Ce jeudi 15 Juillet 2021 à 20h30 la Scène Nationale nous proposait Rivière sale un spectacle sonore dans le cadre de la reprogrammation des Soirées Performances, au théâtre d’Orléans.
Un espace scénique intimiste…
En entrant sur le Plateau Touchard, la scénographie du spectacle, nous interpelle. Deux rangées de chaises face à face avec un espace scénique au milieu. La performance pourra alors être vue avec des points de vue différents. Les deux comédiens et auteurs Elisa Monteil et Raphaël Mouterde sont déjà sur scène habillés de combinaisons vert fluo recouvrant leur corps. Ils observent le public s’installer en produisant avec leur matériel électronique des sons presque inaudibles et non identifiables. Ils vont alors commencer leur production artistique par un message préventif nous informant qu’il faut bien être majeur et renseigné pour continuer à apprécier la représentation.
L’hétérosexualité n’est pas obligatoire
Commence alors la séance évoquant la question de la sexualité de chacun d’entre nous, pas forcément évidente à assumer. Un sujet traité avec beaucoup d’intelligence d’humour et de seconds degrés. Pour introduire le spectacle s’ensuit une brève présentation de leur identité individuelle. Une musique retentit. Les deux artistes nous chantent une chanson pop de leur composition nommée O.N.A.N.I.S.M.E faisant l’apologie de cette pratique et la décrivant comme évidente et salvatrice. Ensuite viendra l’heure d’une série de questions réponses nommée “Le quizz”. Chaque question sera destinée à l’un des deux protagonistes et à un membre du public invité à s’asseoir dans le fauteuil d’interview. Chacune de ses interrogations remettra en cause l’hétérosexualité (les deux auteurs précisent lors d’une courte rencontre ne pas être dans le jugement de cette orientation). Quelques exemples “Souhaitez-vous à vos enfants d’être hétérosexuel ?”, “L’hétérosexualité n’est-elle pas quelque part avoir peur de son propre sexe ?” ou encore “Faut-il avouer son hétérosexualité?” Et pleins d’autres questionnement avec beaucoup de résonances. Leurs réponses nous indiquent alors que ce spectacle souhaite mettre en avant les différentes formes de sexualités et de les placer au même niveau qu’une hétérosexualité trop souvent représentée comme évidente depuis la nuit des temps dans notre monde.
Les fluides
La performance va ainsi jouer sur les paradoxes de la sexualité. Notamment lors d’un monologue de la comédienne où notre sexualité est décrite comme à la fois merveilleuse et anxiogène, douce et bestiale, propre et sale, montrée et cachée, dite et tue, plaisante et douloureuse et bien d’autres paradoxes soigneusement et joliment décrits. Pendant ce temps, Raphaël Mouterde va dévoiler, caché d’un papier doré, “Le corps d’argile” une sculpture à la fois érectile et béante, mettant en avant une sexualité paradoxale. Les deux artistes vont s’en servir comme d’un ami, un troisième acteur leur permettant de faire entendre leurs voix. Ce corps d’argile hermaphrodite évoque ainsi le mélange des sexualités. Ce même mélange que peuvent être les fluides érotiques provenant du corps humain que l’on peut qualifier d’à la fois naturels mais aussi d’acides voire d’impurs.
Des témoignages avortés
Après avoir enlevé leurs combinaisons et étant maintenant mis à nu devant les spectateurs, chaque acteur va nous raconter un de ses premiers émois sexuels, ceux-là même qui sont souvent inachevés, pendant que son partenaire l’accompagnera de manière métaphorique à l’aide d’une recherche google ou simplement d’un fil rouge. S’imprégnant l’un de l’autre avec beaucoup d’inventivité, leurs récits sont captivants servis par une mise en scène très esthétique faite de jeux de lumières harmonieux.
Se réapproprier de son propre corps
Pour terminer les deux auteurs et performeurs Elisa et Raphael vont, avec un ultime tableau visuel, sculpter l’argile sortant du trou béant “du corps d’argile” évoqué auparavant. Ils en feront des sculptures de chaque partie érogène du corps humain les déposant délicatement sur scène et jouant avec les formes, les déplacements, et les sons. Ils finiront enduits d’argile, les laissant apparaître à la fois identifiables et méconnaissables, avec dans nos oreilles une autre de leur composition musicale très pop “Rivière sale”. Cette fin sonne comme une réappropriation de leur propre corps.
Un spectacle novateur, intime et métaphorique qui laisse le spectateur intrigué avec plus de questions que de réponses sur sa propre sexualité (Et c’est quelque chose ! ). Rivière sale nous bouscule dans nos convictions psychologiques et corporelles et ça nous fait du bien !
Julia Botti
Rivière sale se jouera le 22 octobre à Paris à la “MPAA St Blaise” et également pour deux représentations en 2022 le 27 et 28 Janvier à Vitry sur seine au “Nouveau Gare au Théâtre”.
=> lien YouTube vers la chanson
O.N.A.N.I.S.M.E ainsi qu’une interview des auteurs :
Les futures performances proposées par la scène nationale à ne pas manquer !!!
https://www.scenenationaledorleans.fr/spectacles/coco-report-59.html?article=2227
Coco – REPORT 20/21 la Scène nationale d’Orléans Julien Desprez/ La Muse en circuit. Julien Desprez, guitariste et compositeur, figure des musiques improvisées et expérimentales, mais aussi initiateur du collectif jazz Coax, réunit à ses côtés cinq performeurs évoluant au carrefour de la danse et de la musique.
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Rouge – NOUVELLE DATE la Scène nationale d’Orléans Lauréat Jazz Migration #6. Un temps suspendu lors de la saison 2019/20, l’aventure des Samedis reprend avec une proposition qui donnera une large place aux musiques du monde, tout en restant fidèle aux esthétiques qui firent les belles heures des Samedis du jazz, en partenariat avec l’Association O’Jazz.
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https://www.scenenationaledorleans.fr/spectacles/omma-nouveau-report-59.html?article=2211
Omma – NOUVEAU REPORT 20/21 la Scène nationale d’Orléans Josef Nadj. Artiste sans frontières ni barrières, chorégraphe, danseur, mais aussi plasticien et photographe, Josef Nadj a dirigé le Centre chorégraphique national d’Orléans de 1995 à 2016 avant d’établir sa nouvelle compagnie Atelier 3+1 à Paris en 2017.