A Orléans, chaque année, une page intense et culturelle se tourne de manière présente et mémorielle. Il s’agit d’un geste et d’un véritable engagement. De fait, l’Association des Amis de René Thinat, personnalité qui fut maire d’Orléans de 1971 à 1978, décerne chaque année un prix d’une valeur de mille euros à un jeune artisan ou à un artiste dont « le travail met en valeur la relation entre la main et le cerveau humain qui lui donne la vie et le pouvoir de créer ». Musicien, instrumentiste mais aussi sculpteur, violoniste mais aussi designer, coiffeur, tailleur de pierre, artisan-menuisier, céramiste ont été concernés… Cette année, le Prix a été décerné Lilian Popot, élève au Conservatoire d’Orléans, artiste notamment admis en formation instrumentale en double cursus piano et percussion dans la Classe de Daniel Benzakoun pour le piano et Laurence Chave, pour la percussion. A noter que ce musicien est aussi invité à participer à la Session d’automne de l’orchestre d’Harmonie de la Région Centre et de l’Orchestre Symphonique amateur des Violons d’Ingres.
René Berthelot et l’Orchestre d’Orléans dans l’ancien Théâtre à l’Italienne, place de l’Etape. dr
Un concert du lauréat et du pianiste Andrew Zhou
Pour fêter la reconnaissance et l’événement, le dimanche 11 juillet, salle de l’Institut, un concert s’ouvrira sur une magnifique œuvre pour percussion de Iannis Xenakis « Rebond B » interprétée par le jeune Lauréat du Prix Thinat. Par ailleurs Andrew Zhou, pianiste qui a obtenu en 2012 quatre Prix au Concours International de piano d’avant-garde, interprétera la Sonate en Fa Dièse mineur d’Antoine Mariotte, œuvre qu’il enregistrera du reste prochainement. Cette interprétation est un hommage au grand musicien orléanais, qui a eu, entre autres, pour étudiants René Berthelot et Yvonne Sorlet-Thinat.
Antoine Mariotte selon René Berthelot
« Enfin Mariotte vint », tels sont les mots de René Berthelot (1903-1999), musicien, écrivain, compositeur et chef d’orchestre qui succéda à Antoine Mariotte (1875-1944) à la direction de l’Orchestre symphonique d’Orléans. Et ce directeur du conservatoire de la cité de nombreuses années de poursuivre : ” Il créa la Société des concerts de l’École nationale de musique qui deviendra en 1925 la Société des Concerts du Conservatoire. Antoine Mariotte était, comme Albert Roussel, un ancien officier de marine (et comme lui ancien élève de Vincent d’Indy) qui avait quitté l’uniforme pour se consacrer à la musique. Dès sa prise de fonctions, Antoine Mariotte reconstitua un orchestre – chose peu facile après la coupure de la Grande Guerre – et fonda la Société des Concerts de l’École nationale de Musique devenue, en 1925, Société des Concerts du Conservatoire d’Orléans. Il devait l’animer, comme président et chef d’orchestre, jusqu’en 1936, date à laquelle nous eûmes l’honneur de lui succéder dans cette double fonction. L’œuvre accomplie dans ce domaine par Mariotte est considérable, si l’on tient compte des moyens assez modestes de l’époque, et on ne lui rendra jamais trop pleinement justice pour l’efficacité de son action rénovatrice. Il n’organisa pas moins de cent cinquante-cinq concerts. »
Yvonne Sorlet-Thinat, pianiste à qui fut dédicacée la Sonate de Mariotte dr
Quelques mots prémonitoires d’Antoine Mariotte en ouverture de saison musicale 1931-1932 sont d’actualité : “Le public orléanais se doit d’encourager notre effort. Il se doit de venir en aide aux artistes, car ce sont les artistes qui pâtissent le plus rudement de la dureté des temps. Il se doit de soutenir leurs manifestations, en un mot, de maintenir ce minimum de culture artistique nécessaire à une ville qui veut demeurer digne de son passé.”
René Thinat, maire et homme de culture
René Thinat fut maire de la cité orléanaise de 1971 à 1978, années importantes où furent notamment repensés les lieux culturels tels que théâtre, musée, bibliothèques, collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, années pivots où les Centre Jeanne d’Arc et Péguy affermirent leurs lettres de noblesse, années encore qui virent, entre autres faits marquants, la naissance du premier festival Orléans-Cinéma, la mise en route du bibliobus, de la carte unique pour l’accès à l’ensemble des musées municipaux, le soutien sans faille aux Semaines Musicales Internationales d’Orléans, le projet d’un Musée des Lettres françaises , l’essor des Maisons des Jeunes et de la Culture dans les quartiers, la création du Centre d’Action Culturelle devenu Maison de la Culture avec la construction du Théâtre, etc. La fidélité aux artistes dont la céramiste Jeanne Champillou, la multiplication des échanges culturels avec les villes jumelles, la mise en valeur du patrimoine sont à mettre au crédit de cette personnalité ouverte au monde, amoureux de sa ville et proche des gens. Autant dire que chaque année, la remise de ce Prix est riche d’un beau sens. Saluant une œuvre courant d’hier à aujourd’hui.
Jean-Dominique Burtin.
Concert, dimanche 11 juillet à 14 heures, salle de l’Institut, Orléans. Entrée libre. Libre participation aux frais.