Même si l’absence de suspense était totale quant à la victoire de la droite et du président sortant LR Marc Gaudet dans le Loiret, les urnes ont toutefois révélé quelques surprises ce dimanche 27 juin 2021, notamment à Orléans.
L’injonction à voter n’a pas marché dans le Loiret comme ailleurs. Photo SD
Assuré de garder son siège de président, le patron du Loiret Marc Gaudet était donc plutôt décontracté ce dimanche 27 juin 2021. Du coup, il a rencontré la presse peu après 20 heures en compagnie, première surprise, d’Éric Doligé, qui a tenu les rênes du département durant 21 ans de 1994 à 2015. À 78 ans ce dernier n’a rien perdu de sa verve et n’a pas manqué bien sûr de brocarder la défaite du parti d’Emmanuel Macron en France.
De son côté Marc Gaudet a de nouveau déploré la forte abstention de ses concitoyens au second comme au premier tour. Des Loirétains qui n’ont pas été sensibles au slogan affiché sur un cube devant l’hôtel du Loiret : « Votez ! Ne laissez pas les autres décider à votre place ! » Et de s’emporter contre Adrexo, (le prestataire chargé de la distribution des professions de foi des candidats) : « C’est un scandale, de l’amateurisme, un vrai gâchis d’argent public ! », tout en reconnaissant les autres raisons de cette désaffection grandissante des isoloirs : « Nous n’avons peut-être pas assez expliqué notre travail. Les gens estiment que nous sommes une administration et ne nous voient pas comme des élus qui mènent des politiques. Pourtant comme le dit avec humour mon copain Président du Jura (Clément Pernot, NDLR), le département s’occupe des habitants, de leurs premiers cris, via les PMI, à leurs derniers râles, via les Ehpad ».
Marc Gaudet, Président du Loiret a bénéficié de la prime aux sortants, ce dimanche 27 juin 2021. Photo SD
Un président toutefois heureux de bénéficier de la prime aux sortants : « Ceux qui ont voté ont récompensé le travail accompli, celui des conseillers départementaux sur le terrain. » Parmi les solutions pour rapprocher les citoyens de leurs élus, Marc Gaudet a rappelé la proposition de réforme du conseiller territorial de 2011 qui consistait à fusionner les conseillers généraux de l’époque avec les conseillers régionaux mais finalement abandonnée : « C’est un sujet qu’il faut remettre sur la table », a-t-il estimé.
Trois cantons sur quatre ont basculé à gauche à Orléans
Dominique Tripet et Mathieu Gallois, binôme communiste élu sur le canton Orléans 3. Photo SD
Au fil de la soirée les résultats tombent et la droite récupère la plupart de ses cantons (15 en tout) en gagnant notamment ses huit duels contre le RN dans les cantons ruraux. La surprise viendra tard dans la soirée avec la bascule de trois cantons d’Orléans à gauche. C’est ainsi que vers 22h30 quelques drapeaux communistes apparaissent sur le parvis du département, annonçant la victoire sur le fil du binôme communiste Dominique Tripet-Mathieu Gallois sur le canton Orléans 3 (avec les communes d’Ormes et de Saran) contre le solide binôme sortant LR Béatrice Barruel-Alain Touchard. Un succès auquel Dominique Tripet, conseillère municipale d’opposition à Orléans qui n’a pas sa langue dans sa poche, avait du mal à croire mais qui a très vite repris ses esprits avec un dialogue succulent pris sur le vif entre elle et Marc Gaudet, venu accueillir très courtoisement le binôme dans le Hall du département :
« Vous savez, je vais vous titiller, a prévenu d’emblée l’élue féministe communiste, car j’ai plein de sujets : la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), l’Aide Sociale à l’Enfance, le RSA jeunes (grimace de Marc Gaudet) on va le défendre quand même, vous pouvez me dire non maintenant mais vous savez je suis très têtue ! (rires)
« Je suis un démocrate, j’écoute, a répondu Marc Gaudet qui a ajouté mi figue-mi raisin, avec vous, les sessions vont être plus longues, ça va durer trois jours au lieu de deux ! »(rires)
« Ah oui, avec moi on ne va pas ronronner ! »
« Ce soir, il y a des drapeaux rouges mais ce ne sera à chaque session j’espère »
« Non c’est un clin d’œil, c’est rouge ici et c’est bleu à la préfecture (allusion à la victoire de la droite NDLR) donc je préfère le rouge ici moi ! »
« Et vous chanterez l’Internationale à quelle heure ? »
«Je peux vous chanter l’Internationale mais le chant des femmes aussi, c’est d’ailleurs celui que je chante en premier ! »
Election officielle du Président le 1er juillet
A noter aussi la victoire avec seulement 8 voix d’avance du binôme écologiste Christine Tellier (ex-directrice de l’APLEAT)-Hugues Raimbourg sur le canton Orléans 2 face au binôme LR Nathalie Kerrien-Jean-Paul Imbault. Ce dernier a t-il payé son mensonge sur son prétendu titre de Meilleur Ouvrier de France ? Difficile à dire mais ce n’est pas impossible. Citons aussi l’élection surprise assez large sur le canton Orléans 4 du binôme socialiste Karine Harribey-Baptiste Chapuis contre le poids lourd LR Florence Carré-Olivier Geffroy.
La gauche remporte en tout six cantons (Orléans 2, 3 et 4), Fleury-les-Aubrais, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Saint-Jean-de-Braye. Pas assez bien sûr pour renverser la table jeudi matin dès 9H30 à l’hôtel du département pour l’élection du Président et de la commission permanente.
Sophie Deschamps