Depuis le 5 octobre et jusqu’à la mi-novembre, le passage couvert de l’université d’Orléans rend hommage en photo aux étudiants et enseignants impactés dans leur quotidien par les restrictions sanitaires. 15 clichés très explicites qui ne manqueront pas d’interpeller les passants, en valorisant le présentiel sur le virtuel.
Par Jean-Luc Bouland
“Pour fêter le retour en présentiel, l’exposition photographique « Les étudiants en disent tant » d’Alexiane Carré quitte la toile pour s’exposer sur les murs de l’allée couverte qui va de la rue de Chartres à la ligne de Tram (campus Université Orleans La Source)“, annonçait le document officiel, précisant que pour ce “vernissage” officiel, Eric Blond, le président de l’Université, serait là en personne. Et il fut bien là, faute d’être sur les images, rencontrant les “modèles”, élèves et professeurs, qui posèrent devant l’objectif de la jeune femme pendant un peu moins d’un mois pour illustrer les conditions difficiles de vie quotidienne sur le campus avec les restrictions sanitaires, et surtout le confinement.
“Née pendant le confinement, la série photographique est d’abord un témoignage du mal-être des étudiants pendant la crise sanitaire, elle tire la sonnette d’alarme sur la dégradation de leurs conditions de vie, dénonce leur isolement, leur précarité et leur détresse psychologique” explique la même notice. Sur la quinzaine de photographies exposées, toutes en noir et blanc, sur un seul pan de mur, quand elles ne posent pas dans des locaux désespérément vides, la majorité des personnes photographiées porte des pancartes, explicites, indiquant le conditions de vie pendant cette période : “23% des etudiant.e.s déclarent avoir eu des pensées suicidaires“; “1 jeune sur 6 a arrêté ses études à cause de la crise sanitaire“, “380 étudiants étaient présents lors d’une distribution alimentaire“, “Combien faudra-t-il de morts ?“, “89% des étudiants orléanais vivent dans une situation précaire“, et, bien entendu, “Etre professeur, c’est être avec des étudiants et pas seuls“, etc..
Dans sa courte allocution, Alexiane Carré n’a pas manqué de rappeler que cette exposition est avant tout un projet collectif, “qui met en lumière l’extrême inventivité des étudiants pour continuer à tisser des liens et à créer malgré tout comme si « la chambre noire » était l’espace d’une présence retrouvée”, alors qu”ils et elles auraient pu se laisser submerger par la précarité, et la désespérance. La jeune étudiante en master 1 des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (Meef) a ainsi mis sa passion de la photographie au service d’une cause vécue de l’intérieur, pour un résultat pleinement réussi.
Au départ, Alexiane Carré participait simplement à un concours organisé par le CROUS Orléans-Tours sur le thème de la distance. Et le projet s’est transformé en série, pour témoigner de la nécessité de rouvrir les universités, sous le titre “Les étudiants en disent tant“, finalisé de façon hybride en février dernier, avec une présence sur internet, avant d’arriver ici en présentiel. Un beau témoignage pour une nécessaire prise de conscience, qui mérite plus qu’un coup d’œil…