La Maison de la Culture de Bourges 2 inaugurée sans André mais avec Roselyne

Après trois ans de travaux, après plus de dix ans de tergiversations, après deux fouilles archéologiques, après les manifs et les procès d’intentions ou non, la nouvelle maison de la culture de Bourges (MCB) a été inaugurée en fin de semaine dernière par la ministre de la culture en titre, Roselyne Bachelot. Une belle maison, bel écrin, et bel outil pour la culture dans son intégralité.

Par Fabrice Simoes
La MCB 2 s’est insérée dans le contrefort de la place Séraucourt. Photo Fabrice Simoes

La Maison de la Culture de Bourges, la première, avait été inaugurée par André Malraux, ministre des affaires culturelles d’alors, en 1964. Depuis, à chaque fois que l’on parle de Maison de la Culture, à Bourges, c’est bel et bien l’homme de La condition humaine qui revient sur le devant de la scène avec ses discours grandiloquents pour magnifier les vertus de la culture gaullienne plutôt que gaulliste. Il n’est pas certain que la deuxième MCB et Roselyne Bachelot, sa ministre inauguratrice, prennent autant d’espace dans la mémoire collective berruyère. Question culture, un prix Goncourt c’est quand même plus classe que les Crocs de couleur sur le perron de l’Élysée…

La façade de la MCB __Malraux__ est classée aux monuments historiques. Photo Fabrice Simoes

La Maison de la Culture de Bourges, la première, avait été construite sur des vestiges de thermes gallo-romains. On ne le savait pas avant de décider de la remettre en état. La seconde est construite sur les vestiges de maisons gallo-romaines. Mais là, tout le monde est au courant. Les « matériaux » historiques les plus marquants ont d’ailleurs fait l’objet de toutes les attentions des chercheurs. Photos, récupération des objets et des peintures, tout a été mis de côté. Dans une soixantaine d’années peut-être, plus d’obstacles historiques, à priori, à mettre en avant pour la remise à niveau.

La Maison de la Culture de Bourges, la première, avait trouvé sa place au bout de l’espace Séraucourt, au pied de la cathédrale Saint-Étienne. Maintenant, on descendra quelques marches pour atteindre la seconde… à quelques encablures du site originel.

Roselyne Bachelot se plaît bien à Bourges

Toutes les évolutions du chantier, de la vie de la MCB hors les murs aussi, sont maintenant définitivement consignées dans les chroniques illustrées par Cathy Beauvallet et contées par Dominique Delajot. Un beau livre, Dessine-moi une maison, qui dit tout est maintenant en vente dans les bonnes boulangeries ou plutôt les librairies. Il ne manquait plus que l’inauguration avec les huiles et les pontes de tous bords !

Venue en juin dernier à l’occasion du Printemps de Bourges, pour le concert de clôture, mais surtout pour les états généraux des festivals (EGF) qui se tenaient dans la capitale du Berry le lendemain, Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, est donc venue couper le ruban. Et malgré un emploi du temps chargé, une visite de la cathédrale quand même et tout juste le temps d’allumer un cierge avant de se rendre à la coupure de ruban. Pas de chevrotants « Entre ici la culture avec ton cortège de spectacles, d‘expositions et de créations… » comme son illustre prédécesseur. Dans la salle Gabriel-Monnet, figure emblématique de la MCB, Madame la ministre s’est contentée d’un plus classique «  Je souhaite une longue et belle nouvelle vie à la maison de la culture de Bourges… », avant de reprendre un petit bout de la plume du vieil André et sa « tentation de la culture ». C’était donc inauguration et discours, des uns, des autres, des financeurs – la ville, le département, la région, l’État – de tous ceux qui ont voulu ce bâtiment multi-service de la culture en Berry.

Pendant plus de dix ans, spectacles et autres interventions culturelles organisées par la MCB avaient été « décentralisés » dans d’autres lieux de la ville. Désormais, outre ses deux restaurants, avec ses deux salles de spectacles, l’une pouvant recevoir 700 personnes, l’autre 200, un espace cinéma – salle Alice Guy et salle Agnès Varda, soit près de 300 places au total – la structure est en capacité d’accueillir un large panel culturel. Là, peuvent être créés tous les genres de spectacles, que ce soit du théâtre, du cirque, de la musique ou de la danse.

 Labellisée Scène nationale, un statut acquis en 1992, la maison va pouvoir pleinement remplir ses missions de création, diffusion, et d’action culturelle. Olivier Atlan, premier directeur de la MCB2, cheville ouvrière du projet, peut maintenant, en bon capitaine, penser à faire avancer le bateau.

Entre retards techniques, pandémie, recours administratifs, juridiques, il aura fallu une décennie ou presque depuis les premiers coups de pelleteuses liés au projet pour enfin frapper les trois coups de la MCB 2 ! Quant à la note, elle a tout simplement triplé. Estimé, au début du programme, à 12,7 millions d’euros, pour une remise en service de l’ancien bâtiment, le chantier a finalement coûté 36 millions d’euros, pour une nouvelle structure, sur un site différent. Tous les maçons vous le diront, le neuf ça coûte toujours une blinde ! Cela dit, si ça peut aider à la candidature de Bourges capitale de la culture…

A lire aussi : Capitale européenne de la culture 2028 : Bourges tente le coup

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

  1. Inaugurée en 1963, la MCB fut la première maison de la culture voulue par André Malraux, qui y voyait “les cathédrales du XXème siècle”.
    Une cathédrale qui n’aura pas duré 60 ans, alors que tout près de là la Cathédrale Saint Etienne, construite au XIIème et XIIIème siècles est toujours debout.
    Combien d’années durera le nouvel édifice qui à n’en pas douter a dû être proclamé “durable” et conforme à toutes les normes ?
    Je ne suis pas convaincu qu’il dure des siècles…

  2. J’ai assisté au brutal massacre des arbres qui ont dû faire place à cette MCB II. Pas facile à digérer. J’ai préféré ne pas aller à l’inauguration à laquelle j’étais invité; question de cohérence.
    Pour les prochains grands travaux, il faudra que les édiles sachent ce que tout Berruyer sait: prévoir un budget et un délai “archéologie”.
    Maintenant, que va devenir la MCB “Malraux”?…

    • Le délai archéologique pour les 1eres fouilles était facile à anticiper . Contrairement à ce qu’écrit mag centre ,le site archéologique sur l’emplacement de la 1ere MCB était connu …depuis des fouilles du 19e siècle, puisque les fondations de cette MCB s’appuient sur ces vestiges . Sur le second l’affaire à été anticipée car la loi sur l’archéologie préventive appliquée.

  3. Bien, cet article sur la nouvelle maison de la culture de Bourges.
    Mais il serait bon de rendre à César ce qui appartient à César.
    La photo montrant Olivier Atlan brandissant un petit bout du ruban tricolore est de mon épouse FS (Frédérique Soulat ) et pas de CM.
    Amicalement

  4. “Inaugurée sans André mais avec Roselyne”… merci d’avoir rétabli dans votre titre l’équilibre en nommant chacun uniquement par le prenom, contre la tendance journalistique de n’appeler les femmes politiques que par leur prénom (Ex Ségolène)

Les commentaires pour cet article sont clos.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    0°C
  • vendredi
    • matin -2°C
    • après midi 2°C
Copyright © MagCentre 2012-2024