Retro: La pandémie aggrave la pauvreté des femmes du Centre-Val-de-Loire

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Date initiale de publication 7 mars 2021

La crise sanitaire, loin d’améliorer les revenus des femmes creuse un peu plus les inégalités de revenus en France comme notre région. Les femmes seules et avec enfants restent les plus touchées comme le confirme une étude de l’Insee du Centre Val de Loire.

L’Insee Centre-Val-de-Loire parle de la pauvreté des femmes à l’occasion du 8 mars © DR

A l’approche de la journée internationale des droits des femmes, l’Insee du Centre-Val de Loire a présenté le 5 mars à la presse et aux acteurs de terrain sa traditionnelle étude concernant les femmes. Le thème choisi cette année est celui de la pauvreté avec des chiffres de 2018, donc d’avant la pandémie.

Sans surprise, on y apprend que les femmes restent année après année plus pauvres que les hommes avec un taux de pauvreté féminine de 15,2% (14,2% en France) contre 14,3% (13,4 % en France) chez les hommes.  Et plus particulièrement les femmes seules et avec enfants. Une situation qui s’aggrave encore quand elles ont plus de trois enfants.

Toutefois les hommes seuls sont plus exposés à la pauvreté que les femmes mais les femmes en situation de pauvreté sont plus nombreuses que les hommes (35400 chez les femmes contre 31200 chez les hommes).

67 100 familles monoparentales pauvres chez les femmes contre 14 100 chez les hommes dans le Centre Val de Loire.

C’est le chiffre le plus « parlant » de cette étude puisque la monoparentalité touche 75% de femmes. En proportion les mères sont exposées à la pauvreté à 32% contre 22% chez les pères, soit un écart important de dix points.

Comme on peut le constater dans les « fromages » ci-dessous, on constate que dans notre région, la part des femmes seules et avec enfants représentent 17% de la population mais 31% des personnes pauvres. Tandis que les hommes seuls et avec enfants ne représentent que 10% de la population régionale et 13% des personnes pauvres.

Les inégalités envers les femmes nuisent à tout le monde

Nadia Bensrhayar, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité en Région Centre-Val de Loire pointent les raisons économiques de cette pauvreté : « Des salaires inférieurs de 23% à ceux des hommes à travail égal, des postes moins importants et plus de temps partiels ». Le travail domestique « non rémunéré » reste année après année plus important pour les femmes. La pandémie a d’ailleurs un impact puisqu’elle « a augmenté la charge mentale de ce travail domestique pendant les deux confinements mais aussi en cette période de couvre-feu ». Les changements de situation personnelles comme une séparation ou le veuvage sont aussi « une circonstance aggravante avec des ressources moindres souvent constituées de prestations sociales ».

Nadia Bensrhayar, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité Centre-Val-de-Loire © SD

D’où l’importance selon elle de bien connaître le pourquoi de ces inégalités de revenus entre hommes et femmes « afin de mobiliser de façon adaptée les politiques publiques, en particulier les mesures du plan pauvreté, avec le soutien des personnes vulnérables au niveau de leurs besoins essentiels et les mesures du plan de relance avec notamment la relocalisation d’entreprises qui ouvrent des opportunités de reconversion et d’accès à l’emploi ».

Nadia Bensrhayar a aussi fortement insisté sur le fait « qu’il ne faut pas céder au fatalisme, ni au déterminisme social. C’est le volontarisme qui doit guider notre action pour améliorer les conditions de vie des personnes et des familles en situation de pauvreté. »

Enfin selon elle tout le monde gagnerait « à promouvoir l’émancipation économique des femmes est un enjeu déterminant au niveau individuel et collectif. Au niveau international, il a été évalué qu’en cas d’égalité femmes-hommes, le PIB mondial pourrait augmenter (de 3,9 % en 2025) donc cela réduirait la pauvreté de tous et de toutes mais il convient d’agir vite et de ne pas attendre que la crise soit passée ».

Liliane, 70 ans, ex-infirmière à la rue 

Liliane a 70 ans. Infirmière pendant plus de 30 ans à l’hôpital d’Orléans, elle est à présent SDF depuis 2 ans. Elle avait pourtant un logement mais étant brouillée avec toute sa famille et parce que la solitude lui pesait trop, un jour elle a tout plaqué, pris quelques affaires et depuis elle est à la rue. Elle est parfois hébergée chez des amis eux-mêmes précaires donc elle n’y reste jamais bien longtemps. Malgré des conditions de vie difficiles, Liliane Audin met un point d’honneur à rester propre et digne.

Parce qu’elle a travaillé toute sa vie, elle touche une retraite de 1200 euros, soit un tout petit peu plus que le seuil de pauvreté estimé à 1090 euros pour une personne seule. Mais il n’est pas si facile de retrouver un logement avec une somme équivalente au smic. Si elle n’a pas sombré, c’est aussi parce que le Secours catholique d’Orléans l’aide dans ses démarches pour retrouver un toit.

Tous les matins, elle va prendre le petit déjeuner dans les locaux de l’association caritative, rue des Murlins, à Orléans. Un moment d’amitié et de convivialité qu’elle ne manquerait pour rien au monde.

70% de femmes aidées par les banques alimentaires

De son côté, Monique Fantin, présidente de la banque alimentaire du Loiret a donné les résultats d’une enquête CSA de 2021 pour le réseau national des banques alimentaires qui indiquent que « ces banques  aident actuellement 2,1 millions de personnes, dont 70% sont des femmes mais aussi que 50% de ces personnes ne venaient pas il y a un an. La part des femmes de plus de 65 ans augmente mais la majorité de ces personnes ont un logement stable. »

Monique Fantin, présidente de la banque alimentaire du Loiret © SD

Pour le Loiret (agglomération orléanaise, Montargois et Giennois) la présidente a indiqué qu’en 2020 la banque avait distribué « plus de 1000 tonnes de denrées alimentaires, soit l’équivalent de 2 millions de repas. Et avec le Covid, nous nous attendons à en distribuer encore plus en 2021. »

Elle a aussi insisté sur l’importance de « l’accompagnement social des personnes par le biais des épiceries sociales et des ateliers cuisine qui permettent de concocter des repas équilibrés à moindre coût mais aussi de créer du lien social. »

Enfin les partenaires sociaux ont insisté sur la nécessité d’aller au-devant de ces publics et de ces femmes qui parfois ne savent pas à quelles aides elles ont droit ou ont tout simplement honte de faire appel à des associations et de se sentir « assistées ».

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Sophie Deschamps et Bérénice du Faÿ

 

 

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