Lent d’abord, Feu ! ensuite. Belle soirée Astrolabe au Campo Santo jeudi

Temps frais mais chaleur fervente au Campo Santo jeudi soir, lors d’une soirée organisée par l’Astrolabe. Lent, un groupe du Tricollectif, a entamé le bal, et puis Feu ! Chatterton a embarqué tout le public nombreux dans ses navires poétiques et son rock élégant. Un très beau passage à la nuit.

Lent, qui a été en résidence à l’Astrolabe en mai et dont nous avions rendu compte ici, a proposé au public venu en nombre (la jauge permise pour ce lieu ouvert a été bien sûr respectée) les morceaux qu’ils viennent d’enregistrer, et quelques uns supplémentaires, puisqu’ils ne peuvent s’arréter de composer ! Le mélange assez rock du combo rythmique entrainé par un Florian Satche bourré d’énergie et de la poésie de Robin Mercier qui module ses textes fonctionne parfaitement. Guillaume Aknine à la guitare et Matthieu Metzger au saxo soprane tirent l’ensemble vers de beaux moments très jazz. Et Valentin Ceccaldi à la basse assure une ossature solide en osmose avec Florian. Comme tout ce que fait le Tricot, maintenant bien connu sur Orléans (et pas seulement !) tout est soigné, musicalement irréprochable et enrobé de l’humour et de la distance qu’ils apprécient. Super agréable !

Et puis après un arrangement de scène, Feu ! Chatterton est apparu. Et tout de suite, la sauce a prise. Personne ne peut résister à la voix d’Arthur Teboul, chanteur de charme mais en même temps gouailleur, avec un vibrato qu’il utilise à merveille et une nostalgie naturelle qui plane tout le temps pas seulement dans les mots, mais dans le timbre de sa voix. Elle a, tout comme la silhouette du personnage, une élégance naturelle, une nonchalance incroyablement séduisante. Arthur est un « vrai » chanteur avec des notes tenues, des modulations et des effets, ce que ne sont souvent pas les chanteurs de rock. Et les textes qu’il écrit prennent toutes ces couleurs quand il les chante. Pleins de poésie lyrique, parfois à la Leo Ferré, parfois plus violents, presqu’à la Noir Désir, pleins d’images souvent marines. Et il fait tanguer et chalouper le public avec maîtrise, il l’entraîne dans ses bateaux de poésie qui peuvent aussi prendre des tons amers, comme ce ferry qui vient mourir près de la lagune. Echo du monde ! Bien que venant des beaux quartiers, son côté Richard Anconina, qu’il entretient, lui permet de faire passer sa grande tendresse avec émotion.

Ses quatre amis musiciens construisent un bel écrin en rock dur, jouant la musique avec précision mais aussi leur rôle avec plaisir et humour, sautant comme les Who ou traversant la scène comme les punks anglais des années 80. Clément Doumic notamment, le compositeur du groupe, à la guitare et aux claviers, s’amuse beaucoup sur scène à coté de son ami chanteur. Il faut dire qu’ils sont tous extrêmement doués, ces cinq jeunes gens, autant en musique que par ailleurs dans leurs études. Et que le groupe qu’ils forment, totalement cohérent et mature, fonctionne à merveille.

Merci à l’Astrolabe pour cette belle soirée. Les musiques actuelles qu’ils ont à cœur de faire connaître peuvent être souvent plus difficiles, mais une soirée qui rassemble et qui ouvre à un public plus large est aussi la bienvenue. Surtout dans ce cadre du Campo Santo et de l’Eté Essentiel, comme la Mairie a appelé cette manifestation…

Bernard Cassat

Photos : J Grelet. Merci à la Métropole

Lent