Par Jean-Paul Briand
Les enfants ont maintenant tous quitté le foyer familial. J’en ai profité pour occuper l’une des chambres libérées où mes piles de disques s’entassent désormais. Leur tri par genre ne me satisfait plus et je décide de faire un classement par année. C’est alors que les souvenirs revinrent, avec ses petits et grands crus de la variété à réécouter…
En 1970, parut une chanson troublante, un des chefs d’œuvre de Barbara : « L’Aigle Noir ». Son interprétation interroge encore aujourd’hui. Cette année là, Jimi Hendrix et Janis Joplin décédaient et, après le départ de John Lennon, dès septembre 69, les Beatles se séparent définitivement. J’écoute de nouveaux groupes de hard rock, à la réputation sulfureuse : Led Zeppelin envoie un blues « Since I’ve Been Loving You », Deep Purple édite « In Rock » avec un morceau de 10 mn : « Child in Time ». Black Sabbath sort « Paranoid ». Pendant ce temps, mes copains dansaient avec Dalida sur une ritournelle grecque dérisoire « Darla dirladada » ou bien transpiraient sur Sex machine de James Brown.
1971 voit les disparitions de Gene Vincent, créateur de « Be-Bop-A-Lula » et pionnier du rockabilly, du trompettiste de jazz Louis Armstrong et du chanteur des Doors, Jim Morrison. Les Beatles s’essayent au solo. Paul McCartney fredonne gentiment « Another day », John Lennon me déprime avec « Imagine », Ringo Starr se ridiculise avec « It don’t come easy ». Les T.Rex rencontrent un succès de masse avec « Hot love » et « Get it on » pour disparaître quelques années plus tard avec la mort de leur leader Marc Bolan. Le thème musical « Shaft » du film américain « Les Nuits rouges de Harlem », commence sa carrière avec son envoutant riff de guitare et emporte un Grammy et un Oscar. En France, sévissent Stone et Charden avec « L’avventura » et Johnny avec « Oh, ma jolie Sarah ».
En 1972, on sautille avec Claude François sur « Il fait beau, il fait bon », mais aussi sur la musique lancinante de « Pop Corn ». Michel Delpech, après nous avoir séduit avec Laurette, nous affirme, joliment franchouillard, que « Que Marianne était jolie ». Les Pink Floyd sortent « Obscured by Clouds », leur septième album enregistré à Hérouville dans le Val-d’Oise, que j’ai prêté et que l’on ne m’a jamais rendu… Les Rolling Stone créaient leur double album « Exile on Main Street » dans lequel on peut entendre leur célèbre « Tumblin’ dice ».
Avec l’été 1973, pas possible d’oublier le bouffon « Tout nu, tout bronzé » de Carlos. Il récidivera en 1977 avec « Big bisou »… Dix ans auparavant, Hugues Aufray avait fait un tabac avec sa chanson de marine « Santiano », il remet ça en 73 avec « Hasta luego ». Les Pink Floyd éditent « Money » qui démarre sur le son d’un tiroir-caisse. Les Rolling Stones nous offrent la triste et mélancolique « Angie ».
En 1974, le groupe parodique, Au Bonheur des Dames, produit un rock réjouissant « Oh les filles ». Christophe nous offre une « Señorita » cinéphile. Daniel Guichard nous parle gravement de son père avec « Mon vieux », tandis que Claude François sautille toujours, avec ses Claudettes sur une « Chanson Populaire ». Gainsbourg fait son premier tube avec « Je suis venu te dire que je m’en vais ». Eric Clapton fait découvrir le reggae au monde avec son interprétation de « I shot the sheriff » composé un an auparavant par Bob Marley. Les Rolling Stone me décevaient avec leur album « It’s Only Rock ‘n Roll ».
1975 est une bien belle année. Led Zeppelin sort un des plus grands albums de tous les temps « Physical Graffiti ». Les Pink Floyd éditent le magnifique « Wish you were here » qui ne fut pourtant reconnu que des années plus tard. Bob Marley connaît son premier succès avec « No woman, no cry », comme Supertramp avec « Dreamer » sur la face B de leur album « Crime of the Century ». Les Kiss, avec leurs maquillages extravagants, leurs costumes sataniques et la langue démesurée du bassiste, nous brutalisent dans « Rock & roll all nite ». En France, Christophe éblouit avec « Les mots bleus », Joe Dassin fait son plus gros succès avec « L’Été indien » et Nino Ferrer murmure « Le Sud ». Cette même année, Dave s’installe au sommet des hit-parades avec « Vanina » puis « Du coté de chez Swann ».
1976 n’est pas une année à retenir. On y a dansé sur « Svalutation », interprété par Adriano Celentano, et sur « Daddy Cool ». Pour ne pas être « Bidon » comme Souchon, Eddy Mitchell conseillait « Pas de boogie woogie ». En 76, le seul bon rock à retenir, que j’écoute encore régulièrement, est « Rain » de Status Quo.
1977 fut une année très riche malgré les départs d’Elvis Presley et d’Erroll Garner, pianiste de jazz américain. Le disco flambe avec Saturday Night Fever des Bee Gees et je retrouve dans mes tiroirs étiquetés « variétés françaises » quelques perles de l’époque : Patrick Juvet, premier chanteur disco francophone, cherche étonnement « Où sont les femmes ? », Plastic Bertrand, ravi, bondit sur « Ça plane pour moi », Laurent Voulzy ravive nos souvenirs avec son « Rockollection » et Téléphone chante dans son « Hygiaphone ». En Angleterre le mouvement punk, dénonçant l’establishment, se répand avant d’atteindre la France. The Clash et Les Sex Pistols avec leur « Never Mind the Bollocks » portent cette vague contestataire. Les Pink Floyd éditent « Animals », leur dixième album. Deux chansons de cette année 77 resteront éternelles : « Hotel California » des Eagles et « We Are the Champions » par Queen.
1978 n’est pas bien fameuse. Jacques Brel et de Claude François décèdent. Malgré la vague punk et disco, Blondie nous gratifie néanmoins d’un pop-rock acceptable et les Rolling Stones n’hésitent pas à sortir leur album « Some girls » avec « Miss you ».
1979 connaît le premiers succès de Francis Cabrel avec « Je l’aime à mourir ». L’opéra rock, Starmania, écrit en partie par Michel Berger, triomphe. The Police règne avec « Roxane » et Madness avec « The Prince » mais je préfère leur déjanté « Night Boat To Cairo ». Durant l’été, le Village People nous fait danser sur « Y.M.C.A. » et Patrick Hernandez avec « Born to Be Alive ». Même si ce n’est pas vraiment rock, Dire Straits avec « Communiqué » et Supertramp avec « breakfast in america » sortent du lot. AC/DC secoue son monde avec « Highway to Hell ». Après 2 ans d’absence, Led Zeppelin essaye de s’imposer avec « In through the out door » tandis que Pink Floyd sort leur dernier grand succès avec « The Wall », pourtant j’écoute en boucle « Damn the Torpedoes » de Tom Petty et « Video killed the radio star » des Buggles.
Les années 80 seront-elles meilleures ?
A suivre…!
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