Des Olivetains se préoccupent depuis longtemps de la qualité et du prix de l’eau de la commune. Le 30 juin 2021, une hydrologue est venue présenter les enjeux futurs autour de l’eau dans le monde, la France et à Olivet, dans le Loiret.
On le sait, l’eau est une ressource précieuse qu’il convient de garder et de protéger. Une trentaine de personnes se sont ainsi retrouvées le 30 juin 2021 à la salle Alliages d’Olivet (Loiret) pour s’informer et débattre autour de l’or bleu. Le thème de cette soirée publique “Notre eau face aux défis climatiques” était proposée par ICEO, Initiative Citoyenne pour l’Eau à Olivet. Une association qui fête ses dix ans. Mais l’action des Olivetains est bien plus ancienne avec l’ADHO, l’association des Habitants d’Olivet et le Gamo.(Groupe d’action municipale pour Olivet) C’est en effet ce dernier qui a permis de faire adopter en 2009 le fameux “Arrêt Olivet” . Un texte du Conseil d’État qui a permis de mettre fin au bail de 99 ans de Véolia et de faire baisser la facture de l’eau potable de 47% depuis 2015 dans la commune. Un arrêté valable bien sûr dans toutes les villes de France avec un bail de DSP réduit partout à 15 ans pour la gestion de l’eau potable. ICEO aimerait que la ville d’Olivet passe à une régie municipale de l’eau mais cette dernière n’y est pas favorable pour le moment.
L’eau n’a pas de frontières
Mais Olivet ne se contente pas de regarder le nombril de son alimentation en eau potable. La commune a bien compris que l’enjeu est mondial et local. Pour mieux comprendre comment les défis climatiques peuvent très vite menacer l’eau de notre robinet, ICEO avait invité Agnès Ducharne, directrice de recherche au CNRS à l’IPSL à Paris. Un institut qui développe l’un des deux modèles de climat en France. Cette chercheuse en hydro-climatologie a fait une présentation pédagogique de ces enjeux avec force schémas et graphiques. Mais le message qu’elle voulait faire passer lui est très simple mais fort : « Le climat change et se réchauffe. Et concernant le cycle de l’eau en France, la menace la plus importante qui est déjà visible dans les observations, c’est une tendance à la diminution des précipitations et une augmentation des sécheresses en été. Ces changements sont liés à nos modes de vie. Il est donc de notre responsabilité à tous de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Car ils sont la cause des hausse de températures, et des précipitations mais aussi de tous les autres changements qui vont s’intensifier si l’on ne fait rien ».
Et même si certains effets du dérèglement climatique sont déjà irréversibles, pas question pour autant de baisser les bras a insisté la scientifique : « Tout ce que est émis va encore chauffer pendant un certain temps. Néanmoins, nous avons encore une marge de manœuvre. Et donc les efforts que l’on va faire maintenant, les travaux des scientifiques montrent que malheureusement, ils ne joueront pas avant une vingtaine d’années minimum. Mais si on ne fait rien on ne fera qu’amplifier les problèmes que l’on connaît aujourd’hui. » Les conséquences locales sont elles visibles chaque été avec des restrictions d’usage de l’eau pour les particuliers. Notamment l’interdiction d’arroser son jardin ou de changer l’eau de sa piscine afin de préserver, explique Agnès Ducharne, « les usages prioritaires de l’eau pour la vie des humains mais aussi celle des écosystèmes aquatiques. Et puisqu’il y aura moins d’eau à l’avenir, je vois mal comment cela peut se passer autrement. Donc nous devons économiser l’eau ».
Le problème des bassines dans l’agriculture
Le débat avec la salle a lui très vite tourné autour des «bassines». Ces importantes réserves d’eau constituées par les agriculteurs en hiver par des pompages dans les nappes phréatiques pour irriguer les terres en temps de canicule. Or, pour beaucoup d’associations locales Eau Secours Orléanais 45 et Loiret-Nature Environnement ces pompages sont «une privatisation du bien commun de l’eau». Une tribune de 2019 publiée dans Reporterre va également dans ce sens en plaidant pour « une répartition équitable et solidaire de l’eau ».
L’eau paie l’eau
En fin de soirée, André Bouchoule, président d’ICEO a présenté les grandes lignes du futur SDAGE Loire-Bretagne 2023-2028). Un acronyme qui désigne le schéma directeur de l’Aménagement et Gestion de l’eau. Un document officiel soumis à discussion publique. En clair, chacun est invité à donner son avis sur l’utilisation des 600 millions d’euros annuels financés par nos factures d’eau selon le principe « l’eau paie l’eau ». Un questionnaire à remplir sur le site du SDAGE Loire-Bretagne au plus tard le 1er septembre 2021.
Sophie Deschamps
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