L’association des donneurs de voix fait tourner une Bibliothèque sonore d’Orléans et du Loiret. Affiliée à un réseau national, elle offre à un public non voyant la possibilité d’écouter des œuvres littéraires ou informatives. Grâce à une importante organisation, elle propose plus de 14000 ouvrages. De quoi faire rêver tous ceux qui ne peuvent pas lire un livre ou voir un film.
Par Bernard Cassat
Le handicap visuel est déjà très lourd de conséquences dans la vie courante. Mais s’y rajoute une difficulté, qui peut aller jusqu’à l’impossibilité, de s’échapper du quotidien, justement, par le plaisir de la lecture. Comment vivre alors les émotions racontées dans les livres ?
En 1972, une association a été créée par un membre du Lions Club. Elle a rapidement essaimé dans tous les départements pour donner naissance aux Associations des donneurs de voix, qui lisent des livres et les enregistrent sur un support, puis les diffusent dans des Bibliothèques sonores. Celle d’Orléans fournit gratuitement des enregistrements de livres et de revues aux personnes en situation de handicap visuel, moteur (qui ne peuvent pas tourner les pages ou qui sont atteints de parkinson) ou cognitif (surtout de jeunes dyslexiques). Elle demande juste une attestation médicale.
Ça paraît évident, et pourtant c’est une organisation assez lourde et difficile. Le côté matériel est peut être le plus simple. « Chaque bénéficiaire peut télécharger des fichiers MP3 sur son ordinateur. Il peut aussi emprunter des cd enregistrés. S’il n’a aucun outil informatique, l’association prête un lecteur conçu spécialement, un Victor, comme nous les appelons », nous dit Odette Porcher, présidente de l’association des donneurs de voix.
Comme les bibliothèques classiques
Il y a donc derrière toute une gestion des prêts et des retours dignes d’une bibliothèque classique. Le catalogue de cd à Orléans regroupe 3200 ouvrages lus. Et bien sûr chaque bibliothèque départementale a accès à la centralisation nationale, donc à plus de 14000 titres, disponibles en téléchargement. « Parmi les bénéficiaires, de plus en plus de jeunes sont demandeurs d’une aide parallèle à leurs études. La bibliothèque sonore enregistre 80 % des œuvres littéraires en tout genre, étudiés en classes primaires, collèges et lycées. Les manuels scolaires ne font pas l’objet d’audiolivres », précise Odette Porcher, qui s’occupe plus particulièrement de ce jeune public.
Une dizaine de donneurs de voix
Pour réaliser cette quantité d’audiolivres, il faut des donneurs de voix, des gens qui se proposent de lire en enregistrant leur lecture. « Après une formation d’une heure minimum, parfois beaucoup plus, les nouveaux donneurs de voix enregistrent avec un casque micro sur le logiciel Audacity, un outil en libre accès. Le texte est découpé en séquences d’une dizaine de minutes pour le baliser et permettre à l’audiolecteur de le reprendre où il l’a laissé » ,explique Paulette Brender, coordinatrice des donneurs de voix. Ils choisissent eux-mêmes les livres qu’ils veulent enregistrer. L’association, dans certaines conditions, bénéficie de l’exception des droits d’auteurs, sauf pour les livres déjà enregistrés par les éditeurs, avec souvent des lecteurs connus, acteurs notamment, vendus dans les librairies.
Là encore, ça paraît très simple. Mais les bruits parasites au moment de l’enregistrement sont très fréquents (bruits extérieurs pour les maisons de ville, bruits intérieurs à l’immeuble, bruits des proches dans l’appartement, etc.). Et des « erreurs », mots mal dits, langue qui fourche, ton maladroit, obligent à des reprises, ce que permet Audacity. « La lecture est ensuite écoutée et agréée par un vérificateur régional, personne habilitée par le bureau national. Tout cela prend du temps. On estime qu’il faut trois fois plus de temps d’enregistrement que de temps d’écoute. Un livre moyen, environ 250 pages, s’écoute en six heures, et demande donc environ 18 heures d’enregistrement », explique Paulette Brender. Travail considérable !
Une douzaine de bénévoles font tourner ce système et assurent les deux permanences hebdomadaires dans les locaux de l’association. Odette Porcher et Paulette Brender coordonnent toute cette organisation et donnent beaucoup de leur temps, pour qu’environ 400 audiolecteurs « lisent » ce que leurs yeux n’arrivent pas à déchiffrer.
Toute aide supplémentaire, dons de temps ou d’argent, sont évidemment les bienvenus.
Bibliothèque sonore du Loiret
Mardi et vendredi de 14h à 16h30
69 bis rue des Anguignis St Jean le Blanc 45650
Contact : 02 38 53 17 46
Catalogue national consultable sur https://lesbibliothequessonores.org
Catalogue du Loiret consultable sur www:bsloiret.fr
email : 45L@advbs.fr