Une exposition originale se profile au Musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le peintre Jean-Auguste Ingres (1780-1867) y est à l’honneur sous un angle totalement inédit voire insolite. Foin des grands tableaux et autres grandes fresques bien connues ! Ici c’est l’homme, avec sa personnalité et son cheminement, qui nous est présenté dans un parcours qui raconte l’histoire de ce grand peintre et, au-delà, celle d’une page de la peinture du XIXe siècle.
par Anne-Cécile Chapuis
Le titre est en soi évocateur, et porte bien le propos. Avant d’être le peintre rendu célèbre par le Bain turc, la Grande Odalisque ou les portraits de Napoléon, Ingres s’est exercé au dessin. Méticuleusement, passionnément, au point d’en révolutionner la technique et d’en bousculer les codes.
Une histoire de famille, riche mais pesante
Ingres est né à Montauban dans une famille de 6 enfants. Son père, peintre lui même, repère rapidement les talents de son fils aîné. S’ensuit une histoire fusionnelle qui va porter Jean-Auguste puis l’enchaîner, avant qu’il ne réussisse à voler de ses propres ailes.
Au départ, Ingres se cherche, se questionne sur les canons, de la beauté, comme en témoigne son très sévère « auto portrait » de 1804. Il veut apprendre et comprendre, s’inspire des antiques et figures de la Renaissance, puis très vite trouve son style.
Sensible à la beauté féminine, il dessine de magnifiques portraits emplis de charme et de sensualité. Son « coup de crayon » est sûr, vif, et étonnamment expressif, ce qui lui vaudra notoriété. Cet ancrage dans le dessin ne sera pas sans répercussion sur sa peinture ensuite, dans laquelle il soignera le réalisme de l’anatomie, le souci de l’arrière plan et des ombres.
Pour s’affranchir de son père, Il « monte » à Paris, reçoit le prix de Rome en 1801, mais ne rejoindra la prestigieuse Villa Medicis qu’en 1806 . Il restera en Italie jusqu’en 1824, dans un contexte difficile, la chute de l’empire et la distance avec son père l’ayant privé de ses soutiens habituels.
L’exposition : toute une histoire
L’exposition qui présente à Orléans plus de 40 dessins dont plusieurs inédits, a aussi son histoire. Tout est parti de deux dessins « Portraits de Simon le fils » que possède le musée d’Orléans : l’un, de 1802, première œuvre de virtuosité, et l’autre un « portrait crayon » de 1806, montrent le parcours original et souvent méconnu de celui qui va « devenir peintre à travers le dessin », comme nous l’explique Mehdi Korchane, commissaire de l’exposition.
Soucieux de valoriser ces trésors du musée d’Orléans, ce dernier décide alors de les sortir de l’ombre et de présenter cet aspect méconnu du talent de Jean Auguste Ingres. Des prêts du musée du Louvre, de Montauban et d’ailleurs, pas toujours simples à gérer en périodes de confinements, permettent de proposer un vaste panorama de ce que fut Ingres le dessinateur.
L’exposition se termine sur le tableau qui a reçu le prix de Rome. Un départ pour Ingres qui, fort de son expérience de dessinateur, dépasse les canons et normes de son époque en déformant les corps, exacerbant les formes dans « une grâce excédant la mesure » Ce tableau sera boudé par le public parisien, alors qu’en même temps ses portraits-crayon « sur le vif » rencontrent une grande vogue. La suite montrera que la célébrité sera au rendez-vous et que la carrière de peintre de Jean Auguste Ingres finira par dépasser celle du dessinateur.
Mais ceci est une autre… exposition !
L’exposition a lieu du 18 septembre au 9 janvier 2022. Elle fait le pendant de celle consacrée à Velasquez, ouvert jusqu’au 14 novembre (voir notre article du 13 Août 2021)
Une bien belle affiche pour le musée des Beaux-arts d’Orléans en cette période de reprise !
Horaires et conditions: https://www.orleans-metropole.fr/culture/musees-expositions/le-musee-des-beaux-arts