Le dépistage du cancer du sein régresse

Consacré à la campagne de lutte contre le cancer du sein, symbolisée par un ruban rose, le mois d’octobre se teinte en incarnadin. Une conférence de presse régionale a eu lieu le 8 octobre dernier pour faire le point sur le dépistage organisé (DO) et la prévention du cancer du sein. Le sujet est d’importance et la situation critique.

Par Jean-Paul Briand
E Delacroix. Liberté guidant le Peuple

Compte tenu de la gravité du thème et des difficultés rencontrées par les campagnes de dépistage, le directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et la directrice de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Loiret (CPAM45) participaient en personne à la conférence.
Le Docteur Sylvain TEILLET, médecin responsable du Centre Régional de Coordination des dépistages des Cancer du Centre Val-de Loire (CRCDC-CVL) a rappelé que l’OMS estime que dans le monde une femme sur huit risque d’être frappée par un cancer du sein. En France, c’est le cancer le plus fréquent des cancers féminins et la première cause de décès par cancer chez la femme. Une française sur 1000 pourrait être atteinte. Depuis 2004 une démarche de santé publique nationale de dépistage organisé (DO) du cancer du sein a démarré pour toutes les femmes de 50 à 74 ans, sans symptôme et a priori non demandeuses de soins.

La région Centre-Val de Loire, bonne élève du dépistage

Pour qu’il soit efficient le dépistage doit atteindre un seuil minimum de 70% de la population cible. Après avoir augmenté jusqu’en 2011-2012 pour atteindre un pic à 52,4 %, la participation au programme de dépistage du cancer du sein est en diminution constante. Pour 2020, la France n’atteint que 45,6% de participation mais l’épidémie de Covid est en partie responsable de ce très mauvais chiffre. La région Centre-Val de Loire, bonne élève du dépistage, pointe à la troisième place avec 51,8% de participation. Pour 2019-2020, les taux de participation sont, par ordre décroissant, de 55,9% en Indre et Loire, 54% en Loir et Cher, 51,2% dans le Cher, 50,7% en Eure et Loir, 49,4% dans le Loiret et l’Indre ferme la marche avec 48%. Malgré un dépistage en régression, la mortalité du cancer du sein est en baisse depuis les années 1990 alors que l’incidence est en augmentation. Le dépistage, l’arrêt d’au moins 40% des prescriptions de traitements hormonaux de la ménopause à partir 2006 et l’amélioration des traitements se partagent cette réussite sans que l’on puisse déterminer précisément la part attribuable à chacune de ces actions. Selon les études, l’effet bénéfique du DO sur la mortalité serait de l’ordre de 15 à 21%.

Il n’existe pas de dépistage totalement inoffensif

Durant la conférence de presse, le Docteur Hélène GBAGUIDI, gynécologue obstétricienne au Centre Hospitalier régional d’Orléans (CHRO) a expliqué qu’une détection précoce par DO peut permettre d’interrompre le cours naturel de la maladie avec un traitement curatif beaucoup moins agressif. Elle craint que la publicité excessive, en particulier dans les réseaux sociaux, des effets nocifs liés au dépistage, tels que les sur-diagnostics*, soit en partie responsable de la mauvaise adhésion de beaucoup de femmes au DO. A ce jour, l’appréciation des sur-diagnostics est très difficile et les études varient de 1% à 30% selon les auteurs. Il n’existe pas de dépistage totalement inoffensif, mais pour les personnes éligibles aux campagnes nationales les bénéfices des DO du cancer du sein, des cancers du colon-rectum et du col de l’utérus, sont nettement supérieurs aux effets néfastes.

Il est essentiel de promouvoir la lutte contre les facteurs de risque évitables

Prévention et dépistage sont souvent confondus. Pour prévenir une maladie cancéreuse et essayer d’en diminuer le nombre de personnes atteintes, il faut en connaître les causes ou ses facteurs de risque. Concernant le cancer du sein, le principal facteur de risque est l’âge et être une femme. Si les prédispositions familiales ou génétiques et l’âge ne sont pas modifiables, d’autres facteurs de risque en rapport avec le mode de vie et l’environnement sont évitables. Parmi les facteurs de risque connus du cancer du sein, on estime en France métropolitaine, qu’environ 15,1 % des cancers du sein chez les femmes de plus de 30 ans sont dûs à la consommation d’alcool, 4,4 % au tabagisme. Pour les cancers du sein post-ménopausiques (femmes de plus de 50 ans), 10,6 % sont attribuables au surpoids et à l’obésité.

Si le dépistage organisé du cancer du sein s’essouffle, il est essentiel de promouvoir la lutte contre les facteurs de risque évitables.

* Le sur-diagnostic est le diagnostic d’une lésion catégorisée cancéreuse mais qui, sans traitement, n’aurait pas évolué au cours de la vie de la personne qui en est porteuse et a cependant entrainé un traitement lourd et inutile : chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie.

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