L’école élémentaire orléanaise, Jean Zay, a réalisé un documentaire durant l’année scolaire 2020-2021, avec le concours de l’association Cent Soleils. À l’initiative d’Anne Lejust, enseignante, l’œuvre retrace la vie de celui qui fut député du Loiret, ministre de l’Education nationale et grande figure de la résistance.
Les élèves de l’école Jean Zay d’Orléans et Cent Soleils présentent les Zaycoliers, un documentaire fiction dédié à Jean Zay. Ce travail a été réalisé durant l’année scolaire 2020-2021. Photo école Jean Zay
« Un vrai film fait par des enfants ! C’est exceptionnel ! » Hélène Mouchard-Zay, fille de Jean Zay, ne tarit pas d’éloges concernant le documentaire-fiction Les Zaycoliers, réalisé par les élèves de CE1 et CM1/CM2, de l’école éponyme d’Orléans, durant l’année scolaire 2020-2021. Un projet mémoriel initié par Anne Lejust et Sophie Micheron, enseignantes, et réalisé par Félix Blondel et Mohamed Ouzine de l’association orléanaise Cent Soleils. Un travail, aussi, d’éducation aux médias et à l’information (EMI) auquel Anne Lejust tient particulièrement.
L’EMI, c’est son sacerdoce. Anne Lejust s’y consacre depuis plusieurs années et embarque ses élèves dans des projets toujours plus variés avec un seul but : développer l’esprit critique et former de futurs citoyens éclairés. Parmi ses plus belles réussites, il faut rappeler le prix EMI pour la meilleure initiative en région Centre-Val de Loire, obtenu lors des Assises internationales du journalismes en mars 2019, qui se déroulent chaque année à Tours. Président du jury, Harry Roselmack a salué le travail des élèves et de l’enseignante et les a conviés à une visite des studios de TF1 !
Outre les lauriers, ce prix était accompagné d’un chèque de 1 500 euros qu’Anne Lejust souhaitait investir dans la réalisation d’un documentaire à la mémoire de Jean Zay. « Nous sommes dans l’école où il a été élève et où sa mère a été enseignante. Nous avons donc un lien très fort avec lui et sa famille », nous confie-t-elle. Un bémol toutefois, ce projet coûte la coquette somme de 6 550 euros car « si on veut faire pro, il faut de l’argent ! ». Mais il en faut plus pour décourager Anne Lejust.
« Une très belle réalisation, un beau travail mémoriel qui débouche sur des problématiques contemporaines »,
Hélène Mouchard-Zay.
Pour visionner le documentaire, cliquer sur le lien et saisir le mot de passe JeanZay
Elle sollicite donc la ville d’Orléans qui répond généreusement à l’appel, ainsi que l’académie d’Orléans-Tours, Arca Architectures (mécénat). Enfin un goûter-concert organisé au sein dans l’école, avec la participation bénévole de l’association de danse Swing’chap et de deux groupes musicaux locaux, a permis de réunir les dernières centaines d’euros nécessaires à la concrétisation du projet.
« Une très belle réalisation, un beau travail mémoriel qui débouche sur des problématiques contemporaines », insiste Hélène Mouchard-Zay. En effet, dans ce documentaire, le dessin de presse, la caricature font partie des réflexions menées avec les élèves, tant par les enseignantes que par les réalisateurs de Cent Soleils. Dans le documentaire, des élèves s’interrogent sur la caricature antisémite de Jean Zay dont Hélène Mouchard-Zay s’émeut : « On voit que le dialogue entre eux les mène à comprendre ce qu’est une caricature, comment cela fonctionne, mieux que si on leur avait expliquer. Ils découvrent par eux-mêmes et c’est une vraie démarche pédagogique. »
Développer l’esprit critique des enfants
Plus qu’un apprentissage, c’est une priorité pour Anne Lejust : « Je débats avec mes élèves notamment sur l’assassinat de Samuel Paty. Ils étaient choqués, c’était donc l’occasion de parler des caricatures. Et dans le documentaire, on voit qu’ils ont réussi à décrypter le dessin ! Ils ont réinvesti inconsciemment ce qu’on avait étudié sur le dessin de presse. Je me suis dit : “ça y est, ils sont dans l’esprit critique !” Ils sont en CE1, c’est compliqué d’aborder l’antisémitisme mais les petits ont une telle fraîcheur ! »
Plus que jamais, les événements récents montrent la nécessité d’éduquer aux médias et à l’information. Une discipline transversale qui peine à trouver sa place dans l’enseignement académique. Un constat que partage Hélène Mouchard-Zay et qui déplore que l’EMI ne soit pas assez présente dans l’Education nationale. Elle invite aussi les médias à « réfléchir à cette question », notamment les médias télévisuels d’information continue.
Une éducation singulière menée par le Clemi (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information), qui vient d’ailleurs de remettre au ministre de l’Education nationale un rapport sur le renforcement de l’EMI et la citoyenneté numérique. Une priorité devenue une urgence à en croire le contenu du rapport.
En attendant les décisions politiques, restent les actions et les initiatives menées par des professeurs motivés, à l’instar d’Anne Lejust et Sophie Micheron qui souhaitent faire vivre Les Zaycoliers et le présenter dans les écoles et les festivals.
Elodie Cerqueira
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