Les femmes et leur corps, tout un programme…

Le 11 ème colloque de Femmes de lumière et de l’ombre a démarré ce jeudi 23 septembre 2021 à Orléans sur Les femmes et leur corps. Un thème vaste qui a permis en ce premier jour des échanges riches et pertinents entre les intervenant.e.s et le public.

par Sophie Deschamps
Équipe scientifique du colloque “Les femmes et leur corps” : Carole Laforêt, Monique Lemoine, François Chadebec, Valérie Pasdeloup et en bas Mado Chadebec, autrice de l’affiche, photo Sophie Deschamps

Mix-Cité 45 n’a pas choisi la facilité en choisissant, cette année, le thème Les femmes et leur corps mais comme l’explique Monique Lemoine, présidente de l’association : « Le thème s’est imposé quasiment de lui-même au comité scientifique donc on s’est lancés ! » De fait, le colloque, dédié aux femmes afghanes, a démarré ce jeudi matin à l’auditorium de la médiathèque d’Orléans avec les paroles fortes du discours d’ouverture de sa nouvelle présidente (la précédente Claudine Hermann est décédée le 17 juillet 2021).

« Le corps est un seul composant de l’être humain »

Il s’agit de Marie-Rose Abomo-Maurin, intellectuelle camerounaise qui vit à Orléans depuis 1983 et membre du Parlement des Écrivaines Francophones. Après avoir rappelé que « le corps des femmes n’appartient qu’à elles-mêmes et que seule la femme peut parler de son propre corps » elle a aussitôt rajouté que « le combat n’est pas terminé pour l’appropriation totale du corps des femmes » tout en remettant le corps à sa juste place en tant « qu’enveloppe corporelle. Il faut y ajouter trois autres éléments que sont le souffle, l’ombre portée en tant que maîtrise de l’espace et enfin le cœur ».

Femmes assujetties mais de tout temps rebelles 

Le décor ainsi planté, la matinée a été consacrée à l’éternelle rébellion des femmes, à commencer peut-être par la plus célèbre d’entre elles, Antigone. Il a aussi été question du corps de la femme à la Belle Époque, à travers deux romans écrits par une femme et un homme à cette période. Nous sommes aussi allés à Versailles avec l’analyse de deux romans de Chantal Thomas, Les adieux à la reine et L’échange des princesses. Une première séquence qui a rappelé, si besoin en était, l’assujetissement et la surveillance du corps des femmes de tout temps et dans toutes les classes sociales, y compris chez Marie-Antoinette, exposée constamment aux regards de tous à Versailles.

Représentations multiples du corps de la femme

L’après-midi a permis d’aborder la représentation du corps féminin à travers les séries, notamment le corps de Vanessa Ives dans Penny Dreadful , série américaine fantastique et gothique où l’héroïne doit affronter ses démons mais surtout la cruauté des hommes. Autre sujet fort et peu connu : l’assujettissement des femmes somnambules et médiums au XIXe siècle en France avec trois portraits de femmes. Des femmes souvent d’origine modeste qui ont alors connu une certaine rénommée avant de retomber (comme souvent) dans l’oubli ou pire être considérées comme folles : Honorine Huet (1840-1915), Hélène Smith (1861-1929) et l’italienne Eusapia Palladino (1854-1918).

Le travail sur la couleur de Sonia Delaunay, présenté au colloque “Les femmes et leur corps”, photo Sophie Deschamps

L’occasion aussi de (re)découvrir Sonia Delaunay ( 1885-1979). Une artiste qui s’est fait connaître pour son usage de couleurs vives et de formes géométriques dans la peinture mais surtout dans les textiles en proposant des vêtements où le motif devient plus important que le corps. Ce qui fera dire au poète Blaise Cendras : « Sur la robe, elle a un corps ».

« Cachez ce sein que je ne saurais voir ! »

Bien sûr, un colloque sur le corps des femmes ne pouvait pas faire l’impasse sur la fameuse réplique du Tartuffe de Molière : « Cachez ce sein que je ne saurais voir ! » Une tirade hypocrite qui entend faire passer Dorine et son décolleté banal de servante pour indécent alors que c’est le regard de Tartuffe qui l’est. Mais comme elle n’a pas la langue dans sa poche, il est savoureux de relire ce qu’elle lui répond : « Vous êtes donc bien tendre à la tentation ; et la chair, sur vos sens, fait grande impression ? Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte, mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte ; et je vous verrais nu du haut jusques en bas, que toute votre peau ne me tenterait pas. »

La littérature érotique des femmes pour les femmes

Enfin cette première journée s’est achevée par une table-ronde passionnante autour de la littérature érotique entre la réalisatrice canadienne Mélitza Charest et l’écrivaine française Caroline Doudet. Elles ont tenu à faire d’emblée l’éloge de l’érotisme, notamment quand il est écrit par les femmes car il prend en compte la globalité du désir contre  la pornographie qui en étant centré sur l’acte sexuel morcèle les corps et ne propose aucun échange émotionnel.

L’illustratrice orléanaise devant l”un de ses dessins où elle s’est mise en scène en slip durant le confinement, photo Sophie Deschamps

La dame en slip de SOFIJO

L’auditorium de la médiathèque offre ses murs durant ce colloque à l’illustratrice orléanaise SOFIJO. Cette dernière s’étant retrouvée seule une semaine sur deux durant le confinement a pris la blague sur le confinement – on n’est plus obligés de s’habiller – au pied de la lettre en se mettant en scène en slip dans une série de dessins humoristiques : « Ces dessins ont été une vraie thérapie pour moi. Ça m’a aidée à lâcher-prise et à accepter mon corps tel qu’il est. »

Saison 2 sur le même thème en 2022

Beaucoup de déclinaisons de ce thème ne pourront pas être abordés cette année comme par exemple la prostitution. Il sera donc repris l’an prochain comme l’a déjà indiqué Monique Lemoine : « Il y aura une saison 2. Cette année, on s’est beaucoup orientés sur l’histoire, la mythologie et la littérature. Donc ça permettra l’an prochain d’aborder d’autres domaines. »

Mais avant cela, le colloque continue ce vendredi 24 septembre à l’auditorium Marcel Reggui de la médiathèque d’Orléans de 8h30 à midi et de 14h30 à 17h30. Programme détaillé ici.

Enfin, pour la conclusion de ce colloque, il faudra attendre le 7 octobre prochain avec le coup d’envoi de la 6ème édition des Voix d’Orléans qui donne cette année carte blanche au Parlement des Écrivaines Francophones. 

A lire aussi : Les sorcières de passage à Orléans pour deux jours 

Commentaires

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  1. allez voir les dessins de SOFIJO. Du talent à savourer, dans l’expression d’une souffrance et d’une libération

  2. Et pourquoi n’y a-t-il pas de tournoi féminin à l’Open d’Orléans? Et alors là, personne ne s’indigne. Les hommes au boulot, les femmes au musée …

  3. Un grand merci à Mag Centre et à Sophie Deschamps pour sa présence au colloque femmes des lumières et de l’ombre. Sophie a su dégager les pépites de ce colloque. Alors nous vous donnons rendez-vous pour l’an prochain lors de la saison 2 des femmes et leur corps. Bien à vous retrouver.

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