Au hasard d’une vente, l’antiquaire orléanais Jean-Bernard Rouilly a découvert un lot d’œuvres de cet artiste aujourd’hui oublié dont le travail s’étend des années trente aux années soixante. Pris de passion, Jean-Bernard Rouilly consacre aujourd’hui sa retraite à collectionner les toiles et dessins de Rolf Hirschland, et pour faire partager sa passion, il vient d’aménager une nouvelle galerie pour présenter un ensemble d’une cinquantaine de dessins et quelques peintures sur l’Espagne misérable des années trente que l’artiste visita alors.
par Gérard Poitou
Exposition Rolf Hischland cl GPLe trait est puissant mais laisse toujours place à l’humanité dans ce regard porté sur la pauvreté. Chaque dessin grand format marque la misère de ces petites gens dont on ne connaît pas vraiment le statut, mais tous portent une personnalité, et chacun dans sa posture nous renvoie l’image de la dignité humaine. Le regard de Rolf Hirshland est sans pitié mais d’une force émotionnelle qui actualise cette vision des corps entre art et témoignage. Quelques toiles viennent compléter cette exposition illustrant la maîtrise picturale de cet artiste au réalisme puissant.
Rolf Hirschland est né à Hambourg en 1907 dans une famille juive. Après des études aux Beaux Arts de Berlin, il rejoint Paris où il fréquente l’atelier d’Ossip Zadkine (Une œuvre de ce sculpteur marquant du XXe siècle est visible au Musée des Beaux Arts d’Orléans: Le Violoncelliste). Après un voyage en Europe et notamment en Espagne, il expose dans une galerie parisienne en 1934 quatre vingt toiles et trente dessins, exposition qui connaît un certain succès, l’Etat français lui achetant une toile pour le musée du Jeu de Paume.
En 1939, Rolf Hirschland est contraint de fuir dans le sud de la France, puis à la Libération, ayant tout perdu, il part aux Etats-Unis où le MoMA lui achète alors huit toiles. De retour en France en 1948, il continue de produire et d’exposer dans diverses galeries et lieux d’exposition, renouvelant son approche artistique avec des œuvres dont on pourra voir quelques exemples dans la salle annexe de la galerie Saint Etienne.
Après un séjour en Provence où il fait construire un atelier à la mesure de ses projets, “il expose et crée au rythme d’une recherche continue empreinte de sa vigoureuse individualité”, Rolf Hirschland s’éteint en février 1972 à Paris.
La Tour Saint Etienne cl GPLa Galerie
Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, cette exposition est l’occasion de découvrir ce nouveau lieu d’exposition dont la rénovation très soignée dans un lieu où l’on retrouve la forme circulaire d’une ancienne tour d’enceinte, donne aux œuvres présentées un lustre particulièrement agréable. Si le projet artistique de ce lieu n’est pas encore totalement défini par son initiateur, ne doutons pas que cette galerie qui manquait si cruellement à Orléans depuis plusieurs années, nous réserve de belle surprise.
Exposition du 15 septembre au 3 octobre,
Galerie la Tour Saint-Etienne, 8 rue Saint-Etienne à Orléans.
Entrée libre tous les jours de 14 heures à 19 heures et sur rendez-vous au 06.07.33.38.63.