Il y avait un vrai plaisir ce dimanche après midi à retrouver la petite salle de la MAM à Orléans, si bien adaptée à la rencontre entre la création et le public. Plaisir doublé d’être accueilli par Manouchka Récoché, avec la compagnie Le Grand Souk, qui pour ce retour sur scène après deux ans d’attente, nous offraient une nouvelle création sur un texte de l’auteur italien nobelisé Dario Fo.
par Gérard Poitou
Avouons qu’il faut une certaine audace pour s’attaquer à l’œuvre de cet auteur qui révolutionna le théâtre populaire et que l’on découvrit dans les années soixante-dix en France avec son Mystero Buffo entre comique bouffon et dénonciation militante. Car au-delà du comique, transposant l’analyse politique aux relations du couple, Dario Fo propose dans ce Couple ouvert à deux battants, (une pièce écrite avec sa femme Franca Rame en 1983) une farce grotesque sur un thème usé de la comédie bourgeoise : l’infidélité du couple. Et Manouchka Récoché a cette audace d’un jeu à la truculence dévastatrice qui donne à l’argument de la pièce, la saveur si caustique de la farce, provoquant un courant d’air ravageur dans la vie du couple libre… Le couple libre, libre pour l’homme bien sûr, est passé à la moulinette du rire avec la revendication féminine de réciprocité, insupportable inégalité de la relation amoureuse de la femme de cinquante ans. Et la pièce de décrire, avec une comédienne désopilante, le parcours de la combattante qui la conduira de la neurasthénie suicidaire au Graal de l’amour avec un jeune homme, amant devenu l’insupportable rival du mari dévasté par la jalousie…
On rit beaucoup et le personnage d’Antonia trouve là une interprète à sa mesure dans ce jeu de couple où, entre manipulation affective ou culpabilisation perverse, tous les moyens sont bons pour garder l’autre sous sa coupe dominatrice. Un vrai moment de théâtre qui soudain nous rappelle combien il nous a manqué depuis deux ans.
Couple ouvert à deux battants
Mise en scène :
Manouchka Récoché
Direction d’acteurs :
Hugo Zermati
Jeu :
Manouchka Récoché, Philippe Polet
Scénographie :
Ludovic Meunier
Lumières :
Bastien Quatrehomme
Durée : 1h
https://www.legrandsouk.fr/