Lors du conseil municipal d’Orléans de mercredi soir, les questions culturelles sont venues en discussion à plusieurs reprises, d’abord pour nous apprendre que le projet de lieu artistique aux Vinaigreries était définitivement abandonné, on le savait déjà mais rien n’a filtré quant au devenir de ce lieu stratégique en cœur de ville. De même nous n’avons rien appris sur le projet de salle de musique actuelle pour laquelle on cherche toujours une implantation dont rien a filtré. Restait la situation du Théâtre d’Orléans dont le poste de directeur reste aujourd’hui vacant, le ministère tardant visiblement à prendre une décision de recrutement.
Par Gérard Poitou
La question du Théâtre d’Orléans est un “non-sujet” pour William Chancerelle, l’adjoint à la culture, une situation financière saine pour Michel Martin, l’adjoint aux finances, le principal bailleur de fonds de cette structure hybride semble ainsi ignorer les problèmes récurrents soulevés par le directeur sortant qui conduisent le ministère à réfléchir à une restructuration organisationnelle. Laquelle et avec quelles conséquences pour l’offre culturelle ? Quel projet défend la ville dans cette négociation, nous n’en saurons rien. A défaut, Ludovic Bourreau, conseiller municipal d’opposition (liste Carré) nous a fait part de son rendez-vous au ministère sur ce sujet, rencontre qualifiée d’interférence inacceptable par le maire d’Orléans le soir même en conseil municipal.
Interview
Vous avez en tant que conseiller municipal sollicité une réunion au ministère de la culture à propos du Théâtre d’Orléans. Pourquoi ?
Ludovic Bourreau J’ai demandé ce rendez-vous à Stéphanie Rist en tant que députée du Loiret en juillet, il se trouve que c’est tombé la semaine dernière. Je voulais m’emparer de ce sujet parce que je suis très attaché au théâtre et s’il n’y a pas de menaces, la question reste quel projet voulons-nous pour ce théâtre ? Sachant que les discussions tardent à aboutir depuis des années, et depuis des années on parle du renouveau de ce lieu. On connaît les problèmes: la lisibilité de l’offre, les stratégies de communication qui sont presque antinomiques les unes des autres, les Orléanais n’y comprenant pas grand chose, l’animation du lieu, c’est un lieu de consommation de spectacles, mais il faut rendre vivant ce lieu culturel essentiel. Lorsque j’étais au théâtre dans la journée pour tenir des expositions, je voyais bien que ce lieu ne vit pas en journée. Ce dont j’ai envie, c’est que les Orléanais sentent que c’est un lieu vivant, que cette esplanade soit aussi investie, un lieu où il se passe des choses toutes la journée et pour ça il faut revoir l’organisation de fond en comble, c’est un sujet technique complexe. C’est donc dans une démarche positive que j’ai demandé cette réunion au ministère, c’est pour que tout le monde aille dans le même sens, ce n’est pas une critique de qui que ce soit sur ce dossier. Par ailleurs, je suis très critique à l’égard de Serge Grouard pour sa non-politique culturelle mais au moment où il y a un sujet: “Monsieur le Maire prenez le dossier!” On ne sent pas cette volonté, c’est dommage, moi je souhaitais que l’on aille tous dans le même sens, opposition et majorité que l’on aide à notre niveau à faire avancer le dossier.
Et que pense-t-on du Théâtre d’Orléans au ministère ?
LB La bonne nouvelle, c’est que tout le monde est au courant très précisément du dossier, la ville, le DRAC, le ministère et la préfecture (qui avait fait un audit en 2016 ndlr). L’important aujourd’hui c’est le recrutement d’un nouveau directeur de la Scène Nationale, il ne faut pas louper le coche, il faut que ce directeur ne soit pas de l’intérim deux ans, il faut que le directeur qui arrive prépare le renouveau du théâtre dans deux ans, deux ans c’est demain. La clef c’est le recrutement d’un directeur qui travaille à ce renouveau. Dans l’idéal, il faudrait un lieu de fabrique pour le CDN, comme dans beaucoup de villes, mais est-ce que le maire d’Orléans est prêt à financer une rénovation d’église pour le CDN pas trop loin du théâtre? et comme ce n’est pas dans son programme, on se dirige vers une possible fusion des structures quelque en soit la forme. Personne ne peut se satisfaire de la perte d’un des labels, ce serait une perte pour notre territoire et il est indispensable de garantir la diversité culturelle de ce lieu et là on revient à la perception qu’en ont le Orléanais, les Orléanais ne sont pas tous attachés aux labels, ils vont au théâtre et ce que veulent les Orléanais c’est qu’on préserve la diversité au sein de ce lieu.
Le Théâtre Gérard Philipe pourrait s’intégrer dans cette réorganisation de l’offre ?
LB Rattacher le Théâtre Gérard Philipe au Théâtre d’Orléans pourrait être une stratégie avec une programmation et ça éviterait de réserver cette salle au jeune public. qui est un non-sens parce que le TGP est un théâtre de territoire, le théâtre d’une ville, la Source est plus qu’un quartier, et il n’y a aucune raison que ce théâtre soit réservé au jeune public, même si on a une richesse de propositions. Le projet qu’avait Thierry Falvisaner était un projet pertinent, on l’a écarté du TGP, on l’a mis ailleurs et il a rebondi en faisant un travail formidable de résidences artistiques à moindre coût, il faudrait vraiment que la ville s’en empare. On a vraiment pris une mauvaise direction pour le TGP, on nie ce territoire et on nie le rôle que peut jouer le théâtre sur un territoire.
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