Ce Mardi 13 Juillet 2021, au sein du somptueux Musée des Beaux-Arts d’Orléans, a eu lieu une visite thématique nommée “Libertés entravés”. Il était sujet ici d’introduire, grâce au parallèle entre l’art vivant et l’art visuel, la performance du musicien Julien Desprez, “Coco” un spectacle présenté par La Scène Nationale qui se jouera ce vendredi 16 Juillet à 20h30 au théâtre d’Orléans.
Esclavage, oppressions, perte de liberté… Un sujet universel.
Pour commencer, une visite guidée très enrichissante d’une heure en plein cœur du Musée, nous a permis de découvrir ou de redécouvrir des œuvres illustrant le thème de l’esclavagisme à travers les différentes époques. Nous avons pu admirer le tableau spectaculaire de Guido Reni ”
David tenant la tête de Goliath” illustrant le rapport de force entre Goliath ce grand guerrier mythique qui fut décapité fièrement du fait de l’oppression de son peuple, par David ce berger musicien. Passant de mythes en histoires nous avons rencontré notamment le travail visuel de Gerard Sheghers et de Guy Louis Vernansal. Puis ce fut la sculpture de Jean Baptiste Pigalle, premier sculpteur à avoir créé un buste à l’effigie d’un serviteur noir, le “
nègre Paul“, apprécié par ses maîtres bourgeois, les
Desfriches d’Orléans au siècle des Lumières. Au fil de la visite nous sommes arrivés devant l’œuvre contemporaine de
Bernard Rancillac, une Figuration narrative qui nous interroge encore une fois sur le thème de la liberté humaine. Puis passant devant
” Comment planter un arbre mort et où ?” œuvre tri-artistique traitant du sujet de l’immigration, nous voilà désormais devant la célèbre peinture de Jean Hélion illustrant Mai 68.
Devant cette œuvre un espace scénique installé, Julien Desprez et son régisseur son étaient présents pour nous présenter vingt minutes de performance, extraites du spectacle Coco.
Une performance visuelle et sonore intrigante.
Le musicien guitariste et compositeur Julien Desprez entre en scène muni de sorte de sandales usées avec une semelle en bois qu’il chausse ensuite à ses pieds. Pendant ces vingt minutes l’artiste multi-talents va nous proposer ses précieuses percussions pédestres, puissament sonores en adoptant un rythme musical qui va monter crescendo. Il sera accompagné de sons électroniques très atypiques. Au début le public se questionne sur l’enjeu de cette danse musicale, répétitive et bruyante. Mais très rapidement en observant le musicien dans sa complexité, nous sommes gagnés par une sorte de transe contemplative et contagieuse. Et ce crescendo ira jusqu’au final brusque et inattendu qui va laisser place à un partage avec le public.
L’histoire d’une performance engagée.
Julien Desprez nous apprend finalement que ses claquettes se nomment en fait des Tamancos et sont réservées à une des danses originaires du Brésil “La samba di coco“. Cette danse vient traditionnellement des esclaves noirs brésiliens qui la pratiquaient lorsqu’ils ramassaient les noix de coco d’où son nom. Séjournant au Brésil l’artiste se prit d’amour pour cette activité musicale et artistique et commença à la pratiquer régulièrement. Jusqu’à se produire devant ses pairs brésiliens “avec contentement” dit il… Mais ces derniers ne lui ont pas adressé la parole, comme fâchés, pendant trois jours. Ils lui expliquèrent ensuite que cette performance n’avait rien d’artistique ou d’amusant mais relevait du divin… Car lorsque les esclaves ramassaient les noix de coco ils se servaient du bruit, de ce brouhaha environnant pour couvrir le son des voix de leur maîtres qui leur était insupportable. Ainsi cela rendait leur tâche moins pénible. Ils sabotaient… De là vient d’ailleurs également le nom des fameux sabots !!! .
“Coco”, une performance ce vendredi au Théâtre d’Orléans
Dans “Coco” à travers la performance de trois musiciens et de trois danseurs qui se confondent, Julien Desprez nous invite à découvrir ce voyage au cœur d’un peuple opprimé qui se défend souvent à l’aide d’une musique divinatoire. Tel un carnaval. A ne pas manquer !
Julia Botti