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Date initiale de publication 17 février 2021
Avec la montée des eaux et le froid, la Loire a fait l’objet de toutes les attentions en ce début février 2021. L’EP Loire et les élus locaux ont gardé un œil vigilant notamment sur les digues, d’autant que l’État va cesser de les gérer dès 2024, d’où la nécessaire anticipation de cette situation intégrant notamment la formation des agents locaux concernés.
Le dhuy d’Orléans sous l’eau début février 2021© EP Loire
Pour l’Établissement public Loire (voir encadré) la fin d’année et les premiers mois de la nouvelle sont synonyme de saison des crues avec des risques d’inondations mais aussi de rupture de digues. Le bassin de la Loire est particulièrement concerné puisqu’il compte 900 km de digues tout au long de son parcours. Des ouvrages anciens, souvent mal connus et parfois peu entretenus.
Il est prévu que ceux de l’État soient transférés progressivement aux EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale). Ils le seront totalement en 2024. Ainsi, l’EP Loire accompagne les collectivités dans l’organisation de cette gestion future, en mutualisation à l’échelle de l’ensemble du bassin fluvial. De plus, il assure depuis l’été 2019 la gestion pour le compte d’EPCI de plus de 50 km de digues non domaniales en Loire aval, bientôt de plus de 20 km sur l’axe Cher. Il intervient également depuis l’été dernier sur un linéaire d’une douzaine de kilomètres dans le département d’Indre-et-Loire.
Cette gestion comprend l’entretien, l’exploitation et la surveillance, en lien avec les collectivités concernées. Elle intègre également des missions d’ingénierie. Les EPCI ont en effet la possibilité, s’ils le souhaitent, d’être accompagnés par l’EP Loire ou de lui déléguer cette gestion par le biais d’une convention. Ce qui n’est pas le cas pour les digues domaniales d’Orléans, donc appartenant à l’État et dont la gestion pourrait revenir à Orléans Métropole en 2024.
Des agents formés aux situations de crise
Cette gestion déléguée concerne à la fois la période normale (courante), celle de crise et celle de post-crise. Il faut noter que la gestion de crise fait l’objet d’une attention particulière comme l’explique Jean-Claude Eude, directeur général des services de l’EP Loire : « Dans ce contexte précis, nous identifions les façons d’agir, qui peut intervenir et comment on s’organise pour faire face. Nous mettons aussi à disposition des outils s’appuyant sur les technologies disponibles. Mais le plus important, c’est la formation des agents locaux. Et même s’il ne se passe rien pendant trois ans, on fait régulièrement des exercices sur le terrain, en fin d’année avant les périodes sensibles afin que chacun garde bien en mémoire comment réagir en cas de crise. Parce que c’est la crise qui révèle comment on se comporte. »
Des agents de surveillance des digues formés par l’EP Loire © EP Loire
Une formation qui s’adresse aussi bien aux agents des communes que des EPCI, voire des départements impliqués dans la surveillance des ouvrages et qu’ils apprécient : « A partir du moment où l’on explique très concrètement à quelqu’un à quoi sert la formation, qu’il ou elle découvre que son implication a une utilité sociale avérée et que cela vient même parfois compléter les missions qui lui sont confiées par ailleurs, on rencontre des gens de bonne volonté. »
Cas concret en Maine-et-Loire sur une digue début février
Si les agents qui s’occupent de la gestion des digues du Cher n’ont pas encore eu à basculer dans de la gestion de crise, tel n’est plus le cas pour certains de leurs collègues du Maine-et-Loire. Ils ont été confrontés la semaine dernière à plusieurs désordres sur des ouvrages, y compris un risque de rupture de digue. Grâce à la préparation des équipes (leur formation avait été assurée par l’EP Loire en novembre), à la mobilisation des élus des collectivités et à la réactivité dans la prise de décision appuyée techniquement par l’EP Loire, les modes d’organisation prévus ont été cités travaux d’urgence (travaux d’enrochement notamment) qui sont apparus nécessaires ont été effectués en temps utile, contribuant ainsi à limiter le plus possible les risques potentiels.
Travaux d’urgence d’enrochement réalisés début février sur une digue du Maine et Loire © EP Loire
Le but est aussi d’associer tous les acteurs locaux à cette gestion de crise, notamment les maires, seules personnes habilitées à déclencher un PCS (plan communal de sauvegarde). « Dans le cas cité, explique Jean-Claude Eude, dès l’instant où l’on dit que la digue risque de rompre, s’il faut évacuer la population c’est le maire qui agit, donc le fait qu’il soit partie prenante dans la gestion, c’est autant de gagné pour la compréhension de ce qui se passe. »
Des drones au service de la surveillance des ouvrages de la Loire
La technologie peut aussi s’avérer très utile dans la surveillance du bon état des ouvrages de protection contre les inondations, notamment les drones.
Des drones pour surveiller le bon état des digues en Loire © EP Loire
« Pour les barrages, explique Sylvie Asselin chargée de communication et l’une des deux télépilotes de drone à l’EP Loire, « le drone va aller explorer des endroits dangereux, voire inaccessibles par l’homme. Pour les digues, cela permet d’avoir une vue d’ensemble, d’observer comment les ouvrages de protection réagissent avec le débit de l’eau, d’identifier les érosions potentielles, les observer d’en haut, côté rive mais aussi côté fleuve. Cela évite aux agents d’avoir à emprunter des chemins fragilisés par l’eau. »
La volonté d’une gestion commune du bassin de Loire
Cette façon d’agir de l’EP Loire est basée sur une philosophie simple mais qui peut s’avérer très payante à court terme à savoir d’inciter tous les acteurs de la Loire à travailler ensemble plutôt que chacun de son côté : « L’objectif, explique Jean-Claude Eude, est de mettre en place un tissu partenarial le plus dense et le plus uni possible à l’échelle du bassin de Loire. On essaie surtout de faire en sorte que quand A fait quelque chose, ce soit le plus cohérent possible avec ce que fait B, et que A+B puissent faire plus que la simple somme de ce que chacun peut faire individuellement. Et que tout cela se fasse à moindre coût, en mutualisation de moyens et d’économies d’échelles, mais cela demande du temps et de la pédagogie. »
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Les locaux orléanais de l’Établissement public Loire, quai du Fort Alleaume à Orléans © SD
L’Établissement public d’aménagement de la Loire et de ses affluents est né le 21 novembre 1983. C’est un syndicat mixte composé de 6 régions, 16 départements et plus d’une trentaine d’intercommunalités. Ses domaines d’intervention sont multiples : la gestion des ressources en eau des ouvrages de Naussac et Villerest (soutien d’étiage et écrêtement de crues), l’évaluation et la gestion des risques d’inondations, l’aménagement et la gestion des eaux ainsi que la stimulation de la recherche, du développement et de l’innovation.
L’EP Loire emploie une cinquantaine d’agents, pour la plupart positionnés en proximité de leur territoire d’intervention et ses locaux sont situés à Orléans au 2, quai du Fort Alleaume.
Sophie Deschamps