Comme lors du premier tour de ces élections régionales, le rez-de-chaussée du Conseil régional était ouvert aux visiteurs et à la presse. L’occasion pour les passionnés de politique de vivre de l’intérieur cette soirée électorale, où se côtoient militants, journalistes ainsi qu’hommes et femmes politiques, heureux comme déçus.
L’ambiance est montée petit à petit. Le rez-de-chaussée du Conseil régional, basé à Orléans (Loiret) à côté de la cathédrale, a été le théâtre de la soirée électorale pour les journalistes, militants et les hommes politiques, dont bien évidemment les quatre candidats qualifiés pour ce second tour des élections régionales dans la région Centre-Val de Loire. Avant 20 heures, l’heure est encore à l’arrivée des journalistes et la préparation des différents studios comme celui de France 3 Centre-Val de Loire ou France Bleu, délocalisés pour l’occasion dans l’enceinte du bâtiment de quatre étages. Les duplex des journalistes télé et radio s’enchaînent tandis que ceux de presse écrite préparent leurs papiers. Sous les lumières tamisées de l’Hôtel de région, quatre télévisions diffusent sans le son TF1, France 2, France Info et France 3 Centre-Val de Loire.
Puis apparaît sur les écrans le traditionnel compte-à-rebours annonçant l’imminence des résultats. Le silence se fait, les yeux se rivent sur les images. Le tour de France des premiers résultats commence alors et la région Centre-Val de Loire se fait désirer. Puis, enfin, les premières estimations tombent : François Bonneau (PS), le président sortant est en tête avec 36% des suffrages, devançant Nicolas Forissier (LR) et Aleksandar Nikolic (RN) qui totalisent chacun 22% des voix, tandis que Marc Fesneau (majorité présidentielle) dépasse péniblement les 16%.
Une arrivée triomphale du maître des lieux
Les sourires apparaissent derrière les masques chez les membres de l’équipe de campagne de François Bonneau. Déjà en tête au premier tour sans avoir encore fusionné avec la liste Un nouveau souffle menée par l’écologiste Charles Fournier, ce n’est pas tant la victoire qui surprend, mais l’écart effectué avec ses concurrents. Une quarantaine de minutes plus tard, le président désormais réélu sera accueilli en héros, sous les acclamations des militants présents, au moment de faire son discours sur l’estrade. De longues minutes d’applaudissements clôtureront sa prise de parole, rejoint alors par son allié et ancien vice-président Charles Fournier.
François Bonneau et Charles Fournier cl EC
Juste avant l’arrivée de François Bonneau, il déclarait après un mot sur l’abstention : « Il faut nous dépasser, pas simplement associer les idées mais aller bien au-delà. Ce qui est important, c’est que nous formons une équipe avec François Bonneau. Une équipe déterminée à être à la hauteur des problèmes que nous avons aujourd’hui. Nous, ce que nous demanderons, ce sera justement de ne pas faire comme d’habitude, nous devons aller plus loin. Les 100 premiers jours seront extrêmement importants pour ne pas montrer juste le prolongement de l’action, mais d’aller plus fort et engager plus profondément les transformations qui s’imposent. »
Trois battus, une même déception
Leur euphorie contraste avec la déception de leurs adversaires, largement battus et relégués à près de 16 points, bien loin de ses 38,7%. Le deuxième est aussi le dernier candidat à s’être présenté au Conseil régional peu avant 22 heures : Nicolas Forissier (22,7%). A la tête d’un rassemblement de la droite et du centre et fier de sa dynamique entre le premier et le second tour, Nicolas Forissier voulait s’afficher « comme le meilleur rempart face aux extrêmes, de droite comme de gauche ». « Je suis à la tête d’un groupe qui sera actif, promet-il d’ores et déjà, qui se battra, qui va faire valoir ses valeurs et sera constructif. Constructif mais très vigilant sur la façon dont les choses vont se passer. Je suis extrêmement inquiet de la manière dont François Bonneau va devoir gérer des alliances totalement improbables. Ce qui m’intéresse, c’est faire avancer les choses. On est d’abord là pour faire avancer nos territoires. »
Nicolas Forissier cl EC
Même son de cloche du côté d’Aleksandar Nikolic (22,3%, Rassemblement National), devancé de très peu par le membre des Républicains, qui comme la semaine dernière, a préféré commenter l’abstention plutôt que son faible score, en retrait de plus de 8 points par rapport à ce qu’avait réalisé Philippe Loiseau au FN à l’époque. « C’est inquiétant pour notre démocratie de voir qu’il n’y a que la présidentielle et les européennes qui suscitent l’intérêt, soupire-t-il. C’est bien dommage. Aujourd’hui, je suis déçu pour tous ceux qui cherchent un emploi, ceux qui vivent l’insécurité au quotidien, ceux qui n’arrivent pas à trouver de médecins parce qu’on avait le meilleur programme pour régler ces maux là. C’est à eux que je pense, moi ça ne va pas changer ma vie. Je vais peut-être avoir plus de temps pour être en famille mais je pense surtout à ceux qui souffrent vraiment et leurs maux ne seront pas réglés ce soir. Evidemment, je vais siéger et on sera vigilant face à ces alliances avec l’extrême gauche que les principes républicains seront respectés dans cet hémicycle. »
Aleksandar NiKolic cl EC
Enfin, le ministre chargé des relations avec le Parlement Marc Fesneau, quant à lui, arrive bon dernier avec à peine plus de 16% des bulletins. Il réalise quasiment le même score qu’au premier tour et apparaissait clairement le moins déçu des trois battus de la soirée. « C’est la reconduction du score du premier tour, indique-t-il. Je resterai celui qui a fait le meilleur score pour la majorité présidentielle. Cela n’est pas une satisfaction, mais ce que nous portons a été reconnu par les électeurs même si évidemment c’est une déception, puisque ce n’est pas ce que nous espérions. Il faut saluer la victoire de François Bonneau. On peut noter qu’au niveau national, tous les présidents sortants ont été reconduits dans leurs fonctions, même si la participation doit tous nous interroger. J’ai toujours dit que j’allais siéger. Quand on est tête de liste, quand on prend cet engagement, on prend la responsabilité de tout, y compris de la défaite, mais aussi de défendre les idées qui ont été les nôtres. Je serais heureux de continuer la bataille des idées au sein de l’assemblée régionale. » Rendez-vous désormais vendredi 2 juillet au Conseil régional pour l’élection officielle de François Bonneau pour un nouveau mandat.
Delphine Toujas