Marche pour le climat, en campagne aussi

Ce sont 51 manifestations qui sont prévues, en France, à l’occasion de La journée mondiale d’action pour la justice climatique, ce samedi 6 novembre. Si les grandes agglomérations, Paris Lyon, Strasbourg, Orléans, ou Nantes font figures de prou, dans les petites villes de campagne, la mobilisation existe aussi. Parfois, aux slogans génériques s’ajoutent des particularités, comme à Romorantin où la lutte contre l’engrillagement s’est invitée.

Par Fabrice Simoes

Ce week-end, les détracteurs de la décroissance vont crier haro sur le baudet contre les bobos-écolos des villes. Ce week-end, les aboyeurs de la consommation à-tout-va vont hurler au loup devant tant d’ingérence dans la gestion de notre société. Ce week-end, que diront les tenants de la croissance sans mesure de ces manifestants des campagnes, ceux de province, gens de peu, gens de rien, gens des plaines et des bois qui vont manifester lors de La journée mondiale d’action pour la justice climatique ? Ben juste que les bobos-écolos des champs, ça existe aussi ! Défense d’un mode de vie, pour certains. Volonté de changement pour d’autres. Dans des romans d’anticipation et de gares, des années 1980, Philippe Randa, bien connu chez les amis du bar de la Marine, expliquait déjà sa vision future du monde, avec ses Écologistes de combat. Le prosélytisme, même foireux, se niche parfois dans les moindres plis du quotidien.

Ce week-end, à Mauze-sur-le-Mignon (Deux Sèvres), village de 2700 âmes, la manif sera interdite, comme dans une grande ville. Par contre, ce week-end, à Romorantin-Lanthenay, au cœur de la Sologne, comme en une cinquantaine d’autres lieux, une marche pour le climat est autorisée. « La Marche pour le Climat est prévue partout dans le monde au moment de la COP26. Il y a urgence. Peut-être notre dernier espoir à enfin passer à l’action ! », explique le communiqué de Saffran Espouy, récemment engagée avec EELV, qui a tenu à apporter une note très locale en précisant que « en Sologne nous avons à cœur de préserver notre extraordinaire biodiversité. L’engrillagement de la forêt nous touche tous et il est impensable que le Petit Solognot et l’association Les Amis des Chemins de Sologne se voient poursuivis pour avoir fait leur travail, nous renseigner … »

Une association de défense de la propriété privée

Une marque de soutien aux récents mis en examens qui vient s’ajouter à celles de nombreux habitants de la Sologne, d’ailleurs aussi, d’associations, d’élus comme les députés de Sologne du Cher et du Loiret, mais aussi des Alpes Maritimes. Des médias spécialisés, à l’image du Chasseur Français, ont pris fait et cause pour nos collègues du Petit Solognot. « Il est des nouvelles qui nous font mal, celles qui touchent la liberté de la presse, et nous nous devons de soutenir nos confrères du Petit Solognot qui doivent faire face à une mise en examen pour avoir dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas », est-il écrit dans ce mensuel référent dans le domaine de la chasse.

De-ci, delà, certains avancent la vieille idée de la fin du siècle dernier de création d’un Parc Naturel Régional de la Sologne. Un projet qui devrait faire bondir l’Association pour la défense et la protection de la propriété privée pour la région Centre-Val de Loire, dont le siège social est à Chaumont-sur-Tharonne. L’association a été déclarée officiellement le 30 mai 2020 (annonce 455 du JO, n°22). Déclaration que l’on peut, éventuellement, mettre en parallèle avec le courrier de François Bonneau et Nicolas Vannier envoyé à la ministre de l’Écologie. C’est la reproduction de cette dernière missive qui est source des déboires judiciaires actuels du journal solognot.

Pierre-Joseph Proudhon en serait fou. Le vieil anar répondait, quelques années avant Germinal, « le vol » à « Qu’est-ce que la propriété ?». Dès lors, une association pour la défendre lui causerait une tempête de réflexions. D’autant que, sur la page référente d’un réseau social, on peut lire : « Le droit de chasse est une conquête de la Révolution sur l’Ancien Régime. Avant cela, comme chacun le sait, celle-ci relevait d’un privilège seigneurial… » Avec une telle tirade on pourrait envisager de recycler facilement des textes des Tontons flingueurs de Michel Audiard !

Chacun sait que, hors vase clos comme une propriété trop bien grillagée, les associations subsistent financièrement grâce aux cotisations, aux dons, et à l’organisation de manifestations. On a hâte de voir la publicité du prochain bingo local. Parce que, en réunion de bureau, la question essentiellement devrait être « dans la région, on met Loto, Quine, ou Rifles sur les affiches ».

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