Datant des années 70, le quartier des Chaises, à Saint Jean de la Ruelle (45), continue sa mue. L’ouverture le 7 juillet d’un chantier étalé sur 4 ans, réellement commencé le 12 juillet, chiffré à 26 millions d’euros, aboutira notamment à la destruction de deux immeubles.
“C’est vrai, ils vont être détruits ? Ici, on ne nous dit rien“. En face de l’immeuble du 2 de la rue des Améthystes, à Saint-Jean de la Ruelle, le propriétaire du pavillon qui nourrit ses poules semblent surpris de l’information. Mais c’est presque normal, dit-il, “après tout, c’est vrai que je suis sur Saran, pas sur Saint Jean de la Ruelle“. L’information ne circulerait pas entre voisins, au delà des communications officielles municipales et métropolitaines ? Ou bien, n’aurait-il pas pris le temps de lire les panneaux situés à quelques dizaines de mètres ? Qu’importe. Oui, les immeubles des 2 et 4 de la rue des Emeraudes, ceux que l’on remarque le plus en venant du cimetière des Ifs, vont être détruits. Mais pas tout de suite. Le chantier entrepris par Valloire, confié aux architectes de l’Atelier Choiseul, est prévu sur 4 ans, et concerne aussi la réhabilitation des immeubles 1, 3 et 5 de la rue des Emeraudes, et celui du 51 de la rue des Agathes.
Un Premier échafaudage
La première pierre du chantier a été officiellement déposée le mercredi 7 juillet, en présence de toutes les instances officielles concernées, et les travaux les plus visibles, après ceux dans les cages d’escalier, ce lundi 12 juillet. Rien de très marquant certes, surtout quand la météo ne s’y prête pas, mais le premier échafaudage est là, et les premiers coups ont été portés à la façade du bâtiment, entièrement vide de ses précédents occupants. En tout, pour les 2 bâtiments concernés, ce sont 126 logements qui auront disparu, pour un coût de 2 881 268 euros. Les 280 des autres immeubles du quartier prévus en “résidentialisation et réhabilitations”, selon les termes officiels, le seront pour un montant total de 22 940 360 euros. Soit un financement global répartis entre fonds et privés et publics, dont l’Etat, la Région Centre-Val de Loire et Orléans métropole (1).
Tous les acteurs publics et privés réunis ce 7 juillet s’accordaient à mesurer l’ampleur du travail déjà entrepris et restant à réaliser, entre concertation avec les instances et recherches de financement, tout comme en échanges avec la population et les élus, à commencer par Christophe Chaillou, maire de la commune et président de la Métropole depuis juillet 2020. Les représentants des associations et habitants du quartier étaient aussi de la fête, de ce jour là, comme ne manqua pas de le souligner Mme la préfète, Régine Engström.
D’abord le désamiantage avant l’amélioration thermique
Parmi les travaux à réaliser sur cette période, après un désamiantage, on notera “l’amélioration thermique des bâtiments, le raccordement à la chaufferie des Groues, la réfection des façades avec reprise des loggias pour les transformer en balcons et jardin d’hiver, ascenseurs, parties communes“. Dans les logements, sont aussi prévus la mise en sécurité électrique, le remplacement des portes palières et d’une partie des équipements sanitaires. Ainsi, la réhabilitation du 51 de la rue des Agathes devrait se terminer à l’automne 2022. Et, après concertation avec les habitants, Valloire a prévu la mise à disposition gratuite de 10 logements meublés de convivialité, pour permettre à des personnes souhaitant se reposer à l’abri des nuisances du chantier, notamment s’ils travaillent de nuit, “pour quelques heures ou plusieurs jours, répartis sur les 3 collectifs. A la fin des travaux, les meubles et équipements seront distribués aux locataires sur critères à définir avec les partenaires locaux“. Une décision qui a valu aux opérateurs “le prix de l’innovation sociale d’Orléans Métropole“.
Les travaux se feront sous l’égide de Bouygues bâtiment. Antoine Thomazo, son directeur régional, soulignant la spécialité de son entreprise en matière de réhabilitation de logements en site occupé, s’est engagé à travailler avec des entreprises locales, et garantit qu’il y aurait 12.000 heures d’insertion sur ce chantier, avec trois embauches dans le quartier. De même, une personne sera présente sur place pour assurer la liaison avec les résidents à chaque étape. Pour sa part, prenant la suite de Carole Canette, vice-présidente du conseil régional (et de la métropole) en charge du logement, Christophe Chaillou a tenu à préciser que cette opération s’inscrivait dans un projet global de rénovation du quartier. Après l’ouverture de la maison médicale, dont le directeur était présent, et d’une maison France service, “plus de 60 millions d’euros seront consacrés par l’ensemble des partenaires, pour la restructuration du groupe scolaire Jean-Moulin, la création d’une passerelle avec Alleville, la requalification du centre commercial“.
En appui de cette opération, les initiateurs ont tenu à éditer un ouvrage de 150 pages pour conter la vie du quartier “pour parler du futur sans oublier le passé“. Largement distribué, signé Johann Gauthier et illustré par des photographies de Didier Depoorter, édité par les Editions du Jeu de l’oie, il est destiné à “conserver et transmettre la mémoire de ces cinq décennies d’aventure commune“. Riche d’interviews, de portraits et de photos d’aujourd’hui et d’hier, la nostalgie y transparaît, disent ses auteurs, “avec son lot de souvenirs chers, dans chaque parole des habitants, dans chaque anecdote“. On peut y découvrir aussi des illustrations de ce que le projet envisage dans le futur. Doit-on s’attendre à un second tome immortalisant les 4 années à venir, qui devraient aussi être mémorables ?
Jean-Luc Bouland
(1) : Démolition 126 logements : 2 593 141€ subvention ANRU et 288 127€ fonds Valloire. Résidentialisation et réhabilitation 280 logements : prêt action Logement, 750 400 €; Prêt BEI Crédit agricole, 11 000 000€; prêt CDC, 560 000€; subvention ANRU, 2 804 060€; subvention Région, 1 280 000€; subvention Orléans Métropole, 560 000€; fonds propres Valloire, 5 659 900€.