Les maires Yann Galut, Emmanuel Riotte et Nicolas Sansu attaquent l’ARS

Les maires des trois principales villes du Cher et présidents du conseil de surveillance de chacun des hôpitaux publics de leur ville ont saisi le Procureur de la République et déposé plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui. Si l’Agence Régionale de Santé n’est pas nommée directement, ni le ministère de la santé, ce sont pourtant ces deux entités qui sont visées par les trois élus berrichons après une nouvelle carence berruyère du SMUR.

Par Fabrice Simoes

L’hôpital de Vierzon et son SMUR doit, avec celui de Saint-Amand-Montrond, assurer les carences du CHJC . Photo Fabrice Simoes

Tout est parti de l’annonce d’absence d’équipage SMUR sur le Centre Hospitalier Jacques-Cœur de Bourges durant 24 heures, entre vendredi et samedi dernier. Une annonce qui impliquait que les personnels des hôpitaux de Vierzon et Saint-Amand-Montrond allaient s’y coller une fois de plus. Une fois de trop pour Nicolas Sansu, le maire de Vierzon. Sur les réseaux sociaux, jeudi 7 octobre, il ne décolérait pas et appelait ses collègues élus de Bourges et Saint-Amand, les deux autres villes administratives du département donc, préfecture et sous-préfecture, à montrer leur courroux commun. « SMUR de Bourges encore à découvert demain. Vierzon et Saint-Amand devront couvrir. Le Cher est abandonné par l’ARS et le gouvernement. Ça suffit !!!! Yann Galut, Emmanuel Riotte, vite, une action commune. » Résultat les trois maires d’obédiences politiques parfois opposés – le Vierzonnais est membre du Parti Communiste, le Berruyer vient d’annoncer qu’il n’a pas repris son adhésion au Parti socialiste dont il avait quitté le bureau politique fin 2017 déjà, et le Saint-Amandois a été élu l’an passé sur une liste investie par LR et soutenu par LREM, l’UDI et le MoDem – ont conjointement portés plainte contre X, pour ne pas nommer directement l’ARS, ou le ministère de la santé, pour mise en danger de la vie d’autrui.

Courrier sans réponse en 2020, plainte en 2021

Cela faisait plusieurs mois que le feu couvait entre les différents intervenants. Déjà, en octobre 2020, les maires avaient écrit une lettre, entre autres, à l’Agence Régionale de la Santé concernant ce sujet de SMUR souvent aux abonnés absents à Bourges. Nicolas Sansu l’a rappelé dans une lettre ouverte adressée à l’ARS, en fin de semaine dernière. « Depuis des mois, de nombreuses alertes ont été adressées à Monsieur le Ministre de la Santé, au Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé, à la Directrice du Centre Hospitalier Jacques Cœur… À ce jour, rien n’a bougé concrètement et l’Agence Régionale de Santé n’a jamais daigné répondre aux sollicitations des élus du Cher », explique l’élu vierzonnais qui ajoute que « le SMUR du Centre Hospitalier de Vierzon est appelé de plus en plus pour pallier les manques de Bourges et également, depuis peu, de Châteauroux ! Or quand Vierzon réalise un transfert long, dans le cadre d’un SMUR secondaire, c’est l’ensemble du service des urgences de Vierzon qui se trouve déstabilisé, avec un risque pour la population du bassin sanitaire. » D’autant que, ces derniers mois, le nombre de sorties des SMUR de Vierzon et Saint-Amand-Montrond pour du secondaire non assuré par Bourges est en très nette progression. Surtout, durant ces périodes de suppléances, seuls 2 des 4 véhicules de SMUR doivent couvrir l’ensemble du territoire pendant 24 heures. Les maires considèrent donc que « c’est toute la population du Cher qui est victime de perte de chance de survie en cas d’urgence vitale ! »

Les urgences, là où le bats blesse en Berry. Photo Fabrice Simoes

Du côté du centre hospitalier Jacques-Cœur, on estime faire le maximum mais l‘établissement dit aussi faire face à la pénurie d’urgentistes et aux exigences tarifaires extrêmement élevées de certains médecins intérimaires « bien supérieures au plafond réglementaire de 1160 euros par jour ». « Malgré les sept recrutements d’urgentistes réalisés ces derniers mois, le Centre Hospitalier Jacques-Cœur demeure, comme de très nombreux établissements, dépendant de médecins intérimaires pour assurer le fonctionnement de son service d’urgences et des deux lignes de SMUR 24h/24, 7 jours/7. » indique-t-on du côté de Bourges.

C’est devant cette absence de prise de conscience, selon eux, que les élus concernés ont décidé de cette action judiciaire commune afin que les responsabilités des uns et des autres « soient assumées dans le respect du droit à la Santé et l’égalité territoriale, principes de notre République, afin aussi que l’ensemble des habitants du Cher bénéficient d’une couverture sanitaire pleinement effective ».

Alors que 5700 lits d’hôpitaux ont été supprimés en 2020, alors que la pénurie de médecins est patente dans l’hexagone, alors que le corps médical est sous pression depuis le début de la pandémie, la poursuite de la politique du chiffre dans le domaine de la santé est une évidence qui mène à un dévoiement des missions initiales. Le problème du SMUR en Berry n’est rien d’autre que sa simple application…

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