Dune, un engouement justifié

Denis Villeneuve, réalisateur canadien qui a déjà fréquenté la science-fiction, s’est emparé de Dune. Il en fait un film somptueux qui respecte les lois du genre, en racontant minutieusement une partie de l’histoire de Paul Atréides. Une deuxième partie complétera ce space opera.

Par Bernard Cassat

La planète Dune. Photo Warner-Bros-Entertainment

Dune, l’histoire des Atréides racontée par Franck Herbert, est un monument, non seulement par son ampleur ni par la richesse de ses thèmes, mais aussi par l’accumulation de commentaires qu’il a occasionnés et son importance dans le monde des livres. Publié en 1963, il a fait un chemin remarquable parmi les lecteurs de science-fiction, et a réussi à sortir de cette catégorie et à s’ouvrir à un public plus large. Cette histoire a bien sûr attiré des cinéastes. David Lynch s’y est cassé les dents en 1984 (!), refusant de signer le montage que les studios ont sorti après l’avoir évincé. Jodorovski aussi a échoué un peu plus tard.

Des évocations enrichissantes

Cette nouvelle version du canadien Denis Villeneuve était donc attendue, et a fait son bruit commercial au moment de sa sortie, comme tout blockbuster qui se respecte. Alors oui, le livre est totalement respecté. Alors oui, tous les codes de la science-fiction sont eux aussi respectés, espace sidéral, engins volants et autres nefs intergalactiques, batailles spectaculaires et vocabulaire futuriste. Mais au-delà de cela, qui représente tout de même une grande partie du film par ailleurs remplie d’images sublimes et de trucages qui raviront les amateurs, l’histoire tirée du livre est magnifiquement racontée. Les thèmes, assez classiques pour le genre, le pouvoir, la trahison, les mutants et les visions de l’avenir, s’imposent par l’incarnation des idées dans des personnages consistants. Il y a donc une vraie confrontation de chaque individu à son groupe. Tout cela dans des ambiances évocatrices qui enrichissent le propos. Le pouvoir, par exemple, avec ces bataillons de soldats identiques alignés sur des aires d’aéroports, évoque évidemment le nazisme et ses cérémonies esthétiquement travaillées. Alors que ce soient des SS, des Sardaukars ou des Harkonens, peu importe, l’Histoire du monde est convoquée dans l’image et donne un poids remarquable à la narration. D’autant plus qu’à d’autres moments, on est plutôt du côté des pays arabes, dans ce désert magnifiquement filmé, avec des Sardaukars qui ne sont pas sans rappeler Al Quaida. Le thème du sauveur, présent dans le roman, ce Kwisatz Haderach ou Mahdi acclamé par une foule voilée très orientale, pourrait être chrétien, juif ou musulman, ne retenant que l’idée et non son application.

Le thème, contemporain s’il en est, de l’eau, très présent dans le roman mais un peu moins dans le film, va peut être se développer dans Dune 2, puisqu’il va y avoir une suite. En revanche, l’idée du Bene Gesserit, la puissance féminine, est mise par Denis Villeneuve à une place de choix. Paul Atréide, en effet, aurait dû naître fille. Jessica, sa mère, a outrepassé les enseignements de son ordre pour combler son mari. Paul est donc bien celui qui réunit en lui même les deux forces masculines et féminines. Et peut donc prétendre à sauver le monde. Idée simple mais qui fait du bien dans ces temps troublés par les interrogations sur le genre.

Paul Atreide et son amie Fremen. Photo Warner-Bros-Entertainment

Dune a totalisé 2,9 millions entrées, le dernier James Bond venant de le dépasser à 3,150 millions. Pour un film de science-fiction, c’est une belle réussite. Ces deux films sont parmi ceux qui font revenir les gens dans les salles et c’est tant mieux. Surtout quand la réussite est justifiée. Alors pourquoi pas cette vision futuriste du monde avant la semaine tournée vers l’Histoire qui s’annonce avec Récidive.

Dune

Réalisateur : Denis Villeneuve

Scénario : Jon Spaihts Denis Villeneuve, Eric Roth, d’après le roman de Frank Herbert

Interprétation : Thimothée Chalamet, Rebecca Fergusson, Oscar Isaac, Stellan Skarsgard, Stephen McKinley Henderson, Josh Brolin, Jason Momoa, Javier Bardem

Musique originale : Hans Zimmer

Photographie : Greig Fraser

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