Escapade estivale…en Vallée du Loir (41)

Découvrir le Monde, et notre région. Telle est la motivation de cette escapade estivale qui nous entraîne dans la vallée du Loir. A l’ouest de Vendôme, entre plus beau village de France et cités troglodytiques, entre rives verdoyantes et châteaux dominants, le paysage est loin de manquer d’intérêt. Profitons-en, par exemple, à l’occasion du Festival international de Montoire.

Empêché d’exister en 2020 à cause de la pandémie, le festival international de Montoire sur Loir nous invite en ce mois d’août 2021 pour la 48e fois à découvrir les cultures du Monde. Six jours pour se dépayser aux rythmes tahitiens ou celtiques qui peuvent aussi nous inciter à visiter sa région immédiate. Au nord de Blois et à l’ouest de Vendôme, en suivant le Loir sur près de 50km, quitte à se rendre dans la Sarthe, on ne manquera pas de sujets d’intérêts, sans pour autant avoir toujours à sortir son pass sanitaire. Venant d’Orléans en suivant la route du Mans, plus directe que l’autoroute qui longe la Loire, la traversée de Morée et de Freteval nous aura donné un avant goût de ce qui nous attend, entre maisons troglodytes et tour en ruine, mais il faudra attendre d’être à l’ouest de Vendôme, après une éventuelle halte au Promenades photographiques, pour mesurer toute la richesse de ce patrimoine original. Evitons ensuite la rocade vendômoise, et préférons en centre ville le circuit fléché de la vallée du Loir, en improvisant un peu à la sortie de la ville.

Face à Montoire, Lavardin et son château, un des plus beaux villages de France – Photo JLB

La première halte marquante sera sans conteste la commune de Lavardin, classée parmi les 163 Plus beaux villages de France, et l’un des deux au nord de la région Centre-Val de Loire, avec Yèvre le Chatel, dans le Loiret. Venant du sud de Vendôme, par la rive gauche de la rivière, l’entrée de la ville donne le ton. Les styles et les époques se mélangent, entre maisons troglodytiques sur notre gauche et demeures gothiques et Renaissance autour de l’église St-Genest, pas très loin du Musée. Face à nous, dominant la vallée, les vestiges du château fort, qui résista à l’assaut de Richard Coeur de Lion mais pas aux troupes d’Henri IV, montrent encore les enceintes, des tours encadrant un donjon haut de vingt-six mètres. Côté vallon, le sentier, support du GR35, permet également de longer de nombreuses maisons troglodytiques dont certaines servent encore d’habitations, tandis que d’autres accueillent gîte ou ateliers d’artistes. Le coeur de village est calme et agréable, avec un petit parc au pied du château agréable pour se reposer. Et les habitants ne manquent pas d’imagination. Ce 8 août, empêchés pour cause de pandémie d’organiser leur traditionnelle brocante, ils l’ont intelligemment remplacée par… un vide-maison dans leurs cours, avec en prime une chanteuse se déplaçant d’une rue à l’autre.

Le très discret château (en ruine) de Montoire sur Loir – Photo JLB

Après avoir franchi le pont gothique qui enjambe le Loir, au pied duquel partent parfois quelques canoés, la suite de notre escapade nous conduit naturellement à Montoire sur Loire, roulant pendant 3 km sur une petite route serpente et sympathique. On arrive rapidement à la ville neuve, située sur la rive droite du Loir, qui se développa au XIV–XVe siècle autour d’un champ de foire, devenu la grande place actuelle, entouré de nombreuses maisons Renaissance ou à pans de bois, où fut implantée à la fin du XVème siècle, l’église Notre-Dame-de-la Pitié à l’emplacement de l’église actuelle. En ce mois d’août, la fête foraine s’y est installée et apporte quelques couleurs face à l’église. Sur la rive gauche, dans les quartiers plus anciens, dominés par le château, et possédant aussi leurs sites troglodytiques, on appréciera le quartier Saint-Oustrille, et le prieuré Saint-Gilles avec sa chapelle bâtie à la fin du XIème siècle qui dépendait de l’abbaye de Saint-Calais, et qui eut en 1566 le poète Pierre de Ronsard comme prieur. La gare de Montoire reste aussi célèbre pour avoir accueilli le 20 octobre 1940 le chancelier Hitler, qui y rencontra le président du Conseil Pierre Pierre Laval, et, au retour de sa rencontre avec Franco à Hendaye, le 24 octobre 1940, le maréchal Philippe Pétain. Mais, côté ville neuve, et rive de Loir, on ne manquera pas, face au chapiteau, le Musée spectacle des musiques traditionnelles, qui abrite aussi l’office de Tourisme.

