Deux femmes ouvrent la saison de la Scène nationale d’Orléans

Deux danseuses chanteuses performeuses ont monté et jouent A Leaf. Ce spectacle questionne plusieurs thèmes contemporains ou éternels dans une simplicité de déroulement, de danse et de chant. Elles ne jouent pas sur l’émotion mais cherchent l’impact presque physique avec le public.

Par Bernard Cassat
Nina Santes et Célia Gondol ©Annie_Leuridan

Elles sont deux chorégraphes et danseuses, Nina Santes et Celia Gondol, à s’associer pour former La Fronde, une mini compagnie qui leur permet de monter en 2016 un spectacle, A Leaf (une feuille). En 2019, elles le reprennent, le transforment, le recréent.

C’est le nouveau A Leaf que l’on a vu mardi soir au Théatre d’Orléans. Un spectacle coupé en plusieurs moments, dont le premier, sorte de prélude ou de prologue, n’est pas dans la salle. Les deux artistes viennent dans le hall inviter, par un chant répété, les spectateurs. Tout au long du spectacle, elles chercheront une interaction scène-public, sur un mode assez proche du happening ou de la performance.

Et puis à l’intérieur de la salle, sur une scène nue à part un chevalet recouvert d’images très minérales, elles jouent avec des micros et des boites à boucles sonores. Une voix, puis deux qui se superposent, puis trois, etc. Et elles dansent les mots. Leurs corps, leurs gestes transcrivent physiquement le rythme du langage. « On va tous mourir ». Elles n’explorent pas la profondeur du thème, mais restent dans les mots, sur les mots répétés presqu’infiniment.

Un moment de très grand rapprochement. © Cali dos Anjos

Une autre séquence les fait se rapprocher, se toucher, unir leur voix, leur souffle. Côté de l’amour après celui de la mort ? Avec des micros qu’elles tiennent de manière très provocante, elles inventent des bruits, font entrer le public dans ces boucles pour répéter un mantra poétique sur les métaphores fruitières employées pour décrire le corps des femmes. D’autres séquences interrogent aussi la place, le rôle assignés aux femmes, leurs symboliques imposées ou revendiquées. Une très belle folk song chantée par Nina Santes nue s’attaque au mythe de la femme reproductrice liée à la moisson et à la reproduction. Célia Gondol, plus branchée sur la terre, l’univers, la matière, s’habille d’un tutu de grès pour convoquer sur scène la puissance du minéral, qui peut être rejoint celle, sociale, de la féminité. Mais tout cela finira mal, dans un délire apocalyptique qui les fera hurler comme des gamines perdues pendant un long, très long moment.

Ces deux femmes sont non seulement danseuses et chorégraphes, mais aussi chanteuses et performeuses. D’ailleurs, on reverra Célia Gondol dans le spectacle d’Alban Richard le 12 octobre à la Scène nationale. Et comme Nina Santes est en résidence au Centre Chorégraphique national d’Orléans pour trois ans, on la reverra certainement dans notre région.

Photo de titre Christophe Rayn

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