La nouvelle manifestation anti-pass orléanaise de ce samedi a moins réuni les foules qu’à l’occasion des précédentes éditions. Ce qui n’a pas influé sur la détermination des participants, mais qui a de nouveau laissé apparaître des dissensions au sein des syndicats et partis progressistes, notamment sur la participation de militants d’extrême droite qui ont pu défiler sans contrariété.
Manifestation contre le pass sanitaire du 21 août 2021 à Orléans @Mourad Guichard
Parti de la place de la République peu avant 15 heures, ce samedi 21 août, le sixième défilé des anti-pass sanitaire a réuni environ 1.500 personnes. Sans doute déçus par la baisse de fréquentation, peut être due à une période peu propice à la mobilisation, les organisateurs n’ont pas précisément avancé de chiffre pour Orléans, indiquant qu’il devait y avoir 3.500 manifestants pour l’ensemble du Loiret. Mais, à gauche, le chiffrage n’est pas au cœur des discussions.
La participation de militants d’extrême droite et royalistes
C’est la nature des slogans et la participation de militants d’extrême droite et royalistes qui, dès la fin de la manifestation, alimente les discussions. « Il aurait fallu, au moment des premières manifestations, avoir un vrai discours de gauche qui parle de l’épidémie, de l’importance de la vaccination et dénonce l’autoritarisme d’État », pointe Charlotte, travailleuse libérale dans le paramédical. « Il aurait, par exemple, fallu expliquer qu’une partie de la population subit déjà un pass au faciès, en l’occurrence les jeunes issus de l’immigration ».
Dans le cortège mené, mégaphone en mains, par l’union départementale CGT du Loiret et organisé par le collectif « Pour des jours heureux », une banderole interpelle. Celle d’un groupe souhaitant se détacher des partis et des syndicats affichant « 0% parti 0% appartenance 100% citoyens libres ». C’est derrière cette banderole que des drapeaux royalistes, aux fleurs de lys ou des manifestants affichant clairement leur appartenance à des mouvances d’extrême droite, type Action Française, ont pu trouver leur place. « On nous a critiqués pour notre pancarte et demandé de quitter le cortège », explique un jeune couple arborant des slogans ouvertement antisémites sur la base du « Mais qui? » popularisé par l’extrême droite. D’autres militants identitaires scandent, en se filmant « Montjoie Saint-Denis, à bas la Macronie ! Jeanne au secours ! », reprenant l’épisode de l’homme qui avait giflé Emmanuel Macron en juin dernier.
Manifestation contre le pass sanitaire du 21 août 2021 à Orléans @Mourad Guichard
Mais le cortège ne charrie majoritairement pas cette frange ultra droitière. En son sein, il y a Catherine, aide-soignante à la retraite. Elle a confectionné une pancarte dénonçant la corruption des élites politiques. « Ils sont tous corrompus car ils ont acheté des vaccins aux laboratoires au lieu de soigner les gens avec des traitements qui existent déjà », assure-t-elle. « On ferme des lits, on menace de licenciement des personnels qui ne veulent pas se vacciner et tout est géré par le souci de faire du fric sans privilégier la recherche de solutions alternatives », dénonce celle qui se dit proche du syndicat Sud Santé. « Je me soignerai quand je serai malade, pas avant », conclut Catherine.
Armelle et Thierry sont respectivement chimiste et technicien. Tous deux ne sont pas vaccinés et l’assument pleinement. « Je veux des raisons objectives pour me faire vacciner », expose Armelle. « Je suis privée de terrasses et de restaurants, mais on arrive toujours à trouver des établissements qui ne sont pas regardants ». A contrario, Antoine, croisé place du Martroi, fait part de sa gêne. « Je suis vacciné, mais embêté de prendre un verre en terrasse sachant que d’autres personnes dont des proches en sont privés ». Thierry, lui, ne veut pas qu’on lui impose un pass sanitaire « pour une pandémie qui frappe 0,05% de la population mondiale » en terme de mortalité, selon ses chiffres glanés sur Internet.
Le micro en mains, Pascal Sudre, responsable de l’union locale CGT d’Orléans, appelle à bloquer l’économie au niveau national, seule solution pour pouvoir faire plier « Macron en trois jours ». La prochaine manche se jouera sans doute le 4 septembre, date à laquelle la rentrée aura été entamée et où les chiffres de la mobilisation seront non pondérables, voire indiscutables. La prochaine manifestation aura lieu le samedi 28 août à 14 h 30 toujours au départ de la place de la République.
Mourad Guichard