Créé en 2015 à Château du Loir, le Musée Cafetière et compagnie est unique en Europe. Car au delà des cafetières, il réuni sur deux niveaux d’une maison à l’architecture remarquable plus de 800 pièces d’objets ménagers anciens en tôle émaillée. Une initiative privée réalisée par un couple de passionnés qui fleure bon la nostalgie et ravive nombre de souvenirs familiaux.
“La tôle émaillée à usage ménager est apparue dans les années 1870, s’est développée au début du 20e siècle à l’échelle industrielle, pour devenir le décor de la cuisine chez nos grand-mères“, explique Véronique Quellier-Guillois dans ses ouvrages intitulés “La cafetière de ma grand-mère”, tome 1 et 2. Passionnée depuis près de 40 ans par ces objets, à commencer par les cafetières, cette cadre de la fonction publique, toujours en activité, en possède aujourd’hui près de 2000, qu’elle collecte lors de déplacements ou par internet, sur des sites spécialisés. “Il est rare que l’on trouve des services complets. On les reconstitue peu à peu, souvent grâce à des coups de chance“. Cette passion l’a entraînée à franchir un autre cap que la simple édition d’ouvrages présentant ces objets. Et pourquoi ne pas en faire un musée, pour partager physiquement ce savoir ?
C’est ce qu’elle a fait en 2015, à Château du Loir, sur la commune de Montval sur Loir, dans le département de la Sarthe, à moins de 50km de Vendôme. “Nous n’ouvrons que le dimanche, sauf pendant le week-end des journées du patrimoine, en septembre, ou nous sommes aussi ouverts le samedi. En 2015, pour notre première année d’ouverture, nous avons eu un peu plus de 200 visiteurs. En 2019, cela a dépassé les mille, entre les groupes et les individuels“. Mais, depuis, la pandémie et les restrictions sanitaires sont passées par là. Le Musée a réouvert ses portes début juillet, confiant dans sa capacité d’accueil restreinte (moins de 50 personnes), mais peut-être un peu pénalisé depuis les restrictions mises en place à dater de ce 9 août.
Un patrimoine architectural et ménager
Situé à l’extérieur du quartier ancien de la commune, le musée révèle vite son double intérêt : la richesse et la variété des objets présentés avec autant de soin que de goût, tout autant que la nature du bâtiment qui les accueille. “Nous sommes dans une ancienne maison de maître, certainement un ancien octroi à l’entrée de la ville, comme semble le démontrer l’arbre généalogique des anciens propriétaires, et la datation des poutres“, explique Véronique, en précisant que “quand nous avons acquis cette maison, elle était quasiment en ruine. Nous avons travaillé avec de nombreux artisans locaux pour la restaurer“. Les documents donnés à l’entrée suivent cette logique patrimoniale : faire aimer autant le lieu que les objets qui y vivent, en les réinscrivant dans l’histoire. On apprécie ainsi dans cette demeure datant du XVIIe siècle les poutres et cloisons à colombage, les grandes cheminées en tuffeau et la charpente apparente autant que la scénographie des objets présentés, par thèmes, régulièrement aménagés ou renouvelées au fil des nouvelles acquisitions. Et, au delà des objets montrés, on en découvre une partie de l’histoire, et de leur fabrication. “Les travaux de charpente et de couverture ont reçu le label de la fondation du Patrimoine“, précise Véronique, au delà des explications données pour les 10 points de restauration intérieure mis en valeur (plaque de cheminée, tomette, menuiseries, escalier, etc).
Côté tôle émaillée, entre la cuisine et le bistrot, le grand bazar et la salle de bain, entre émailleries françaises et européennes, on y trouve toute une harmonie de couleurs, et peut-être un parfum subliminal de café, d’odeurs de cuisine, voir de savon au contact des cuvettes qui ne peuvent manquer de provoquer quelques réminiscences. Vous souvenez-vous des émails Japy, l’une des marques les plus prospères en France ? Peut-être en avez-vous quelques exemplaires dans un de vos greniers. Ou quelques collections incomplètes dans un placard ? La boutique du Musée propose aussi quelques articles à la vente, ainsi que le tome 2 de l’ouvrage, publié en 2007, si vous êtes tentés…
Véronique Quellier-Guillois, et son époux Alain, aidés de toute leur famille (ascendants et descendants) ont sans conteste eut une riche idée en créant ce musée. Ce que n’ont pas manqué de remarquer quelques médias, comme France3 ou Ouest-France . On vous invite fortement à le visiter. En ne regrettant qu’une chose: qu’il ne soit pas en région Centre-Val de Loire, même si en suivant la vallée du Loir pour quelques escapades, on se moque des limites administratives parfois surréalistes…
Jean-Luc Bouland
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