Le village troglodytique de Troo, classé Petite cité de caractère depuis le 9 juillet 2021 – Photo JLB

En reprenant la route, le plus simple est de prendre la direction de l’ouest, pour une halte à Trôo, un village qui, depuis le 9 juillet de cette année, comme Sancerre, détient le label Petite cité de caractère. Trôo est l’un des villages les plus insolites de France. Son agencement, composé de terrasses étagées, de grottes, de sentiers et d’escaliers est très particulier. Il n’y a pas vraiment de rues, pas de centre, et juste des voies interdites aux touristes au départ de la route qui longe le Loir. L’interprétation la plus courante de son nom est « trou », allusion aux cavernes qui creusent la colline. Trôo en serait l’orthographe anglaise ou angevine ancienne. Ses habitations troglodytiques donnent une idée de l’habitat ancien et le réseau souterrain de caves et galeries rappelle que des périodes mouvementées de notre histoire ont amené les gens à s’y réfugier, comme dans beaucoup d’autres communes de la région, telle Montoire ou Lavardin. Sur place, on y trouvera quelques visites payantes (avec pass sanitaire) mais surtout nombre de promenades pédestres très escarpées, pour obtenir tout en haut une superbe vue sur la vallée.

Le manoir du poète Ronsard, La Possonnière (pass sanitaire obligatoire) – Photo JLB

En retraversant le Loir, pour prendre des routes moins passagères, on se dirigera ensuite vers l’ouest, pour se rendre à proximité du village de Couture sur Loir, au Manoir de la Possonnière. C’est la maison natale de celui considéré comme le prince des poètes, Pierre de Ronsard. Attention, il existe aussi une autre Possonnière en Anjou, et quelques moteurs de recherche facétieux pourraient facilement vous induire en erreur. Le nom Possonnière est un nom commun pour désigner la futaille qui servait pour mesurer le vin nouveau. Sur place, mais avec pass sanitaire obligatoire à l’entrée, les intérieurs du manoir invitent à marcher dans les pas de la famille de Pierre de Ronsard et à découvrir la personnalité de l’écrivain. Les ancêtres du poète, garde-forestiers au Moyen Âge, possédaient un fief troglodytique qui s’agrandit au fur et à mesure de l’ascension sociale de la famille. Son grand-père, échanson du Roi Louis XI, fit construire le logis principal dans les années 1480. Les anciennes pièces troglodytiques, visibles encore aujourd’hui, devinrent alors des communs et furent dès lors transformées en cuisine-boulangerie ou encore en cave à vin. Sur l’autre face, côté parking, les jardins savamment élaborés et dessinés sont restaurés depuis 2020, librement inspirés du style et du vocabulaire de la Renaissance. On y retrouve notamment une roseraie, un labyrinthe, un bosco, une chambre de verdure, une pergola et un potager.

Le Musée Cafetières et compagnies, à Château du Loir (72) unique en Europe. Photo JLB

Après cette escapade sur les rives loirechériennes du Loir, doit-on continuer ou retourner sur nos pas ? S’il reste un peu de temps, et si c’est dimanche, pourquoi ne pas suivre la route en se moquant des discrètes limites du département…et de la région ? Qu’importe les bornes fictives de l’administration. On vous conseille donc de filer jusqu’à Château du Loir, via La Chartre sur le Loir, pour aller visiter la rotonde ferroviaire, peut-être, mais surtout le Musée de la cafetière et compagnie, unique en Europe. Tenu par un couple de bénévoles passionnés qui vous dira tout aussi sur l’architecture particulière de la maison qui l’héberge, il nous entraîne dans un monde plein de nostalgie qui émaille agréablement notre périple. Et nous incite fortement à reprendre les routes bucoliques pour rentrer chez nous, plutôt que d’emprunter l’autoroute, pourtant juste à quelques kilomètres de là.

Au départ d’Orléans, en quelques heures, nous avons fait environ 300km pour cette escapade. Mais d’autres, tels le patron du guide du routard, Philippe Gloaguen, conseillent de le faire en vélo, au départ de Vendôme, “tant la Vallée du Loir foisonne de sites insolites et ravissants à découvrir”. Après tout, pourquoi pas, une autre fois. Cela ne fait qu’environ 50km, et beaucoup de douceur de vivre…

Jean-Luc Bouland

A lire aussi: https://www.magcentre.fr/215193-un-musee-de-la-cafetiere-unique-en-europe/

Commentaires

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  1. à vélo et non pas EN vélo car le cycliste n’est pas DANS son véhicule…
    Bises.
    Bonne journée.
    OR
    Richard ODE

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