempo d’une performance effrénée
Avec « Dessine-moi un piano » place à la poésie, à la chanson réaliste, à un moment de théâtre effréné et de complicité qui désarçonne. Ici, une fois encore, le comédien et Stéphane Cottin, son metteur en scène, nous invitent à partager un superbe instant en noir et blanc à la fois théâtral et cinématographique. Voici une performance réjouissante, à l’enfance crissante, captivante. On y rit, on y sourit. C’est à la fois délicieux de burlesque et si touchant. Car cet artiste a bel et bien l’art de parler de la vie et de nous offrir, à souffle éperdu, son cœur désaccordé.
“Dessine-moi un piano”
Spectacle conçu imaginé et « partitionné » par Jean-Paul Farré
Mise en scène de Stéphane Cottin
Costumes : Chouchane Abello-Tcherpachian
Lumière et vidéo Léonard
Représentations jusqu’au 25 novembre, salle Vitez, Théâtre d’Orléans
Le jeudi 18 novembre à 19 heures.
Le vendredi 19 novembre à 20h30.
Le samedi 20 novembre à 20h30.
Le dimanche 21 novembre à 15 heures.
Le mercredi 24 novembre à 19 heures
Le jeudi 25 novembre à 20h30.
En raison des dispositions sanitaires, Pass impérativement requis à l’entrée du Théâtre. Port du masque obligatoire.
En savoir plus : www.cado-orleans.fr