Après trois reports, la 3e édition des Joyeuseries, prévue initialement en mai 2020, a enfin pu avoir lieu le dernier week-end de septembre dans l’enceinte du Carroir à La Chaussée-Saint-Victor. Un programme musical et humoristique varié avec trois spectacles payants en in, et plusieurs rencontres musicales gratuites en off. Le trio Anastazör a ouvert les festivités par un sympathique concert de jazz manouche, matinée de musique des Balkans. Le contrebassiste Carl Cordelier et les deux guitaristes Paul Kurkdjian et Sylvain Prince, tous trois venus de Tours, ont enchanté le public du off, avant la prestation attendue de Tom Villa, qui a remis une série de prix très personnels avant un concert gratuit du groupe de rock blésois Kérosen.
par Eve
Un one-man-show d’André Manoukian
André Manoukian a fait un très remarquable one-man-show psycho-érotique pianoté, appelé Chant du périnée, en alternant conférence et morceaux de piano. Partant de la constatation que le chant féminin provoquait chez lui une transpiration de la moustache, le célèbre pianiste a cherché à élucider ce mystère. En bon enquêteur, il s’est penché sur la façon dont la musique est composée et sur son histoire, en commençant par le jazz, dont l’invention serait française en juillet 1794 au moment de la fin de la Terreur et du retour à une liberté musicale, avec l’invention de nouvelles danses sur une musique de quadrille. Quadrille qui va traverser l’océan pour arriver en Louisiane, être moqué par les esclaves donnant naissance au cake wok, qui sera à l’origine vers 1900 du Ragtime à la Nouvelle-Orléans, et donc du jazz.
Il a ensuite évoqué sa rencontre avec une chanteuse devenue sa muse, le conseil de son médecin de mettre sa libido dans son piano, les références à Mozart ou Bach, son désir d’apprendre à improviser alors qu’il a une formation classique, son séjour aux Etats-Unis, son expérience de pianiste de Michèle Torr etc. Il a aussi expliqué comment la musique crée des affects comme une spirale tantrique, avec un véritable pouvoir, surtout s’il vient d’une voix en particulier féminine, car pour bien chanter, la voix d’une chanteuse doit partir de… son périnée.
En fin d’après-midi, l’ex-avocate Caroline Vigneaux s’est mise à nue dans son nouveau spectacle, afin d’aborder certains secrets et de briser des tabous ancestraux. Ainsi, les spectateurs ont découvert une féministe parlant de la femme.
Des rencontres musicales
Les spectateurs ont pu aussi profiter gratuitement de rencontres musicales. Ainsi Pierre Bocabarteille a alterné chansons et histoires courtes en s’accompagnant à l’orgue de Barbarie et à la cithare automatique. Un peu plus tard, les 17 musiciens du groupe tourangeau Pan’n’Co sont venus faire découvrir la musique caribéenne des SteelPan, sortes de tambours métalliques, formant un orchestre « symphonique » allant du plus aigu au plus grave qu’il faut accorder régulièrement : ainsi, les ténors composent la mélodie et le chant, les seconds la mélodie rythmique, les guitares la rythmique mélodique et les basses la rythmique.
La 4ème édition des Joyeuseries est déjà programmée : elle aura lieu du 6 au 8 mai 2022, toujours au Carroir à la Chaussée Saint Victor.