« Nous étions à bloc du début à la fin », Raphaël Beaugillet

Médaillé de bronze aux Jeux paralympiques de Tokyo en août dernier sur le kilomètre sur piste avec François Pervis, l’athlète malvoyant courchois, Raphaël Beaugillet, revient, pour Magcentre, sur cet exploit, les honneurs qui ont suivi et ses projets sportifs.

Propos recueillis par Jean-Luc Vezon
Le Courchois Raphaël Beaugillet est l’un des 3 médaillés loir-et-chériennes aux JO paralympiques de Tokyo avec Marie-Amélie Le Fur (argent à la longueur) et Lucas Mazur (or et argent en badminton). Photo Jean-Luc Vezon

Vous attendiez-vous à cette médaille ?

Raphaël Beaugillet : Oui mais rien n’était sûr car outre les deux tandems britanniques au-dessus du lot, le tandem allemand, que nous avons battu pour seulement 82/1000, était très fort. Ce qui est certain par contre, c’est que le report d’une année des Jeux a joué en notre faveur car nous avons pu progresser avec François. En effet, je ne pratique la piste que depuis 2 ans et, en 2020, nous n’avions fini que 4e lors des Mondiaux de Hamilton au Canada. Sept fois champion du monde (4 fois sur le kilomètre, 2 fois en keirin et une fois sur la vitesse individuelle), François m’a fait bénéficier de son incomparable expérience et de son fighting spirit.

Racontez-nous votre course … 

R.B. : Les Allemands Kruse et Foerstermann sont partis comme des bolides, sur les 500 premiers mètres, ils possédaient 8/10e d’avance ce qui est considérable. Ils ont fait jouer les atouts de leur pilote qui est un démarreur de poursuite par équipe. Ensuite, nous avons réagi quand nous avons posé les fesses sur la selle et ils ont fini par exploser. Le braquet de notre tandem (65 X 15) nous a permis au final de les devancer d’un rien, 82/1000. Avec François, nous avons su rester unis et coordonnés. A la clef, cette médaille et un nouveau record de France en 1’00’’472.

Raphaël Beaugillet présente sa médaille de bronze paralympique entouré de deux amis et fidèles supporters (Jean-Claude Berchon à sa droite et Raphaël Appaoo). Photo Jean-Luc Vezon

Comment êtes-vous arrivé à ce niveau, être capable de rouler à 60 km/h pendant un kilomètre ?  

R.B. : C’est une question de travail et de volonté. Depuis plusieurs mois, François et moi nous entraînons au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines le vendredi soir et le samedi matin. Nous avons aussi participé à des stages organisés par la FFH au vélodrome de Roubaix. Parallèlement, je m’entraînais tous les jours avec un programme comprenant du vélo et de la musculation à raison de 2 à 3 séances par semaine. Je dois beaucoup à Benjamin Édelin, mon entraîneur et ancien champion sur piste, Julien Taillard mon préparateur physique (au pôle olympique de cyclisme) et Jean-Pierre Hervé mon ostéopathe amboisien qui m’ont accompagné dans cette montée en puissance. Il me fallait aussi gagner de la force musculaire, c’est la raison pour laquelle j’ai pris des protéines que m’a fournies mon partenaire le laboratoire castelroussin Fenioux. Tout cela sous le contrôle du médecin de la FFH qui m’a notamment fourni des compléments alimentaires pour les assimiler.

Raphaël Beaugillet et François Pervis sur l’anneau d’Izu lors de la finale pour la 3e place du Kilomètre. Photo Luc Percival/CPSF

Comment s’est passé votre retour en France et à Cour-Cheverny ?  

R.B. : Je suis rentré le 3 septembre à Cour-Cheverny où m’attendait un comité d’accueil super sympa. Tout le village et, au-delà de nombreux Loir-et-Chériens, m’ont soutenu. Ça fait chaud au cœur. Les 4 et 5, j’étais au Trocadéro avec tous les athlètes où là aussi l’ambiance était formidable. Le 13, je me suis rendu avec ma mère et mon ami Jérémy Trayaud à la réception au palais de l’Elysée où le président nous a félicité. Il se projette déjà pour Paris 2024 avec un objectif de faire rentrer notre pays dans le Top 5 mondial au niveau des médailles*. A cette occasion, j’ai reçu aussi l’ONM des mains du ministre des Sports Jean-Michel Blanquer. Durant le cocktail, j’ai pu échanger avec Brigitte Macron qui est très accessible mais aussi le basketteur Nicolas Battum. Cela a été beaucoup d’émotions.

Avez-vous de nouveaux objectifs ?  

R.B. : Je viens d’être opéré du genou par le professeur Pierre Lebrun de la clinique Saint-Gatien à Tours. Dès que possible, je compte reprendre l’entraînement et commencer à travailler avec mon nouveau pilote le pistard Quentin Caleyron. L’objectif est clairement d’être présent sur la piste pour Paris 2024. Nous avons 3 ans pour nous préparer. J’espère que nous pourrons rapidement rouler sur la nouvelle piste de l’AAJ Blois Cyclisme.

Un dernier mot, qu’est-ce que cette médaille change dans votre vie, comment vivez-vous ?  

R.B. : Absolument rien. Je reste moi-même. Vous savez la notoriété est passagère. Et puis, il suffit d’une chute et tout est fini. Concernant mes ressources, je fais partie de l’Armée des champions (ministère des Armées) qui me verse l’équivalent d’un SMIC. En tant que sportif de haut niveau rattaché au bataillon de Joinville, je suis donc détaché à 100 % pour pratiquer mon sport. La médaille m’a aussi valu une prime de 15 000 euros. J’ai des partenaires et sponsors qui m’aident sur le plan matériel pour mes déplacements, acheter mes équipements ou mon alimentation. Il s’agit de la région Centre-Val de Loire, du département de Loir-et-Cher, de la comcom Val-de-Cher Controis, des villes de Blois et Cour-Cheverny, d’IDEC, ENGIE, STORENGY, SIDAMO, Fenioux et Culture com. Je les remercie chaleureusement. L’association Tandem en vue, que préside Thierry Cartault, et le Fonds handisport Telmah sont aussi à mes côtés depuis de longues années. Sans eux, ainsi que mes amis comme Augusto Leite ou Raphaël Appaoo et tous bénévoles, rien n’aurait été possible.

*A Tokyo, avec 54 médailles dont 11 en or, la France a fini 14e au classement des médailles.

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