[Mag Dossier ] Et si l’on parlait de la malvoyance

A l’occasion de la Journée Nationale des Aveugles et Malvoyants du 4 octobre suivie de la Journée Internationale de la Canne Blanche, le 15 octobre, essayons de préciser quelques éléments sur le handicap visuel.  

Par Jean-Paul Briand

Il existe de nombreuses définitions de la malvoyance. Selon la classification de l’OMS un malvoyant est une personne qui est dans l’incapacité visuelle de distinguer des détails fins. On y ajoutent les personnes qui ont une très importante réduction de leur champ visuel. Depuis 1976, la législation française considère que la malvoyance, est définie par une acuité visuelle binoculaire corrigée comprise entre 1/20 et 4/10. L’aveugle étant toute personne dont l’acuité visuelle est inférieure ou égale, après correction, à 1/20 au meilleur œil et avec un champ visuel réduit à 10°. 

Cataracte et glaucome

A l’échelle mondiale les causes les plus fréquentes de déficience visuelle sont  les troubles de la vision non corrigés, l’opacification du cristallin (cataracte) et le glaucome.

  • La cataracte est une perte partielle ou totale de la transparence du cristallin qui, devenu opaque, altère la vision. Le cristallin est cette lentille transparente biconvexe, dépourvue de vaisseau sanguin, qui a un rôle essentiel dans l’accommodation. Son atteinte entraîne une baisse de l’acuité visuelle, une photophobie (sensibilité excessive à la lumière), une diplopie (vision double des objets), une impression de brouillard et une modification des couleurs. Elle se soigne par l’extraction du cristallin suivie de la mise en place d’un implant (lentille en plastique transparent souple).
  • Le glaucome est une neuropathie (affection du système nerveux) chronique, progressive et irréversible de la papille optique (zone de la rétine au fond de l’œil où s’insert le nerf optique), caractérisée par une altération du nerf optique et d’une altération du champ visuel, associée ou non à une hypertonie (tension excessive) oculaire. On ne sait pas encore guérir le glaucome mais seulement ralentir son évolution. Les facteurs qui favorisent le glaucome sont l’âge supérieur à 40 ans, la myopie, l’hypertonie oculaire, l’hypertension artérielle, le diabète et aussi l’hérédité.

Rétinopathie diabétique et DMLA

Dans les pays industrialisés comme la France, la première cause de malvoyance et de cécité chez les 20 à 60 ans est la rétinopathie diabétique. Cette maladie est due à la destruction par le diabète d’une part de la paroi des micro-vaisseaux qui irriguent la rétine et d’autre part du tissu nerveux au fond de l’œil qui transmet les messages visuels au cerveau. Avec le diabète il existe des facteurs favorisant l’apparition de la rétinopathie : l’hypertension artérielle non corrigée, les anomalies des lipides, le tabagisme, la grossesse et certaines maladies des reins.

Chez les plus de 60 ans, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la principale cause de malvoyance. C’est une maladie chronique qui atteint la zone centrale de la rétine (macula). Elle provoque une perte progressive de la vision. En France, elle touche plus d’un quart des plus de 75 ans. Les traitements actuels permettent uniquement de ralentir la progression de certaines formes de la DMLA. Néanmoins la DMLA ne rend jamais totalement aveugle puisque la partie périphérique de la rétine reste intacte. Si cette maladie est directement liée à l’âge, il existe néanmoins une susceptibilité génétique. Par ailleurs, le risque de faire une DMLA est particulièrement élevé chez le fumeur et l’obèse. A contrario, des apports riches en acides gras polyinsaturés, notamment en oméga 3 (poissons gras type saumon, thon, maquereau), ainsi qu’en fruits et légumes (riches en zéaxanthine et lutéine : mangues, myrtilles, chou vert frisé, épinards, poivrons jaunes, courges, brocoli, pois verts, maïs) semblent bénéfiques.

Une étude de référence en région Centre-Val de Loire

Dans tous les articles sur le handicap visuel, il est signalé qu’en France métropolitaine il y aurait 1 700 000 personnes déficientes visuelles dont 207 000 seraient malvoyants profonds et 61 000 aveugles complets. Malheureusement ces chiffres proviennent de l’enquête HID (Handicaps – Incapacités – Dépendance) qui s’est déroulée successivement en institutions en 1998 puis dans les familles en 1999. Devant cette absence anormale d’évaluation fiable et actualisée de la population concernée, un collectif d’associations a lancé une étude de référence sur la déficience visuelle baptisée Homère*. Le recueil des données s’effectue selon un calendrier régional jusqu’en 2022. La région Centre-Val de Loire vient de démarrer cette étude qui devrait permettre de mieux connaître le quotidien des déficients visuels.

*L’aède Homère, auteur possible ou imaginaire de l’Iliade et l’Odyssée, est décrit comme aveugle

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    7°C
  • mercredi
    • matin 4°C
    • après midi 8°C
Copyright © MagCentre 2012-2024